samedi 10 février 2018

Des lumières, pour comprendre certaines réalités occultes qui nous laissent bien souvent dans la confusion. Mbuta NDUENGA vient ainsi dissiper les ténèbres et nous entraîner au large ! ( Zaba, ngatu wa bakula).




Les Sundis sont une des composantes du peuple Koôngo qui, aujourd’hui occupe l’Angola, le Congo-Kinshasa, le Congo-Brazzaville et le Gabon.

         Etymologiquement parlant le nom Sundi dérive du verbe sunda, sundama, sundika, sundumuka lequel verbe qui, en dépit de ses variantes, tend à décrire la condition de l’être qui, d’une manière ou d’une autre, cherche à affermir son existence, son univers ou son environnement.

En effet groupe de renom dans l’histoire du royaume Koôngo, les Sundis seront réputés pour leur audace, leur courage leur habileté et leur passion pour les métiers d’ordre industriel comme le travail des métaux, en l’occurrence l’exploitation du fer et ce, à l’effet d’aboutir constamment à l’amélioration des conditions de leur existence.

         De par leur tempérament les Sundis vont jouer un rôle pratiquement de premier plan dans la construction du royaume Koôngo. Dans son ouvrage publié en 1591 « Description du Royaume de Congo et les contrées environnantes », Pigafetta rapporte que la province de Sundi :

« …est la plus proche de la capitale du Congo, nommée San Salvador. Elle tient le premier rang et est en quelque sorte le domaine patrimonial de tout le royaume de Congo. Aussi est-elle toujours gouvernée par le fils premier né du roi et par les princes à qui est destinée la succession du royaume, comme cela se fit au temps du premier roi chrétien…De nombreux seigneurs relèvent du gouverneur de Sundi. Les habitants commercent avec les régions voisines, vendant et troquant du sel, des étoffes de diverses couleurs, importées des Indes et du Portugal, des coquillages qui servent de monnaie. En échange, ils reçoivent des étoffes de palme, de l’ivoire, des peaux faites de feuilles de palmier, qui sont fort estimés dans ces régions. »
Pigafetta (F.), Lopez (D.), 1591, « Description du Royaume de Congo et des contrées environnantes. » Traduite de l’italien et annotée par Willy Bal Louvain 1963. P.66.

         Dans le même ordre d’idées, Pigafetta relève qu’on trouve à Mbanza Sundi :

« diverses espèces de métaux et c’est surtout le fer qui est beaucoup recherché par les habitants de cette province parce qu’il est utilisé dans la fabrication de divers outils nécessaires et utiles à l’Homme. » Pigafetta in « Description du Royaume de Congo » Op.cit Ibidem.

         C’est chez les Sundis que l’on rassemblera le plus grand nombre de forgerons dans le Congo ancien et qui, par leur savoir-faire contribueront au renforcement de la puissance de la royauté.

         Dans le Congo ancien, le forgeron est un illustre personnage et comme le rapporte Georges Balandieur maître du fer, du feu et de l’eau, créateur des armes et des outils, le forgeron est :

« détenteur d’un pouvoir qui l’assimile aux chefs ( et il peut être l’un des leurs), ainsi qu’aux prêtres et aux magiciens (ce qu’évoque son titre de nganga lufu). Il est soumis à de nombreux interdits ; il dispose de « protecteurs » spirituels particuliers ; il peut éloigner les menaces insidieuses comme les armes résultant de son industrie éloignent l’ennemi. Sa magie, nécessaire à tous et en premier lieu aux gardiens du pouvoir politique, est bénéfique. »

         Le terme courant qui le désigne est, observe à juste titre Georges BALANDIER, issu de ngangu qui comporte des acceptions multiples : intelligence, don, adresse ; et tous deux semblent avoir la même racine que le nom nganga appliqué au prêtre et au magicien, qui signifie étymologiquement : celui qui a la capacité de faire. »
G. Balandier in « La vie quotidienne au royaume de Kongo du XVIième au XVIIIième siècle », Hachette 1965, P.100.

         Dans l’ancien Congo, Mbanza Sundi, le pays des Sundis est l’espérance du pouvoir royal, la voie de la relève, celle qui, en toutes circonstances, doit effectivement répondre sans défaillance aux attentes successorales du pouvoir royal dans le but d’assurer son endurance, sa stabilité, sa bonté et sa noblesse.

         A dire vrai Mbanza Sundi apparaît dans la philosophie de Mbanza Koôngo qui consiste en un développement perpétuel de l’être, comme étant le principe même de l’immortalité, de la continuité de « l’Etat royal ». C’est comme si la stabilité de Koôngo dia Ntootela dépend, entre autres, d’une bonne gouvernance de Mbanza Sundi qui, somme toute, apparaît comme le principe même de la loi vitale, de sa raison d’être et de son épanouissement.
Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU in « Le Muntuïsme base de la philosophie du Royaume Koôngo », Editions Ices 2013, P.68.

         C’est dire que le développement des deux Congo, de l’Angola, du Gabon voire de toute l’Afrique centrale passera inexorablement par la foi ou l’espérance en une vie meilleure et qui ne pourrait être si l’être ou le Muuntu ne manifeste guère son endurance, sa force d’esprit dans toutes ses entreprises quelles qu’elles soient.


C’est ce qu’on appelle dans le Congo ancien sunda, sundika, sundumuka ou sundama, ce qui veut dire, en réalité donner le meilleur de soi dans une entreprise de transformation pour être mieux ou meilleur demain qu’aujourd’hui.




TAATA NDUENGA