jeudi 31 mai 2018

Notre perception de l'Espérance !

L'Espérance a un corps visible, lorsque l'empathie et la philanthropie se matérialisent, par l'aboutissement des projets qui animent l'espoir et font renaître des vies brisées, reconstruire des liens détruits et cicatriser les blessures intérieures.
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jeudi 24 mai 2018

Mbuta muntu ni nani wo ?

Mbuta ni wo we na mbuntu zi hana mbutu, bungu ti mbuta we na misamu mie na mbu; bu ka mana wa Ta wele nongena, mu bungu ti buyelele bue nandi, mpila mosi ti, bu ka Ta mio mie nandi, mbutu kua mi lenda hana. Mbuta buta ka butaka, bionso biena mu yandi mbutu bi sa, mbutu bi hana. Mbangululu buyelele bua ba kuluntu.
    Thauko.Com, kimuntu kua !

mercredi 23 mai 2018

Petite pensée Kuieiste sur l'Etre et L'Avoir

En entretenant respectueusement notre environnement, nous entretenos soigneusement notre équilibre de vie, car vivre c'est d'abord Etre avant d'Avoir. Ainsi l'Avoir ne saurait supplanter l'Etre qui anime la quintessence de la Vie. On a parce qu'on est !
           THAUKO.COM Un Monde-Juste-Humain !

lundi 21 mai 2018

Le souci de la transmission chez Taata Nduenga, une constante qui élève "Bô BENAZO MBANZULU" !





DE QUELQUES PRINCIPES DE GOUVERNANCE D’APRES LE MUNTUÏSME


Dans de nombreuses publications, le Muntuïsme a été défini comme un ensemble de principes de vie qui concourent au respect et à l’intégrité de l’être ou du Muuntu dans tous les aspects de son existence. C’est aussi un courant de pensée qui est dominant auprès des populations de l’aire Bantoue.

A dire vrai, le Muntuïsme est la manifestation de Ntu chez l’être, c’est-à-dire de l’intelligible qui, au final, doit contribuer au bonheur ou du moins à une vie raisonnablement paisible et heureuse du Muuntu.

Le Muuntuïsme est, à la fois, science et religion du Muuntu, au sens où il lui permet de comprendre et de saisir les lois, de façon expérimentale du milieu dans lequel, il évolue. Il croit aussi en l’existence d’un Dieu créateur Nzambi Mpungu, l’être suprême, le Dieu du savoir Zaaba, et de libération (saala, sâ-mbila : sâ-mbila, saala).

Ainsi, dans cet univers de principes auxquels s’attache le Muuntu, le chef dispose d’un certain nombre de prérogatives pour assurer la paix et le développement de la famille qui passent par une observance des lois et préceptes des anciens et donc une vigilance sans faille des principes qui concourent au maintien de l’intégrité socio-humaine.


Les principes auxquels doit s’attacher un chef tournent autour, peut-on-dire de l’évocation de certains termes qui ont une même racine qui se traduit par la lettre K et le vocable de Nda lequel mot, en langue Koôngo, exprime toute notion de mouvement, d’action ou de force agissante.

 Il s’agit de :

1.     Kaânda : c’est le cercle parental et familial de l’être ou du Muuntu au sein duquel, il naît, grandi, évolue et, apprend, entre autres, les liens qui le rattachent tant au monde des vivants que celui des morts.

2.     Kînda : dont l’extension donne le mot kîndisa qui exprime toute notion de courage, de vaillance, de force ou de vigueur.

3.     Kênda : lequel tend à exprimer toute notion de marche ou d’impulsion pour montrer la voie, le chemin qu’il convient d’emprunter pour aller à tel endroit ou tel autre…

4.     Kônda : qui exprime toute notion de défense ou d’interdiction dans le respect des lois qui régissent le Nzâ ou l’univers.

5.     Kûnda : lequel verbe tend à exprimer toute notion d’adoration et de méditation qui, par voie de conséquence, place le Muuntu dans une attitude d’examen et d’analyse des principes qui le gouvernent et du milieu dans lequel, il évolue. Il accède ainsi dans l’univers du kû-ndu, la science du savoir et du bien-être.

Partant de la définition de ces mots, le chef ou M’pfumu voire le M’pfumu Mpu, le chef à couvre tête, le représentant de l’autorité au sein de la communauté ou Kaânda est celui qui doit remplir les conditions que voici :

a.      Il doit être sociable. De par cette qualité, on lui reconnaît le sens de la famille qu’il porte en lui et la force dont il dispose pour veiller à sa cohésion, son harmonie et son épanouissement. Il est, somme toute, solidaire de sa communauté.

b.     Il doit, comme le relève le vénéré pasteur Emile cardinal Biayenda, avoir des aptitudes et la poigne d’un chef, plein d’équité, impartial, ayant le sens de la justice, ferme dans ses décisions, apprécié et jugé comme tel par le clan, les alliés et tous les voisins.

c.      Il doit être un visionnaire. C’est à ce titre qu’un M’pfumu dispose, comme le relève à juste titre taata Biayenda, du pouvoir de déplacer par exemple un village, lorsque des circonstances difficiles le recommandent, comme les épidémies de toutes sortes s’abattant sur tout le village. C’est aussi, en cette qualité qu’il est non seulement un conciliateur avéré au sein de sa communauté mais également un fin juge dans le règlement de conflits ou différends qui sont susceptibles d’entraver l’unité de son groupe. Il est le justicier suprême de sa communauté.

d.     Il doit être un défenseur du clan en veillant sur les principes et lois dont la violation est de nature à entraîner de pires calamités pour son groupe.

e.      Il doit être un habile représentant de l’autorité qui, à ce titre a la lourde charge d’assurer la prospérité de sa communauté, d’en assurer pleinement la cohésion.

En somme, l’exercice de l’autorité, chez les Bantous, en l’occurrence chez les Koôngo, n’est point une question de volonté mais plutôt et surtout l’expression d’un ensemble d’aptitudes que l’on a pour certaines d’entre elles et d’autres que l’on acquiert, à la suite d’une initiation sociale, plus précisément dans le cadre d’un processus dit d’éducation, de formation et de socialisation de l’être ou du Muuntu.

Il s’agit là, de la philosophie même du Muntuïsme politique qui intègre, en son sein, une vision « sacro-sainte » du pouvoir et de l’exercice de l’autorité.

Tsiangu, Ntu buzitu, Mpu buzitu, c’est ainsi que, le respect et le rayonnement de la couronne dépendent intimement de la personnalité et de la sagesse de l’être qui en est investi.

C’est dire, comme en Koôngo, Ki-mpfumu kele mambu ya nene ya bantu kele na ndwenga, le pouvoir est une grave affaire qui est notamment celle des gens qui jouissent d’un certain nombre d’aptitudes nées de la sagesse et de l’intelligence.

Tels sont les aspects de l’autorité et de ses prérogatives, chez les Bantous, sur lesquels j’invite, entre autres, tous les Congolais et particulièrement les héritiers de Koôngo-dia-Ntootela du Congo-Brazzaville, à réfléchir et que son notamment les :

Sundis, Laris, Koôngo, ngângalas, Beembés, Minkenges, Doondos, Kaambas, Kunyis, Lumbus, Vilis etc, en raison de leur proximité de l’idéel Koôngo de Kimuntu.

TAATA NDUENGA

lundi 14 mai 2018

Hommages à Nzongo Soul, par le docteur Denis Samba-dia Malumba- Mpombo (We na makutu ka wa !)

             Nzongo…Soul Mbote, bonjour, Tata Nzongo-Soul ! Le village est triste. Une très chère de nos étincelles s’est éteinte. Nzongo-Soul ou la maison de la panthère(1) . Lorsqu’au terme de son chemin, on se sera longtemps calé, voire totalement collé à son totem, au point de s’y identifier, alors bien chez nous, on dit : « Mwana Ngo Putulu, lugonia = Quel bonheur ! » Par le biais de notre rituel d’Adieu Kongo du « Kivuandu, dizi », nous sommes, quasi d’instinct venus ici, (tu sidi nanguka, telama) tel un seul homme, nous asseoir près de toi : te parler - converser avec toi… t’accompagner, toi qui présentement auras consommé ou vidé de l’intérieur la dernière goutte de ta vie humaine. Tu vois : « Tu sidi natuka, Tuizidi !» nous sommes tous venus ! Nous voici à présent autour de toi ! C’est à jamais le moment, à notre tour, comme jadis ou hier encore (mazono kwa) tu le fis toi-même(2) , de te dire Au-revoir, "yenda", Au revoir, "yenda kia mbote" : drôle de dernier salut imbibé de larmes, l’esprit lourd de tristesse ! Pourtant, à peine hier (zono) – destin à force d’âge encore bien vigoureux "ni kilikiti", te voilà pris, arraché, branche verte ou promesse coupée nette ; bien à notre regret « Wele wa n’kundzu » ! A l’appel, volontiers tu es bien parti. Aussi, pour nous, tu es allé vivant, pas mort mais simplement tu t’es transformé et devenu invisible(3) telle une chrysalide (kimpati) en réalité chenille mutant en papillon. Si pour toi qui voyages, ta pirogue cap sur la mythique rivière-frontière séparant les eaux de la vie de celles de la mort ; tu pars, fier, le pas pressé (na mawasu), le cœur léger (ntima kani ngongo), vers les "bitsinda", ce village-lumière des ancêtres (gâta dia ba nkulu, ba nkàaka diena ntsamina ni pululu, ni fuobombo). Mais pour nous qui restons, face au vide et fort plongés voire enlisés dans la douleur et la tristesse car la mort, toujours arrachement, coupure, trou, nous parait toujours désagréable voire scandaleuse. En ton temps, tu fus un curieux gourmand du savoir caché, intrépide et insatiable fouineur, homme de terrain, des rares lieux, où l’on n’a peu ou jamais été. Et, à ton retour, les bras chargés de collectes et de résultats, à la manière d’une panthère-mère revenant de chasse pour les siens, tu te révélais un noble fils addict des liens humains « wa ba na zola », un infatigable rassembleur « na zola, luwu lwa mvukisa, zonzeka 1 : Panthère : « Ngo », animal totem Kongo. Les chefs Kongo en portent habit, chapeau, peau sur eux, également arborent à leurs pieds la peau de panthère. Mieux, ils se couvrent de « mvunga dia Ngo » couverture tachetée de rouge et noir vifs. 2 : cf. sa chanson écrite lors du décès de Papa Wemba. 3 : vie – mort : « Nitu kwa yi fwa, ka lundji’a ko » = « Seul meurt le corps, pas l’esprit », croit le Mukongo. 2 niakisa bantu » ; bref non seulement un (ré-)enchanteur des mondes anciens, perdus, mais également un rêveur-debout du monde d’aujourd’hui et de demain (mia lumbu ki, na mikwiza mbazi). De tout cela, Nzongo Soul l’aura été ! Je ne doute pas un instant, bien que très ému, ni n’ai de cesse de me surprendre en train d’évoquer(4) , faire revivre Nzongo Soul, de puiser dans nos encore chauds souvenirs, ceux-là mêmes palpitants, croustillants et marquants, vécus de concert avec lui. Comment, hormis son œuvre de qualité, tirer mon Nzongo Soul, du trou de l’oubli ? Quelques lignes en guise de traces ici suffisent-elles ? Comment enfin, à travers mes multiples souvenirs de lui, en faire une figure unie et rassemblée ? Disons autrement les choses. Aujourd’hui, dans ce pur travail certes de reconstruction, je cherche encore. J’essaie surtout de tenter de saisir et comprendre, voire dégager ce « kima », ce je-ne-sais-quoi d’attachant, d’individualisant chez lui, et qui faisait que – congolais parmi les congolais, mukongo parmi les siens, artiste musicien parmi les artistes ; bref pur africain et simple humain parmi ceux-ci – Nzongo Soul, d’entre eux tous, fut un Nzongo Soul, c’est-à-dire un être unique, particulier, singulier (« wù, telamane, batele : ni tata Nzongo Soul ! ») Lors du récent décès de Papa Wemba, Nzongo Soul lui-même, en guise d’adieu à son immense et hors-norme aîné (nkulutu, yaya), lui dédia une chanson. Celle-ci encore à l’état d’ébauche, le prétexte, là, s’y prêta pour m’inviter à sa généreuse table. Après un copieux repas et conversation tenante, il prît sa guitare, en gratta quelques cordes, l’accorda et s’exécuta aussitôt. Puis, les yeux humides, il revient vers moi et me demanda, à moi qui étais non musicien, humblement mon avis. Partager sa musique avec des personnes aimées, tel reste le rêve de tout musicien ! « Yenda eh … eh ….Yenda eh Eh Yenda eh… eh yenda eh ! » (5) Pour moi, le rayonnant génie de Nzongo Soul éclate puis s’étale explicitement ici. Il me replonge instantanément et directement dans mon enfance au village ; jaillissement d’un univers mien onirique, ludo-magique, de surcroît quasi mythique et, ma foi, de toute part balayé par de l’imaginaire merveilleux voire féérique. Avançons et touchons du doigt les choses. Rappelons et dressons la scène. 4 : Evoquer : me remémorer de lui, de son sourire, de son regard, d’un geste, de son intonation de voix. Ex. son appel (mbila) sur scène des Hommes et Femmes : « Babakal’eh ! Bakento’ eh ! » 5 : « Vas, oui… oui…. Vas-y, oui Vas-y, oui … oui, vas-y, oui ! » 3 Voici deux enfants fortement liés par une amitié de longue date : « kindiku kia bola. Ba tomo zolosono, niba sakana kwau ba bole », véritables indécrottables camarades de jeux, mais qui sont de deux villages différents, malheureusement tantôt séparés de rivière(s), forêt(s) et tantôt parfois de cimetières(6) . Ils se donnent alors, fréquemment à tour de rôle, rendez-vous, dans l’un de ces villages. Ils s’y installent et se mettent enfin à s’amuser (sakana). Ils se livrent à leurs habituels jeux favoris (mooka, tsaka, bitsamu, bimpa, ngualo, etc) ; bref ils s’enivrent de longues, succulentes et bien tardives causeries (bimoko), jusqu’à parfois la nuit tombante, oubliant le temps… Au lourd et tendu moment de séparation, instant angoissant, pénible et cruel où l’un viendrait réciproquement à manquer à l’autre, celui qui reste, gardien du village, à défaut de reconduire son ami (ndiku) à domicile, question de l’accompagner du regard et de la voix(7) , dit ou plutôt chante à cet autre qui s’en va, s’éloigne : « Eh Eh Eh yenda eeeh » (8) Et l’interpelé, celui qui, progressivement sur le chemin, s’éloigne, lui renvoie à son tour le propos suivant : « Eh Eh Eh sala eeeh » (9) Tandis que les deux enfants, devant la coupure, l’inconnu, en train de se dessiner et l’affrontant, s’intiment mutuellement mouvement et courage, avouons qu’ici s’opère en deçà de la question de la perte ou l’éloignement de l’autre, un réel travail de détachementattachement. En tout cas, aussi futiles et anecdotiques que paraissent ces activités ludiques infantiles, elles révèlent toutes quelque chose de bien plus profond. Pour preuve, Nzongo Soul y a puisé son inspiration, s’en est nourri ; bref, de là, il s’en est allé plus loin, y ajoutant tout simplement, à notre avis, une charge symbolique. Il a (re)découvert ainsi sa tradition, et quoi d’étonnant alors qu’il y a fortement tracé et creusé son sillon. 6 : cimetière : lieu de rencontre entre vivants et morts, suscitant des peurs infantiles. 7 : Apparaissant et disparaissant jusqu’à ce que l’écho de la voix (mulolo), et la silhouette de la personne (kintsinsia) s’anéantissent d’eux-mêmes (kota.. duka, nkàla mupepe na tee, buwu zibakana). 8 : « Oui, oui, oui, vas-y, vas-y au loin. Prends bien soin de toi. » 9 : « Oui, oui, oui, reste. Fais bien attention à toi. » 4 Une figure s’efface et – paradoxalement à partir de ce trou, cassure faite de manque et de trace(10) ; bref de vide dynamique – une autre émerge, étrange image revitalisée. Mieux, la tradition africaine reconnaît à l’évidence la naissance d’un enfant comme un ancêtre qui revient. De ce fait, ma rencontre « bwabanu’ani » avec Nzongo Soul fut à la fois simple et des plus extraordinaires. Au départ, deux personnes là, et bientôt plusieurs, à chaque fois se rencontrent, circulent, échangent, fécondent et s’auto-fécondent. Il y a du gain et du lien. L’un se nourrit de l’autre. Tôt, cette relation devait vite s’avérer – après de multiples et mutuels défrichages de terrain, semis et germination (autofécondation) – finalement porteuse de fruits. Pensant rencontrer un frère, je me suis trouvé un ami, un "Faustin ma ndiku". En fait, bien au-delà également d’un musicien-artiste, d’un « kikolo kia mbazi, kissiki kia ngoma na tsambi », je suis tombé réellement sur un vrai philosophe MuKongo à l’accoutrement éclectique, négligemment entretenu, tignasse aux tresses rasta, apparemment rebelle à tout passage de peigne ; bref, le visage ridé voire raviné sous le poids de ses nombreuses interrogations ; mais l’esprit toujours vif, avec en main quelques outils et une ferme détermination de ne jamais lâcher chemin et d’aboutir(11) . En tout cas, dans notre « bwabanu », parmi les mille et une merveilles, je ne sais ce qui nous liait tant ainsi ! Cette chose, propriété-même des Ancêtres, n’était, à la vérité, pas production nous appartenant, ni à lui, ni à moi, simples passeurs que nous étions. « Kà bia me ko, kà bia nge ko, bia ba nga ! » aimait-il répéter. Et d’ajouter aussi : « Kia me, kia me, kia nga, kia me ko ! ». Cela en réalité relève de notre Culte des Ancêtres « Kikulu Kieto ». La transmission, le relai ici d’évidence s’imposent. On comprend aisément et d’emblée que notre commun terrain d’entente et de recherche fut notre kikulu à travers la langue ou zu-dinga. Nous tenions là désormais ce lienvoie(x)(12) , fascinante ficelle (singa) reliant deux bouts : vivant/mort, mortel/immortel, visible/invisible. En effet, lorsque les civilisations s’écroulent et disparaissent, ce que les sages (Mbuta = vieux) emportent de plus précieux avec eux, bien loin du matériel, de l’argent et de tout autre objet, c’est la langue et précisément ils enfouissent (zika) ce bien dans la profondicité de celle-ci, mu moyo zu. A nous, êtres vivants parlants, d’aller auprès de l’ancêtre la déterrer (zula), afin d’en égrener (songona) les mots, la direction, le sens. En effet, seuls les morts, l’ancêtre détiennent, soutiennent la langue, en ont le secret. Maintenant, faisons une large place au grand musicien-artiste philosophe, Nzongo Soul. A l’instar de ses cafés musico-philosophiques qu’il aimait souvent animer, d’autres chantiers ainsi en activité ou à peine ouverts, sont restés sans lui en état. A nous de les ouvrir de nouveau, les prolonger ! Lui, en véritable criquet-indicateur ("Mutsongui songela nzila"), a, 10 : Pensons, si ce n’est au souvenir, à cette représentation "creux/présence" ; du moins à la chaussure de Cendrillon cherchant son pied et finalement son prince. Bizarres épousailles ! 11 : S’asseoir et être porté par sa tradition et la transmission. 12 : Zu : la langue, se dit aussi « dinga = cherche-moi », mais tu ne me trouveras pas. Ici, s’ouvre, même en dépit de sa mise en défi, une voie, un chemin (« nzila »). 5 pour sa part, déjà débroussaillé une partie du terrain. Il a su dégager et distinguer trois sortes de Paroles : - La Parole parlée, discutée ou « zonza », celle-là même, sous l’arbre à palabres(13) de la place du village, qui« zonze ou zonzika » assemble, met en tas ; bref rassemble ce qui paraît épars, morcelé, parcellaire, émietté. - La Parole dite chantée ou « tanga », elle, en même temps lecture du monde, en est également son enchantement, émerveillement sur fond pédagogique. Cette parole, par le biais des nkunga (chants), prélève et met en exergue les traits et caractères de l’imaginaire collectif pour en camper ou dresser un portrait. Ainsi, l’on grossira certains traits des personnages qu’on chantera sur la place publique14 . Cette parole peut être finalement aussi adresse, appel, prière à l’ancêtre, au Nzambi’a Mpungu (Dieu). - La Parole dite dansée ou « kina », elle survient souvent après un lourd conflit et débat bref à l’issue d’un laborieux commun accord, selon la règle (Làa, nibuna). Il s’agit ici de toucher, désormais harmonie régnante par la musique, le corps de l’ancêtre pour lui rendre son culte et l’amuser ; en quelque sorte, lui faire gligli, ce paisible sentiment d’après démangeaison (miaka). Pressons le pas, il se fait tard. Avançons avec Nzongo Soul et allons plus loin. Jetons enfin une dernière fine fleur à Nzongo Soul. De sa forge, est sortie en effet son plus beau bijou : le Wala(15) . Ce concept se veut, dans son esprit, un pur concentré de sa philosophie. Le Wala convoque plusieurs univers. Mais avant, désossons étymologiquement ce mot. "Wa" signifie Ecoute ; "La" fait appel à la règle, la voie(x). Ce qui revient à dire : Ecoutes 13 : Il s’agit et c’est vital de parler, de se parler. Les gens et même les pays qui ne se parlent pas entrent en conflit et se font la guerre. 14 : Exemples de chansons : a - « Ehé Dio, na wa mona mwana mpelo ? Ehé Dio, mwana mpelo wa na mweni ku Brusseaux… » Traduction : « D’aucuns défient et cherchent à rencontrer un enfant de prêtre, curé ! – Quant à moi, j’atteste, je témoigne, je l’ai vu de mes propres yeux à Brusseaux (Ngoma biyelo) » (Ba Mpelo ba kuela ka ko. Boka ba ma mères ba tsie ?) b - « Ma Lukula wa labidi nkombo (bis) Eh nkombo ma Lukul.. (bis) » Légende et traduction : « Pour accueillir son gendre, Madame Lukula aurait volé un cabri. Et l’assistance de répondre en cœur, Oui, ce cabri de madame Lukula, stigmatisant ainsi le vol, l’objet du vol, surtout de la part d’une femme. » c - « Ehé Dio, meno bene ni bo ni bwana. Yirika ! (bis) » Traduction : « Moi-même je serai ainsi. Fais-le bien. (S’agissant d’un décès ou d’un sort réservé à tous, au commun des mortels.) » 15 : Wala mvula (pluie) : Rituel, lors d’une veillée funèbre ou d’un grand évènement, qui empêche, endigue, chasse la pluie. Wala Bwa : Rituel qui consiste, le chien s’écartant du flair ou de la piste du gibier, à le faire revenir sur le droit chemin. On rappelle, fait revenir le chien perdu après un coup de feu, qui signifie ratage du gibier lors de la chasse en criant : « Massu, massu, massu ! » 6 et Comprends la règle de la voix, de la parole : le "Bukieleka (16) ", la Vérité qui est Mpemba (blanc, lumière) et son opposé le "Bungungu(17) ", le Mensonge qui est, lui, Kala (charbon noir, fausseté = luvunu, mapia, poya, niamba) ; d’où le Ta kala ou Ta Mpemba(18) . Sache distinguer en toute circonstance le vrai du faux. Alors chante-le et proclame-le : « E wala eh eh mam’ee » ( cf. sa chanson "Wala"). A l’inverse, avec le "bungungu", c’est plutôt l’interdit (mulongo, kikandu) : « ku nsàandibo = Ne fais, n’agis pas ainsi ! » (cf. sa chanson "Ku nsàandibo"). En revanche, bien audelà de l’écoute (WA), et si tu arrives à réaliser, concrétiser (SA) et traduire finalement en acte (yidika) ton écoute ou ce que tu auras écouté, survient alors le WASA, c’est-à-dire le guérir. Par ailleurs, Nzongo Soul, ne manquait pas dans sa gibecière, son nkutu, une noix de kolas (kazu), objet initiateur certes d’échange, mais également censé procurer de l’énergie. Lorsque manque cette énergie, le Mukongo alors jure et dit : « M’Lembo putu, wa zuka na zuka ! ». Par son doigt qu’il n’a de cesse d’agiter, le Mukongo se morfond dans ses ratages, ses insuccès répétés. Il y a comme là combinés, faute de kazu (kani-zu), regrets et nonmaîtrise. Celui qui ne se voit plus en capacité de l’obtenir, c’est-à-dire le pauvre (putu), punit paradoxalement son doigt au lieu de s’auto-punir, par ses incessants multiples « si », conditionnels de pure intention, parole irréalisable sans acte. Le Kazu, manquant, creuse un trou. Et comme tout trou, l’important demeure sa bordure (ndeko), ce qui en relève et fait encore tenir (ni kokoto) les choses : « Lauki ka badamana benga, kola ka simbidi » (19) , autre horizon ! Le lien avec nos Ancêtres, racines plus qu’essentielles et vitales (midza mieto), s’annonce Exigence et Urgence. Don d’énergie et manifestation de la parole, lien avec l’Ancêtre, le kazu, objet rituel tant recherché et si apprécié des vieux (binunu20) et des hommes mûrs, s’invite toujours également dans tout rituel, cérémonie ou grand évènement d’importance. Son absence, si elle ne relève d’immaturité, peut signifier dénuement, pauvreté, avec le zuka m’lembo du putu. En tout cas, avec le yenda et le sala’eh, chacun paradoxalement, tout en se séparant de l’autre, garde en soi un peu de lui. Le partant pourtant s’en va, disparait. Il voit, sous la menace de l’éloignement, s’évider, s’anéantir son corps et sa voix dans sa marche progressive vers l’Ancêtre, le kulu, le kikulu. 16 : loi sacrée Kongo qui ouvre sur le permis (tsamina ni pululu, ni pukudi), la lumière. Il ouvre sur le "kimuntu", qu’il renforce. 17 : bungungu (mensonge) quant à lui appelle hors humanité, animalité, passage du "kimuntu" au "kibulu", fausseté (busafu), l’interdit (mulongo) ; bref autant de coupure avec le bukieleka, cette règle de Droit. 18 : Ta Mpemba, Ta kala : Expression très large qui oblige à (se) dire, (se) donner ou avoir raison ou tort, à être dans le vrai ou le faux. 19 : Autre horizon : Si un fou accroupi défèque devant un trou, c’est qu’il tient une solide souche. 20 : Binunu : (bi) pluriel de (ki)nunu = vieux. Nuna, v. vieillir, vient de "nuni", être volant ayant maîtrisé l’espace et l’air, tel le vieux prêt à s’envoler. 7 Désormais, lors de ce retour (Kaala21), arrivé là-bas, il a devoir de manifester et toucher le vrai Zuka, c’est-à-dire le fondement-même de toute énergie (ningu nza), y compris celle de la parole, la voix. C’est vrai, Nzongo Soul est vivant ! Il vient toujours nous parler et nous dire : « Buyelele (courage) ! Yeela bo yela22 ». Nous voyons comment du simple jeu d’enfants se révèle une vérité immuable contenue dans la tradition et que Nzongo Soul a magnifiée en chanson. Cette vérité, à notre sens, est aussi bien rite d’alliance/séparation que rite funéraire. Depuis toujours (tuka muna tuka), le yenda et le sala, lient deux parties, qui se donnent mission et obligation. Tant pour celui qui s’en va que pour celui qui reste, de sa place qu’il occupe désormais, il y a des choses à faire pour que les choses se remettent à circuler. Grâce à Nzongo Soul, nous pouvons à présent un peu mieux lire notre tradition. Dr Denis SAMBA dia Maloumba Mpombo 21 : kaala : suivre le mouvement vers la source de l’énergie, le "ka". 22 : « Courage ! Essaie afin de grandir. ». Propos qui s’adresse à celui qui reste, gardien du village pour "yela" après moult apprentissages "Mayela". C’est en forgeant qu’on devient forgeron.

vendredi 11 mai 2018

Petite pensée Kueiste

 Ils ont des yeux, mais ils n'ont point Dieu !

samedi 5 mai 2018

Connaitre, savoir apprécier et faire connaitre le travail de ceux qui œuvrent pour le bien commun.


SENS ET TRADITION DANS "LA MEDECINE KOÔNGO" DU PERE ADOLPHE TSIAKAKA

            Le père Adolphe TSIAKAKA est auteur de nombreux ouvrages sur les KOÔNGO qui lui confèrent incontestablement la qualité d'un éminent Koôngologue.
            Durant l'année 2008, l'abbé TSIAKAKA a eu à publier d'immenses et remarquables travaux portant sur la " MEDECINE KOÔNGO". Un ouvrage de 312 pages de portée considérable publié aux Editions Du Signe.

            De par son contenu, l'ouvrage du père TSIAKAKA est sans doute l'un des meilleurs regards  méticuleusement analytiques qu'on ait eu à porter sur la médecine traditionnelle KOÔNGO.

            Mais pourquoi un tel ouvrage ?

            Le père TSIAKAKA nous en donne d'emblée les raisons de son édification. Ainsi au tout début de son propos, il clarifie l'intérêt que suscite l'élaboration d'un tel ouvrage.

            A ce propos, l'auteur relève avec beaucoup de modestie que si on parle de médecine chinoise, indienne, tibétaine, etc...pourquoi ne parlerait-on pas de médecine africaine?  La médécine KOÔNGO est liée à l'ensemble des représentations de l'homme, à son mode de vie, à son organisation relative à la maladie en même temps qu'à ses causes, etc. Tous ces éléments entrent, observe-t-il, dans la charpente de cette médecine qui est une manière de répondre à un problème, celui de la vie d'une communauté. ( Abbé Adolphe TSIAKAKA in " La Médecine Koôngo" 2008 Editions Du Signe P.18.)

            Ainsi, les motivations de l'abbé dans l'élaboration de ce travail est de comprendre l'Homme KOÔNGO dans son environnement le plus ambiant et au-delà l'Homme Africain dans sa conception originelle de la vie qui, par conséquent a une incidence sur son mode de fonctionnement social ou communautaire.

            C'est l'aspiration peut-on dire à une vie d'ordre, de tranquillité et de paix que le Koôngologue abbé TSIAKAKA exprime avec justesse tout au long de son propos.

            Avec cette approche la médécine chez les KOÔNGO, comme chez les autres peuples d'Afrique repose, note avec perspicacité le père TSIAKAKA, sur une conception de l'homme, de ses rapports avec les autres, avec l'univers et les ancêtres. Tout se tient dans cette médecine, le monde humain et le monde des ancêtres, le profane et le religieux. Pour les KOÔNGO, ces " différentes sphères se mêlent et s'enchevêtrent, s'enveloppent et se prolongent, comme dans ces forêts les arbres et les lianes, l'ombre et la lumière, le silence et le bruit. Elle est, conclut-il, une " partie intégrante de la culture, des représentations, des systèmes de valeurs qui fondent l'existence et lui donnent un sens ( Abbé TSIAKAKA in " Médecine Koôngo P.12.).

            Sans pour autant avoir un quelconque mépris sur la médécine moderne ou dite scientifique, le Koôngoloque abbé TSIAKAKA nous fait plonger dans l'univers de la TRADITION. Cette TRADITION qui peut être une source d'enrichissement pour le renouvellement de l'être à propos de son équilibre tant physique que spirituel. Pour ce faire, l'auteur relève avant tout que:

            " Dans sa portée étymlogique, tradition dérive du latin traditio, acte de transmettre, et vient du verbe tradere, faire passer à un autre, livrer, remettre. En léguant ce qu'elle sait, une communauté se "recrée" elle-même et "fait être de nouveau" ce qu'elle a été comme ce qu'elle veut être. Elle intervient dans le façonnage du présent, elle contribue à la réalisation " des nouvelles combinatoires" et culturelles." (Abbé TSIAKAKA P.20)

            Dans le même ordre d'idées le Koôngologue abbé TSIAKAKA relève que " La tradition traduit donc une vitalité créatrice. Elle est le lieu où les données sociales, religieuses, culturelles, politiques et économiques du passé s'innovent dans le présent, et le présent dans le futur. (Abbé TSIAKAKA ibidem).

            En nous faisant plonger dans l'univers de la tradition KOÔNGO, l'abbé TSIAKAKA apporte  par ailleurs, une lueur sur ce qu'il convient d'entendre par le mot NGAANGA. Les détenteurs du savoir thérapeutique, dans la société Koôngo, sont, écrit-il, désignés par le terme générique de ngàanga. Ce terme peut être rapproché du verbe gàanga, ajuster, arranger. De ce verbe ressort l'idée, dans le contexte de la médécine Koongo, d'une personne qui participe à l'amélioration d'un état.( Abbé TSIAKAKA P.132).

            Mais à l'effet d'éviter une quelconque confusion sur le terme ngàanga, le père TSIAKAKA précise toutefois qu'il recouvre une multiplicité de réalités et désigne plusieurs types de praticiens aux spécialités très diverses, comme on parlerait, en général, de médecins, alors que chaque médecin, excepté les généralistes, a un nom particulier liè à sa spécialité.

            Dans la société Koôngo, il y a, ajoute le père TSIAKAKA, une diversité de thérapeutes. Chacun est désigné par le terme générique, ngàanga, auquel on juxtapose le nom de la maladie qu'il soigne ou son savoir-faire. Ce complément au nom du thérapeute marque la spécialité de la personne. Ainsi, les premiers de tous sont les thérapeutes spécialistes du diagnostic, ngàanga-ngombo et le ngàanga-mpiatu, puis viennent tous les thérapeutes spécialistes des diverses maladies Abbé TSIAKAKA P.135).

            Ceci dit, la définition du NGAANGA comme étant un féticheur détenteur à ce titre d'un pouvoir magique (c'est-à-dire des fétiches)  est inexacte par rapport à celle qu'en donne le père TSIAKAKA.

            Ainsi en partant de l'étude remarquable du père TSIAKAKA, le NGAANGA apparaît justement comme un fin connaisseur des vertus des plantes ou des végétaux voire de la nature qu'il met à la disposition des hommes pour leur bien être tant physique que spirituel.     

            Bel ouvrage tant dans la documentation que dans la connaissance de cette médecine KOÔNGO qu'il convient de lire. Il est un rappel de cette médecine qu'on ne saurait ignorer compte tenu de ses bienfaits dans la lutte de certaines maladies.

            Cependant, le père TSIAKAKA reste un Koôngologue particulièrement réservé qui n'entend guère faire de la médecine KOÔNGO une vérité absolue. Bien au contraire, son propos  demeure raisonnablement constructif. La médecine KOÔNGO ne saurait, écrit-il, remplacer la médecine moderne. Sans contester les nombreux avantages de la médecine moderne (examens de laboratoire, des rayons X, etc.) et des rapports thérapeutiques ayant fait leurs preuves (antibiotiques, vaccins, chimiothérapies, chirurgie, sulfamides, antimalariques, etc.) la médecine KOÔNGO, en réponse au problème de l'humanisation de la médecine moderne, est toutefois d'après l'éminent Koôngologue une source d'innovation thérapeutique moderne.


Rudy MBEMBA-Dya-Bô-BENAZO-MBANZULU ( TATA N'DWENGA)
Avocat à la Cour
Koôngologue

mercredi 2 mai 2018

Des principes Kueistes

"Ne vis pas pour que ta présence se remarque, mais que ton absence se ressente" (dixit BOB Marley). La grande Ecole de la vie est l'humilité (de l'humus, humanis d'où vient l'humain et tous les êtres).Ses classes sont souvent vides, car les mortels préfèrent la visibilité à l'enfouissement. La fécondité exaltante vient de l'effacement, comme dans l'oeuvre de la sève. Le Kueiste préférera l’efficacité dans l'effacement, comme François d'Assise qui clamait: "Faire le bien et disparaître"!
                                        THAUKO.COM  Un Monde-Juste Humain