vendredi 8 novembre 2019

Du pouvoir et de l'exercice du "Ki MFUMU" selon taata Nduenga


L'AUTORITE CHEZ LES KOÔNGO

DES MOTS ET DE LA CONSCIENCE SOCIALE EN MATIERE D'AUTORITE OU DE COMMANDEMENT CHEZ LES KOÔNGO


            D'un point de vue définitionnel, l'autorité est le pouvoir de commander, de prendre des décisions, ou de se faire obéir. C'est aussi, le fait d'exercer un pouvoir, étant entendu que, celui-ci est  l'ensemble des prérogatives qui permettent aux hommes et femmes appartenant à un groupe humain donné d'agir, de décider, d'une manière ou d'une autre, et ce, en accord avec les recommandations sociales communément admises par le groupe.

            Dans la société Koôngo, c'est le mot ki-mfumu qui renferme toutes les prérogatives afférentes à la notion d'autorité. C'est à ce titre que, le détenteur de toute autorité au sein de cette communauté Koôngo est appelé Mfumu.

            Lorsqu'il s'agit d'un détenteur de l'autorité dont la fonction est celle de diriger le village, on l'appelle communément Mfumu n'gâta, ou Mfumu nsi c'est-à-dire, le chef du village.

            A dire vrai, le mot Mfumu dérive du nom d'un arbre que les Koôngo désignent par le terme mu-fuma. Il s'agit d'un fromager lequel est, selon les croyances spirituelles bantoues et particulièrement Koôngo, un arbre sacré. Arbre géant et fascinant par sa taille, le mu-fuma ou le fromager africain, se reconnaît par sa taille de 40 mètres voire de 60 mètres. Il est particulièrement reconnu par ses énormes épines qui parent son tronc.

            Cela dit, un fort mysticisme entoure le mu-fuma ou fromager qui en fait un arbre respecté et protégé.

            En Afrique et particulièrement chez les Koôngo, le mu-fuma ou fromager est considéré comme un arbre sacré tout comme le baobab ou mu-koôndo en occupant notamment un rôle central dans beaucoup de contes où il aide le personnage principal, en se posant comme intermédiaire entre le monde sacré des humains et le monde des défunts. C'est l'arbre qui abrite, dit-on les esprits des ancêtres.

            De plus, le mu-fuma est un arbre médicinal qui, à ce titre comporte des propriétés anti-inflammatoires et hypoglycémiantes. Par exemple, la décoction de son écorce est utilisée pour traiter les coliques abdominales et le décocté des feuilles est utilisé contre les aptes, la gingivite, les diarrhées, les troubles intestinaux, les maux de ventre.

            Par ailleurs, le mu-fuma ou fromager est, aux Antilles, lié à l'histoire de l'esclavage où, il a servi , de par sa solidité, aux esclaves désireux d'échapper aux conditions de vie inhumaines, du fait donc de l'esclavage, de se pendre.


C'est ainsi que les esclaves étaient, dit-on persuadés que s'ils se pendaient aux branches de mu-fuma ou de ce fromager leur âme parviendrait à voyager au-dessus des mers et de retrouver celles de leurs ancêtres.

            Cela dit, chez les Koôngo, et ce, analogiquement parlant, l'arbre de mu-fuma, est en étroite relation avec le devenir existentiel de l'être ou du Muuntu. Autrement dit, comme le rapporte, à juste titre le père Van Wing, pour le Muntu, « Nzambi Mpungu uyidika beto minti dimoya », c'est-à-dire Nzambi Mpungu, l'Être suprême, le créateur de tout l'univers, le maître souverain nous a façonnés, arbres vivants. [ Van Wing in « Etudes Bakongo sociologie, religion et magie » 2ième édition 1959 P.298.]

            C'est dans cet ordre des choses que, le chef plus précisément le chef du village est assimilé chez les Koôngo, à l'arbre de mu-fuma ou fromager qui est, par excellence l'arbre symbolique du principe même de l'autorité.

            D'où l'étymologie du nom qui lui est attribué, celui de Mfumu ( qui n'est autre qu'un condensé du mot mu-fuma) par référence à l'arbre de mu-fuma lequel arbre est, entre autres, beaucoup apprécié par l'aigle pour établir son nid. En effet, l'aigle a un goût assez prononcé pour construire son nid d'un mètre cinquante sur des mi-fuma ou fromagers (ou bombax) à une hauteur de 30 à 50 mètres. C'est là où, il pond ses œufs en les couvant pratiquement pendant près de deux mois. Il peut voler sur de longues distances en s'écartant de son nid, mais il finit toujours par y revenir.

            D'où le proverbe Koôngo selon lequel :

« Mbemba ka zungana tululu tsiandi mu-fuma », c'est-à-dire, l'aigle peut quitter son univers résidentiel qui est établi sur les branches de mu-fuma en allant très loin, cependant il finit toujours par y retourner.

            Ce qui, sur le plan analogique, signifie qu'un ressortissant Koôngo peut sortir de son territoire en voyageant, à travers le monde, ici et là, n'empêche qu'il ne doit jamais oublier le Koôngo de ses ancêtres, la mère-patrie.


            Cela sous-entend que, l'exercice de l'autorité par le chef requiert, pour qu'il devienne effectif ou raisonnablement social et humain, la force, la justesse, la sagesse, l'habileté et le bon sens.

            Il s'agit là, peut-on dire, des qualités que lui reconnaissent ses sujets et en vertu desquels, ils se sentent en sécurité, à l'instar de Mbemba ou l'aigle qui n'hésite guère à retourner sur son nid construit sur des branches de mu-fuma tant pour sa sécurité que pour celle de ses petits que sont, les aiglons.

            C'est dans cette optique que, le représentant de l'autorité, chez les Koôngo est, en quelque sorte, un mu-fuma, c'est-à-dire, cet arbre robuste dont les racines sont solidement et durablement enfouies sous terre. Il est, somme toute,  un mfumu, en raison des prérogatives qu'il détient et en vertu desquelles, il est, le référentiel, le pilier social sur lequel repose les espoirs de tout un peuple, le justicier, le protecteur, le gardien de l'ordre social de son village.

            Le chef est, chez les Koôngo, un mu-fuma, c'est-à-dire un Mfumu parce qu'il jouit, comme le rappelle si bien le vénéré Emile cardinal Biayenda « d'une très haute autorité morale, politique et social. Il inspire crainte et confiance aux yeux des membres du clan et des alliés. Il est le symbole vivant du clan et de son unité. Il est celui qui est le dépositaire des insignes, biens familiaux et claniques laissés par les ancêtres : souvenirs, fétiches, etc... C'est l'intercesseur et le défenseur selon le cas du clan devant les vivants et les défunts. Il veille sur l'intégrité de la propriété clanique. » [ Abbé Emile Biayenda in « Coutumes et développement chez les Bakongo du Congo-Brazzaville » 1ière partie Thèse Institut catholique de Lyon 1968 P.37.

            Aussi, compte tenu de son importance, de sa gravité et donc de sa grandeur l'exercice  du pouvoir ou de l'autorité ou ki-mfumu n'a jamais été, chez les Koôngo, une affaire d'un individu même d'un clan dans un village abritant plusieurs familles claniques.

            De toute façon, tout prétendant au trône, dans l'ancien Koôngo, doit impérativement, peut-on dire, remplir les caractéristiques que voici : il doit être,

1.               un Ntootela, du verbe toota, ce qui veut dire ramasser, récolter etc. Il est, en quelque sorte, un ramasseur des terres, c'est-à-dire un partisan du dialogue qui, inexorablement passe par l'unité des clans ou villages et donc de l'union de plusieurs terres.

2.               Un Mu-fuma, autrement dit un mfumu, en ce qu'il doit être un puissant et un géant personnage, à l'instar de l'arbre robuste de mu-fuma, de par sa bonté, sa finesse d'esprit, son intelligence et sa sagesse dans l'art de gouverner le royaume.

3.               Un Mani, c'est-à-dire, un protecteur, un gardien avéré des biens de la communauté. Il est le possesseur des biens, à l'échelle royale pour un usage d'intérêt général ou d'utilité publique. Mâni étant ici un adjectif possessif ( ma n'gâta mâni, ce qui relève du domaine possessif de la royauté).


En définitive, le pouvoir royal était institutionnellement parlant exercé par :

- une caste dirigeante composée du Ntootela ( autrement appelé  Mani-koôngo, Mfumu nsi ou Mfumu n'toto) et de ses plus proches collaborateurs parmi lesquels figurent quelques gouverneurs de province.

- un Conseil d'Etat qui joue un rôle capital dans le choix du nouveau roi au moment des successions, dispose, entre autres, du  pouvoir d'exécution des ordonnances royales ou du Mfumu nsi. [ Actualité et Inactualité des « Etudes Bakongo » du père J. Van Wing. Actes du Colloque de MAYIDI du 10 au 12 avril 1980. P.74.]

- un Corps administratif lequel corps était constitué des gouverneurs de province, des fonctionnaires de la cour, des prêtres chargés du culte des ancêtres et des chefs de villages (Les Nkuluntu).


En somme, le Mukoôngo est démocratiquement très exigeant quant à l'exercice de ki-mfumu ou de l'autorité, car il a été, longtemps durant, marqué par la gravité et la probité qu'exigent la gestion des biens collectifs, l'esprit de justice et du respect des lois. Jadis, voire même aujourd'hui, un Mfumu ou le représentant de l'autorité politique ( le mot chef étant ici un terme inapproprié pour désigner le détenteur du pouvoir politique chez les Koôngo) est ou doit être à ses yeux, un médiateur plus que gendarme, un arbitre plus que juge, un guide éclairé plus que législateur.


             TAATA NDUENGA
                                            

lundi 24 juin 2019

" Luzabu salu luena !" Heureux, bienheureux est celui qui conduit ses amis à la source de la connaissance ! Taata NDUENGA, matoondo !



TAATA NDOUNDOU : PASTEUR DE L’EGLISE PROTESTANTE, EVANGELIQUE ET NGUNZA AU REGARD DE LA TRADITION KOONGO (1er MAI 1911/6 JANVIER 1986)

          Taata NDOUNDOU est certainement le pasteur le plus charismatique que l’église protestante et évangélique ait connu depuis sa fondation au Congo-Brazzaville.

          Daniel NDOUNDOU est né le 1er mai 1911 dans le village de Kindamba qui est situé dans le district de Mfouati dans le département de la Bouenza au Congo-Brazzaville. Ce village de Kindamba se trouve tout près de la frontière du Congo-Kinhasa à cinq kilomètres de Kingoyi (Ne pas confondre avec la ville de Kindamba située plus au nord dans la région du Pool).

Daniel NDOUNDOU est fils de taa Nsemi Mboko et de maa Bouanga Boua Mboukou.

          L’enfant NDOUNDOU porte un nom à signification. Un nom exprime, comme le rapporte le père Van Wing, la nature individuelle de l’être. Le nom n’est pas une simple étiquette, c’est la réalité même de l’individu. [ Van Wing in « Etudes Bakongo sociologie, religion et magie » Deuxième édition 1959 P.72.

          On appelle ndoundou [ albinos], écrit Georges Balandier, ceux qui, étant nés d’un père noir, ne laissent pas d’être fort blancs, avec les cheveux blonds et crépus. Et au sein de l’ordre initiatique de Koôngo dia Kimpasi existe Ma NDOUNDOU, la vénérable albinos, personnage insolite et redouté, être de l’autre monde, qui s’impose comme « l’actrice la plus influente. Au sein de cet ordre, elle est l’accompagnatrice des néophytes vers leur nouvelle naissance comme elle porterait un enfant en son sein. [ Georges Balandier in « La vie quotidienne au Royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle » Hachette 1965 P.216 et s.] Cette seconde ou nouvelle naissance fait d’eux des Nkita ou de véritables initiés.

          Par ailleurs, le nom NDOUNDOU est une liaison de deux vocables identiques à savoir : le Ndu.

          A dire vrai, le Ndu tend à exprimer dans la culture Koôngo, l’état d’élévation de l’être ou du Muuntu dans sa quête de perfection dans les savoirs et connaissances que lui offre la nature ou l’univers. C’est la traduction même de l’invitation de l’être à pouvoir comprendre et saisir les secrets de l’univers, c’est-à-dire de la sphère tant céleste que terrestre. [ Rudy Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu in « Le muntuïsme l’humanisme intégral africain » Société des écrivains 2006 P.88 et s.]

          C’est ainsi que, de par son nom, taata NDOUNDOU est, d’après la tradition Koôngo, un mu-kundula, mu-mpandula, c’est-à- dire un faiseur des mpandu ou actions salutaires tendant au bien-être des individus qui, dans la souffrance ou misère en ont véritablement besoin. Il est détenteur de Ndu ou ku-ndu, c’est-à-dire de cette science dont l’objet consiste en une recherche analytique, méticuleuse et soigneuse des éléments que compose le lwandu ou l’univers et ce, pour le bien ou le soulagement des âmes en souffrance.

          Dès son jeune âge, Daniel NDOUNDOU est très proche de son oncle maternel, le nommé Noé Nsemi qu’il accompagne de village en village pour ses prédications. Son oncle fera d’ailleurs partie des premiers congolais élevés au grade de pasteur durant les années 1940 au Congo-Brazzaville.

          Daniel NDOUNDOU est élève de l’école catholique au moment de l’avènement du mouvement de Simon Kimbangou. Très tôt, il quittera cette école avec quelques camarades pour intégrer le mouvement de Réveil qui sera constitué autour de la personne du prophète Simon Kimbangou.

          Daniel NDOUNDOU est un enfant pas comme les autres. Il aime se recueillir, prier, méditer puisqu’il a souvent des visions et certaines d’entre elles, comportent des révélations sur son destin. Il en fait part à sa mère qui l’exhorte à la loi du silence en lui recommandant notamment de garder ses expériences et de beaucoup prier.

          C’est ainsi qu’à l’occasion de son baptême en 1923, le jeune NDOUNDOU adopte le nom de Daniel pour s’identifier au prophète Daniel qui, dans l’Ancien testament est défini comme un homme indépendant et courageux, somme toute, comme un prophète.

          Daniel NDOUNDOU est consacré pasteur à Dolisie le 16 juin 1946, le même jour que l’un de ses collègues le nommé Jean Yayaka.

          Au sein de l’église protestante et évangélique, le pasteur Daniel NDOUNDOU sera l’un des dirigeants du mouvement de Réveil. En effet, entre les années 1920 et 1940, le Congo-Belge et le Congo-Français avaient été gagnés par un mouvement de Réveil qui, en milieu Koôngo donna lieu, à l’avènement des églises comme le Kimbanguisme, le Ngounzisme ou le Matsouanisme. Et le pasteur Daniel NDOUNDOU réussit très habilement à intégrer au sein de l’église protestante, évangélique quelques principes ou rites dominants des églises autochtones tournées essentiellement vers les croyances ancestrales.

          L’une des grandes figures de l’église protestante et évangélique au Congo-Brazzaville en la personne du pasteur Buana Kibongui, s’opposa ouvertement aux pratiques de taata NDOUNDOU, les considérant, peut-on dire, moins attrayantes, à la connaissance de la parole de Dieu en disant notamment que :

« Le pasteur Daniel NDOUNDOU insistait sur les manifestations spirituelles tandis-que moi, je mettais l’accent sur la nécessité de connaître la Bible pour mieux vivre les manifestations spirituelles. »

          La théologie de taata NDOUNDOU comporte trois aspects fondamentaux : elle est fondée sur la médecine révélée qui est associée à la culture traditionnelle qui, elle-même consacre en son sein, des diagnostics et des traitements sur la base des révélations avec des remèdes fabriqués à base aussi des plantes. Il y a aussi, l’usage de l’eau en procédant effectivement, à des bains de purification, comme le fit majestueusement en son temps, taata Simon Kimbangou en invitant ses adeptes, à ce type de rites à Nkamba, la nouvelle Jérusalem. Cette même théologie offre en dernier lieu, une place non négligeable à l’interprétation des rêves. Et pour taata NDOUNDOU, il était normal que Dieu parle à ses fidèles à travers les rêves d’autant plus que les récits précédant la naissance du Christ en sont une parfaite illustration.

          C’est à ce titre que, le pasteur Daniel NDOUNDOU consacrait dans le cadre de son ministère une grande partie de son temps à la cure d’âme personnelle et aux prières d’intercession comme dans les assemblées Ngunza. Il accordait une grande importance aux manifestations spirituelles.

          Un élève pasteur de 1965 à 1969 appelé Patrice Demba raconte la force spirituelle du pasteur Ndoundou qui, de surcroît lui conférait la qualité d’un véritable prophète dont les actes de guérison étaient le plus souvent en parfaite conformité avec ses paroles.

« tata NDOUNDOU avait prié pour une femme qui n’avait plus d’utérus. Il lui dit : « Ta foi est grande. Tu auras encore des enfants » tata Buana nous dit : « Ce que dit tata Ndoundou n’est pas vrai car cette femme n’a plus d’utérus. Elle ne pourra plus avoir d’enfants. » plus tard, cette femme mit au monde des jumeaux. C’est pour des choses comme ça que nous respections plus tata Ndoundou. »

          C’est là, une des caractéristiques de taata NDOUNDOU, homme d’église ou pasteur de l’église protestante, évangélique dont le nom fait aussi partie de l’égrégore Koôngo, en raison de son remarquable ministère de guérisons ou de miracles et de sa dimension charismatique qui lui confère, entre autres et ce, incontestablement la qualité d’un véritable Ngunza.

TAATA NDUENGA



dimanche 2 juin 2019

"kOOKA MAAJI, kooko mungua", "nsimu ni mayela", lubambu hana ngangu ! Matondo kua taata Nduenga !


      KOÔNGO DIA MOUKOUBA : CHEF DE TRIBU ET CHEF SUPERIEUR DANS LES PAYS DE MPANGALA DANS LE DEPARTEMENT DU POOL PENDANT L’OCCUPATION ET CE, DEPUIS 1921

Traître ou Digne fils de la Nation Congolaise ?

         Le chef Kongo ou Kongo dia Moukouba était un che

f remarquablement bien apprécié par l’administration française pendant la colonisation du Congo-Brazzaville. Il est défini par cette administration comme un homme :

« Intelligent, travailleur, règne sur quatre groupes : Bassoundi, Balari, Batéké, Minkengé. Il n’est pas de race pure. Il est issu de l’union d’un Balari avec une Bassoundi ».

         Pour le colonisateur français, le Chef Kongo ou Kongo dia Moukouba jouit d’une compétence et d’une autorité incontestables malgré la diversité des races et les manœuvres sournoises de certains de ses Chefs de terre qui ont tout fait pour lui créer des difficultés, saper son prestige et le détacher de nous. Kongo est d’un secours précieux à l’administration par son autorité, son bon sens, sa connaissance du pays et sa constance à servir la cause française même au milieu des pires difficultés. Côme Kinata in « Les ethnochefferies dans le Bas-Congo français : collaboration et résistance 1896-1960 » L’Harmattan 2001 P.105 et s.

         D’ailleurs, cette fidélité ou cette loyauté envers l’administration coloniale lui valut, hostilité et mépris de ses congénères, à l’instar du chef charismatique taata Mbiémo et l’un de ses frères Milongo réputé comme un nationaliste féroce auprès de l’administration coloniale française.

         Le Chef M’biémo et son frère Milongo sont des nationalistes ou des indépendantistes déclarés, connus comme tels par l’administration coloniale française qui n’hésiteront guère à le faire savoir lors de leur procès tenu le 18 novembre 1940 devant le Tribunal du second degré du département du Pool sous la présidence de Monsieur Pierre De Buttafoco administrateur des colonies et chef du département du Pool.

A ce propos, Chef du village Tsinamana du canton Kongo, taata M’biémo exprimera auprès du juge De Buttafoco sa désapprobation envers le Chef Kongo et ses acolytes en disant très clairement :

« J’avoue que je n’approuve pas leur soumission (Kongo et Kata) à la taxe de la Société de prévoyance, pas plus que leur zèle pour ce qui me déplaît. »

Quant à son frère Milongo, le redoutable, il fera un descriptif du chef Kongo, en le présentant implicitement comme un véritable traître de la Cause Nationale Congolaise en déclarant devant le même tribunal très hostile aux indépendantistes que :

« Je ne partage pas leur politique d’obéissance aux directives du poste tant en ce qui concerne les cotisations de la Société de prévoyance qu’en ce qui concerne leur obstacle à notre Amicale. En réalité l’autorité du chef Kongo était largement battue en brèche depuis son opposition à l’Amicale. Il fut même molesté par ses administrés en 1936 pour avoir accepté les semences d’arachides distribuées par l’administration coloniale alors que les populations les avaient rejetées. Son prestige dut être à tout moment renforcé par ses maîtres. »

Par ailleurs, dans l’un de ses courriers de février 1946, le Chef Kongo ou Kongo dia Moukouba adressé au Chef de département du Pool, fait état d’une violation de son domicile suivie de violences physiques dont il avait été victime de la part de ses adversaires, les pro-nationalistes en écrivant :

« dans la nuit du 13 au 14 février 1946, j’ai été attaqué chez moi, assommé, puis pillé par une bande d’une trentaine de Balali, venus de la terre Goma-Tsé-Tsé. Après m’avoir jeté à terre et frappé à coups de poings et de bâtons, ils ont brisé la porte et les fenêtres de ma case et l’ont mise à sac. Ces indigènes ont agi de la sorte sous le prétexte que je m’étais séparé de l’Amicale et qu’aux dernières élections je n’avais pas voté pour André Matswa. C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons qu’ils ont frappé et pillé les autres chefs du Département. Je n’ai pas pu me défendre, tous mes gens m’ayant abandonné. » Côme Kinata Op.cit. P.107.

Il est certainement incontestable que le Chef Kongo ait été un illustre personnage, fort intelligent, compétent dans la gestion des biens et des hommes, ayant le bon sens et la connaissance de son pays. Cependant, son ambiguïté relationnelle et fraternelle, le manque de solidarité notamment vis-à-vis de ses compatriotes congolais, sa loyauté ou sa fidélité constante voire indéfectible envers l’administration coloniale française ne l’ont guère aidé à agir avec discernement pour le bien et la force de sa Nation Congolaise.


TAATA NDUENGA

mercredi 24 avril 2019

Bue tu sa ? Que pouvons nous faire ? Que podemos hacer ?

La question de savoir "Bue tu sa ? que pouvons-nous faire ? que podemos hacer ?" devient récurrente au regard des désordres générés par le vieillissement d'un monde qui s’agrippe aux vieilles méthodes de gouvernance et de savoir être dépassé par le changement de paradigmes qui nous impose une prise en compte réelle et effective d'un monde nouveau. Peut-être que les mutations intervenues depuis la fin du vingtième siècle et celles engendrées en toute hâte en ces débuts du vint et unième n'ont pas attiré notre attention, pour comprendre que plus rien ne peut plus demeurer dans la continuité statique structurelle au regard des bouleversements sociologique et anthropologique; car l'Homme n'est plus le même, de même que la société qui l’abrite connait de fond en comble des mutations avec le numérique qui révolutionne ses besoins et son mode existentiel, les mœurs allant avec !
 Au milieu de tout cela, "Bue tu sa ?" Changer au gré du temps et de l'espace où résister pour préserver ses acquis ? "Rien n'est absolu, tout est changement, tout est mouvement, tout est révolution, tout s'envole et s'en va." Frida Kahlo.  mais nous ne sommes pas encore parti ! Alors, comment devons-nous vivre ces changements qui bouleversent notre humanité ? En politique comme en religion, de nouveaux modes existentiels s'imposent au risque d'implosion. Lorsque l'Homme établi comme maître du temps et de l'espace ne contrôle plus rien ou presque, il devrait s'en remettre à la sagesse de la Nature qui commande toute chose et ne cesse de lui envoyer des messages qu'il n'est malheureusement plus apte à décrypter car passéiste ! Se remettre à l'école de la vie et à l'étude des mystères pourrait lui être utile plutôt qu'à s'accrocher à ce qui est passé et n'a plus d'avenir, même si notre avenir semble être paradoxalement dans le Passé ! Car c'est du Passé que vient le monde et à lui il retournera.
 Mon vieux, Auguste NKOUNKOU me disait: "Tu ne peux empêcher un oiseau construire son nid, mais tu as le pouvoir de l'empêcher qu'il le fasse sur ta tête". Refus de l’indifférence et du conformisme ambiant s'imposent, pour être un Etre de son temps. Ceux qui partagent la même vision d'un monde nouveau se mettront ensemble et ils vaincrons le vieux monde.
  LA FURIA DE VENCER

vendredi 19 avril 2019

Assurer la transmission c'est contribuer à l'édification d'un monde tel que nous voudrions qu'il soit.

Mon vieux  Auguste NKOUNKOU me disait:"L'avocatier donne ses fruits là où il est planté ! Bu kuenda bu nzenza, ku nat'andi kibaku, ka nata ntumbu."Un est le monde et unique est notre humanité. Bonnes vacances de printemps à tous !

Etre à l'écoute des enfants pour songer aux générations futures


Savoir accompagner la jeunesse, le vif présent du monde !
 La furia de vencer.

lundi 1 avril 2019

Zu, de la puissance du verbe et de la pertinence du sundi, ladi, kongo; des peuples frères, selon le Kueiste

Zu=zula, zubula, zunga, , zungisa, zungula, ki zungu zungu, zungidila, zukumuna, zuanda, zumbu... A suivre !
  THAUKO.COM, un monde juste-Humain !

vendredi 8 mars 2019

Ba ntselele ba yeyela, sala kiawu ki yelele ! Ki yelele ! (De Thauko.com "La furia de vencer").

A suivre !
                     THAUKO.COM, un Monde juste Humain !

jeudi 7 mars 2019

De la pensée Kuéiste

Ne doute jamais de toi, car tu es en capacité de réaliser ce que ta pensée sait concevoir.
Tu peux accomplir ce que ton cœur désire, dans la limite de tes capacités.
Crois en toi, car tu as le pouvoir nécessaire de construire ton ambition, la concrétiser et la réaliser.
Donne les moyens à ton ambition et tu réussiras.
Bannis les craintes et les plaintes et tu vaincras.
Nto mue yeba yo, fueni toko ya kamika !
                    Thauko.com, un monde juste humain !

lundi 4 mars 2019

Bukaka bua bu bakaka ? Nguilu musamu ku ntelo !

Beto bantu, bukaka ka tu zololoa boko ko, bungu ti muntu ha kati dia bantu wu butukilaka, taata na maama bie bibuti biandi, bawu bene mpe ba vuilulu kua mvila za makanda. Ni mu bungu dio tuena na bingana bi tu luengesaka ti: "bukaka musongo", pele ko "Nto wa yenda yandi kaka wa tengama". Wena wa makedika, ni buna nkatika buuna. Ka, tu lenda bakula mpe ti:"Bukaka musongo", tu lenda wa bakudila mu nguilu ya "kiyindula" pele ko ya "kimbaluka" ti: bukaka bu bukaka musongo ! Mpila mosi ti musongo ni mabela mo ma nataka mapela mu nitu na buka zonsono zi vuandilaka bantu.
  Ni dina tu lenda bakula ti "Bukaka" ki kaku ka tungaka (dia mona mbuta MBEMBA mwana mama BENAZO dia DZALAMU). Kikaku kina, ni kina ki kakitilaka peleko ki kabaka nkianaeti kibaka ka kabaka ndilu na mabela na mavimpi ma sungama. Mu nguilu yawuyi tu lenda ta ti bukaka ni yandi manisaka musongo, bungu buka ka bukaka mu mansueki. Ni mu kati dia mansueki mpe bukaka bu lenda sadisa muntu wo zololo ku ki lubula. Bukaka bua bu bi bu nataka musongo, ni buo bu nataka kihambula. Tala ti nzila zandi na mbanzulu zandi ka zi tama vutu buabuana na za ba nguala ko, dio dieka diambu dia kaka, bungu hambukidi kuandi, sidi sisa nzila za baandi hana mahambu. Bukaka bua mpila yo, ka bu lenda buka ko, musongo pele ko mabela kua bu lenda nata mu nitu, bungu kihambula sidi, hambukidi kuaku !
  Bukaka bu wasisaka ni buo bua mansueki bu menisaka dzunu mu ntima. Lenda wungama ka, ka ku hambuka ko, bungu bue wungama, mboko kota mu ndimbutulu, dimbitila ni dimba kue ti dimbi, bungu mu mansueki mbawu yo ya suama mu muntu ni mu kati dia bukaka ya leminaka, ya tsaminakaka mu-ntu. Mu bukaka mbo zaba ku kifimpa. Ha kati dia luaza, muntu ka lendia toma ba-nza ko. Mue ba nza, mpila mosi ti, mue vuata fuani kia NZA nkua Lulendo, ni mu mansueki kua muntu ka lenda zangululu mue ba nkatika "mu-ntu."
  Ha kati dia luaza, lueti ku tu natina nza yayi na ntsaka za mpila na mpila, tu fueni tomba mpe Bukaka bu tunganka kimuntu bue hungama kuna fula. Ba kuluntu beto mpe ni buna bedi kue sadidiki. Ni mu wungama kua mansueki bakuluntu beto bedi kue tambudidiki bueso bua buyelele na bitezo bia butumbu buawu; ba kaka ku miongo bedi kue wungameke, ba kaka bedi kue wungameke kuna mabenga, ba kaka kuna maza, kuna kitadi, kuna kitadi, kuna sangi...
                               THAUKO.COM, kimuntu kua !

Matoondo kua nge taata MBEMBA DIA BÔ BENAZO MBANZULU, wa vundumuni nkabi yi.
Taata Ngudi wu bokelaka "Mukukuniungu".

dimanche 3 mars 2019

Conquérir la solitude volontaire pour s'assagir.

Au cœur d'une humanité bruyante et vide de sens, la solitude devient une vertu a cultiver, pour vivre en harmonie avec soi, afin d'être nourrissant dans des relations qui manquent bien souvent de profondeur.
 La solitude se nourrit du silence qui est son terreau fertilisant. Verdoyant d’intériorité et illuminée de réflexion produit par son humus enrichi à l'engrais de la bienveillance et de l'altruisme. La solitude volontaire rapproche des autres et des lointains qu'elle sait rapprocher. Loin du mépris des autres qu'elle aurait causé, bien au contraire de l’oxygène de pensées pures qu'elle exhale de son intériorité les édifiera. La solitude volontaire demeure ce sanctuaire de la contemplation du monde tel qu'il est, pour savoir y trouver sa place, sans plus jamais dépendre des autres en quoi que ce soit, mais avec eux composer, pour construire dans  le respect de l'altérité, la complémentarité en humanité.
 S'éloigner des autres pour mieux leur être plus proche, les porter et les apprécier du recul nécessaire qui rend autonome et libre ! La solitude volontaire ou imposé par les circonstances grandit et affermit pour mieux choisir et devenir maître de ses choix et en assumer pleinement les décisions, lorsque la solitude devient sollicitude, comme l'aurait dit taata NDUENGA !
  Aimer la solitude et bien la savourer le plus souvent est la vertu du leadership. La sagesse se conjugue aussi à la solitude volontaire ou assumée, intuitive et instructive, quand bien même celle-ci nous serait imposée par les circonstances. L'Homme restera maître de son destin, seul, dans la solitude.
  Je vous invite à entrer au cœur de cette forêt du monde avec ses vents contraires  qui vont et viennent pour vanter la solitude bienfaisante ( Il suffit juste de cliquer sur cette image, fermer les yeux pour apprécier ce silence bienfaisant, seul sans autre bruit).
                                  THAUKO.COM, Un Monde juste-humain !

De KOUNKOU KUE Theodulos Auguste "La furia de vencer".

mardi 26 février 2019

"Ntsimu ni mayela". We na ngangu ka sae ! We na makutu ka wae ! Matondo kua nge taata NDUENGA !


TAATA M’BIEMO ET SON COMBAT DE RESISTANCE POUR LA CAUSE NATIONALE CONGOLAISE DURANT LES ANNEES 1940.

         La colonisation française au Congo-Brazzaville a été l’une des plus dures ou des plus répressives quel’Afrique noire ait connue. Dans cette colonie, le code de l’indigénat d’expression coloniale française a été appliqué de la manière la plus féroce voire de la manière la plus bestiale qui soit.

         Historiquement, 1887, marque le début de l’application du code de l’indigénat en Afrique. L’Algérie en est l’espace d’essai.

         A titre définitionnel, le code de l’indigénat est un ensemble de textes législatifs et réglementaires ayant pour objet d’organiser dans les colonies françaises le contrôle et la répression des populations dites « indigènes ». Il s’agit d’une justice répressive spéciale qui crée de nouveaux délits et de nouvelles peines, contrairement à la justice pénale applicable en métropole. De plus, elle est exercée par l’autorité administrative et non judiciaire.

         C’est dire que, l’Etat français disposait dans les colonies d’un régime d’exception, c’est-à-dire, d’un régime dans lequel, l’application du droit pénal relève de la compétence des juridictions administratives. Et dans plusieurs colonies, ce régime d’exception a, le plus souvent, donné lieu à des abus dans la qualification des faits ou actes de conduite sociale.

         C’est le cas, au Congo-Brazzaville où la divagation des individus atteints d’aliénation mentale, le vagabondage, les actes de désordre sans en définir très clairement les contours, le refus de payer l’impôt ou de s’acquitter des prestations voire le refus de prêter aide en cas d’arrestation d’un délinquant… étaient placés au rang des comportements infractionnels ou délits donnant ainsi lieu, à des sanctions pénales et ce, en application du décret du 15 janvier 1919, portant création du gouvernement de l’Afrique Equatoriale Française et du décret du 31 mai 1910, portant règlement sur l’indigénat en Afrique Equatoriale Française.

         Cependant, comme le relève, à juste titre Gilbert Doho «  Ce qui importe avant tout, c’est la réaction des Congolais contre ces infractions spéciales. Dans leur application, il y aura beaucoup d’abus étant donné que toutes les colonies en A.E.F sont confiées aux compagnies concessionnaires. Celles-ci paient les impôts à l’Etat et se font payer en exploitant l’immense richesse des colonies…Or, au sortir de la Première Guerre mondiale, ces Africains qui ont aidé à vaincre l’oppresseur de leur oppresseur et qui ont goûté, hors des colonies, l’odeur de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, ces Africains-français vont corner les injustices dont ils sont l’objet. L’exemplarité du cas d’André Grenard Matsoua est…source d’inspiration. Il est un des rares Africains à avoir organisé les indigènes de la métropole et des colonies, à avoir protesté par écrit contre le monstrueux instrument d’animalisation des indigènes, et à avoir payé les prix de son audace. Les recherches tardent à valider un homme qui, pendant que la Deuxième Guerre mondiale, rage contre la France, est outré de constater que les Africains sont, de nouveau appelés à sauver leur oppresseur. L’ancien combattant Matsoua mène une guerre intellectuelle contre la France au sein de l’amicale qu’il crée en France. » [Gilbert Doho in « Le Code de l’indigénat ou le fondement des Etats autocratiques en Afrique francophone L’Harmattan 2017 P.214.]

         Taata M’biémo ou le chef coutumier M’biémo s’inscrit aussi au niveau local dans le droit fil du combat d’André Grenard Matsoua, celui d’une dénonciation des injustices dont sont victimes les Congolais vis-à-vis du pouvoir colonial français.

Chef charismatique du village Tsinamana des pays de Mpangala dans le département du Pool au Congo-Brazzaville,taata M’biémo sera parmi ces hautes personnalités emblématiques de la société Traditionnelle Congolaise qui aura réussi à galvaniser des foules sur des questions d’émancipation de l’homme noir en dénonçant avec véhémence les abus voire les atrocités commises par le pouvoir colonial français.

Ainsi,taata M’biémo manifestera avec ténacité sa résistance contre non seulement l’occupation française, de façon générale et plus particulièrement contre les pratiques coloniales de mépris et de manque de considération voire de manque de dignité de l’homme noir.
         Fils de «  » Mbanza et de « Tâ » Massengo, M’biémo est né dans les années 1890 dans les pays de Mpangala dans le département du Pool.Il connaît pratiquement, une enfance et une jeunesse de résistant face à l’oppression coloniale française. Son intelligence, la droiture de son esprit, sa fermeté et son courage feront de lui, un homme exceptionnel et un haut dignitaire fort apprécié par ses pairs et ses sujets réputé notamment pour son franc parler.

De coutume ou d’ethnie basundi, le chef Mbiémo sera fusillé au même titre que son frère Milongo le 5 décembre 1940, à Mayama à 15H40,à la suite d’un jugement expéditif colonial durant lequel, il n’aura bénéficier d’aucun ministère d’avocat et avec lequel, les principes d’équité, d’impartialité et d’indépendance juridictionnelle n’auront été respectés.

Le procès de taata Mbiémo tenu le 18 novembre 1940 en audience publique du Tribunal indigène du second degré du Département du Pool sous la présidence de Monsieur Pierre De Buttafoco, administrateur des Colonies, chef du Département du Pool est, peut-on dire, une mascarade ou une parodie de procès. Un procès où le déroulé des débats est mené par le président beaucoup plus à charge qu’à décharge. Il dit le procès qu’il ne l’organise, de façon objective, impartiale et indépendante.

Pierre De Buttafoco est un administrateur et un juge, peut-on dire, susceptible, raciste qui accepte difficilement la nuance, la différence notamment lorsque celle-ci émane de ses adversaires que sont les indépendantistes Congolais à l’instar de taata M’biémo ou taata Matsoua qu’il aurait absolument voir condamner au bûcher et contre qui, il s’est battu, corps et âme, pour qu’il soit arrêté à Paris un certain 3 avril 1940.

Pierre De Buttafoco est, à la fois, juge et partie au procès faussant ainsi véritablement le jeu du débat contradictoire dans le procès M’biémo et, somme toute, du respect des droits de la défense.

Taata M’biémo sera prévenu d’une part, du délit de constitution de bande armée de couteaux, de bâtons, sagaies et fusils après avoir réuni les hommes de son village Tsinamana et de Kaounga et d’autre part, d’avoir confié au nommé Milongo, son frère, le commandement de la bande ; de lui avoir ordonné de tendre une embuscade pour s’emparer de la personne du garde Bala [ un ressortissant ouest africain résidant, des décennies durant, au Congo-Brazzaville, plus précisément dans les contrées de Mayama et placé au service de l’administration coloniale française] et le tuer,…d’avoir voulu envoyer des émissaires dans d’autres villages afin de soulever une rébellion dans l’ensemble des cantons dépendant du chef Kongo, des faits qui auraient été commis le 5 novembre 1940.

Taata M’biémo est âgé d’environ 50 ans lorsque est déféré devant ce tribunal colonial. Mais en dépit de son âge jugé vieillissant à cette époque, l’homme reste lucide, ferme, déterminé, courageux, fidèle à son idéal d’émancipation et de dignité de l’homme africain comme le sont d’ailleurs, ses prédécesseurs résistants issus de la même coutume Basundi que lui, à l’instar de Mabiala Ma Nganga.

Au cours de ce procès, taata M’biémo rejettera toutes les accusations portées contre lui car elles seront infondées. Les témoignages rapportés par l’administration coloniale, à l’effet d’établir sa culpabilité viendront souvent des chefs zélés et partisans de la cause coloniale.

Pour Pierre De Buttafoco administrateur des Colonies, chef du Département du Pool présidant l’audience du tribunal répressif devant lequel est déféré taata M’biémo, l’âge de celui-ci et son influence avaient fait de Milongo et Kimbembe des exécutants féroces, sa rébellion perpétuelle contre tout ce qui touche à l’ordre public avait fait de lui l’adversaire redoutable de ceux qui touchent de près l’administration. Que par ailleurs, il jouissait auprès de son entourage d’un prestige néfaste.

Quand Pierre De Buttafoco voudra, d’une manière ou d’une autre, amener taata M’biémo à reconnaître les faits,objet des poursuites, le prévenu M’biémo, bien évidemment,n’hésitera guère à exprimer avec force son rejet sur des faits non justifiés en lui rétorquant, entre autres que : « …j’avoue que je n’approuve pas la soumission[sous-entendu des chefs noirs zélés de l’administration coloniale] à la taxe de la société de prévoyance, pas plus que leur zèle pour ce qui me déplaît. » [Côme Kinata in « Les etnochefferies dans les Bas-Congo français : collaboration et résistance 1896-1960 L’Harmattan 2001 P.167 et s.]

Ici, taata M’biémo sous-entend qu’il est, un partisan de la Cause Nationale Congolaise et qu’à ce titre, il ne peut apprécier la dissolution de l’association créée un certain 17 juillet 1926 à Paris par André Grenard Matsoua, l’association amicale des originaires de l’Afrique équatoriale française ayant pour objet, peut-on dire, d’élever l’homme noir à l’échelle planétaire en le faisant participer au développement et au bien-être tant de sa personne que de son environnement.

Cette association connaîtra un franc succès voire retentissant au point d’inquiéter très sérieusement les autorités coloniales françaises qui, au final décideront de sa dissolution au profit de la société de prévoyance que de nombreux Amicalistes et Congolais ne voudront guère.

Taata M’biémo était de ceux-là qui sont restés fidèles à l’idéal matsouaniste jusqu’à la mort. Jugé, condamné injustement à la peine capitale, fusillé avec l’un de ses frères Milongo, le 5 décembre 1940 à 15H30 à Mayama, taata M’biémo est resté fidèle à son idéal, celui de voir un jour un Congo indépendant, uni et où l’être où le Muuntu jouirait, en toute liberté, d’une grande plénitude existentielle. Il est,un illustre personnage, un digne fils de la Nation Congolaise qu’il faudra un jour réhabiliter, à sa très juste valeur, en raison de son courage et surtout de son noble combat d’émancipation de l’homme noir dans un Congo nouvellement libre et indépendant.

L’homme tombe et meurt sous le feu des armes avec un calme inouï en croisant ses deux mains tout en ayant un regard tourné vers le ciel en signe très probablement d’espérance et de prière pour le combat inachevé mené par lui et que d’autres parmi les vivants voudront continuer avec force s’ils l’estiment utile et vital. C’est la prière même de taata M’biémo qui est celle du combat et de la résistance face à l’adversité.


C’est à ce titre d’ailleurs, qu’il fait l’objet d’un culte vénérationnel, au même titre que, André Grenard Matsoua, Mabiala Ma Nganga, Bouéta Mbongo Mâ Ngunga, Mpfumu Kimbangu, Simon Mpadi et autres dans les assemblées Ngunza de nos villages.


TAATA NDUENGA






dimanche 10 février 2019

mercredi 9 janvier 2019

Mes vœux pour l'année 2019


Année 2019 : Résolument, l’année de la RED
·         Réconciliation
·         Efficacité
·         Détermination
     Pour vaincre, "mu Nunga" !
Vaincre qui ? Vaincre quoi ? Comment et pourquoi ?
2018 nous a révélé des failles considérables sur nos édifices familiaux, amicaux, sociétaux et consorts… faute d’harmonie en nous.  Des manques de justice sociale, des manques de vertus, des manques d’humanité. Alors, le déclin et le désastre se sont invités à nos portes, dans nos relations, dans nos foyers, sur nos lieux d’exercice professionnel, dans la collectivité locale qui nous abrite. Le déséquilibre relationnel a fait place au grand malaise social qui a donné naissance aux gilets jeunes, expression de la fin d’un monde avec ses systèmes névralgiques. Nous l’écrivions dans notre essai « MATALANA », autoédité au premier trimestre 2013 ( ouvrage encore disponible et diffusé par nos soins).
Il nous incombe individuellement de recoller les « Nzenga » (les morceaux) éclaté de nos cœurs brisés par d’innombrables blessures. Dès lors, la Réconciliation s’impose pour aller de l’avant avec une nouvelle année qui nous en donne l’impulsion et les possibilités, si nous voulons évidemment y investir de nos capacités.
  Réconciliation des mémoires, par un devoir de vérité sur nous-mêmes et sur les choses (les faits, les conjonctures) qui nous préoccupent.
   Réconciliation avec les autres, par la reconnaissance des fâcheux qui ont brouillé nos relations harmonieuses.
   Réconciliation avec la Nature, la Terre-Mère (Mama-Ntoto), par la réappropriation des lois cosmiques(le KIMUNTU aidant !)
   Se réconcilier pour harmoniser notre Etre dans sa dimension trinitaire.
Tout ceci, afin de nous vaincre nous-même d’abord, puis de nous tourner vers les autres, de façon à bâtir ou plutôt pour rebâtir ensemble, pour restaurer ce qui a été endommagé.
    Les voies de la sagesse sont multiples, mais celles de l’excellence ne se découvrent jamais fortuitement. C’est pour cela que nous devrions repartir à l’école des anciens : « Nkieno mia ba Mbuta. Mu tunga, tu fueni tungasana ; bungu tungasana ka lukuzi ko. Tungasana mpe ni tungudila mu wangula tungu, tabi ni kibedisa ».

Efficacité dans l’effacement, comme la sève qui fait vivre la plante par son action invisible. Le volcan qui va jusqu’à déclencher le redoutable Tsunami mûri son activité sismique dans les entrailles de la terre… le dégoût des réseaux sociaux dont les usagers opportunistes se livrent à traîner les autres dans les égouts montre à suffisance la nullité et la nudité d’un siècle où légèreté, frivolité et absence de profondeurs entraînent cette génération « transhumaniste » vers l’impasse et le chaos humain. Faudrait-il se résigner pour autant ? Assurément, non ! Le leitmotiv de l'efficacité est la recherche cohérente et constante de la perfection (mu sungika fueni tomo sungama nge-bene = on ne saurait exiger la perfection des autres tant que notre propre exemplarité ne saurait rayonner de son témoignage).
C’est la résilience qui s’impose, à défaut de la résistance. Mettre le cap à l’essentiel. L’efficacité produit du résultat tangible.

La détermination fixe le cap et les objectifs à atteindre, mais avec qui ? Avec quoi ? Par où et comment ? La détermination est aussi un choix et celui-ci entraîne des renoncements et un engagement ferme de devoir assumer l’option choisie. De facto, le discernement s’impose pour s’allier avec des partenaires porteurs de réalisme et de pragmatisme, afin d’avancer au large. Sur ce, une parole me permet de décider et d’avancer en dépit de tout écueil et des échecs que nous imposent les impondérables. « Quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. »  (1Cor. 13, 10). Bien entendu que nous ne saurions faire l’économie des écueils imprévisibles. Il faudra tenir et avancer sereinement au milieu des méandres de cette humanité en perte de sens et de profondeur.
Les bonnes questions ne suffiront pas, il faudrait leur apporter des réponses adéquates et crédibles aux fins d’atteindre le but de tout projet qui consiste à réussir. Le but de planter un arbre fruitier est de pouvoir en recueillir des fruits.


   Que cette nouvelle année 2019 soit en phase avec nos aspirations les plus profondes et puisse combler nos désirs les plus sublimes, afin que nous obtenions des résultats pérennes dont d'autres pourraient tirer bon profit, pour l'intérêt général.
Bonne et heureuse année 2019 à tous les visiteurs de ce blog http:// nzenga.blogspot.com



KOUNKOU KUE Theodulos Auguste
« La furia de vencer »




dimanche 6 janvier 2019

En guise de vœux du nouvel an 2019, Nzenga.blogspot.com vous souhaite ses meilleurs vœux, par ce remarquable travail de Ma BAHADILA.


LE PROCES DE SIMON KIMBANGU PROPHETE ET MARTYR AFRICAIN


Maître Rudy Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu vient de pondre sur le marché du livre depuis le 4 décembre dernier aux Editions Les Impliqués qui est une structure éditoriale fondée par L’Harmattan, un nouvel ouvrage intitulé « Le procès de Simon Kimbangu prophète et martyr africain ».

Dans cet ouvrage qui comporte cinq chapitres, l’auteur, fait une critique du jugement rendu par le Conseil de guerre belge à l’encontre de Simon Kimbangu et ses disciples le 3 octobre 1921.

Simon Kimbangu est originaire du Congo démocratique. Il est né le 24 septembre 1889 et sera, à la tête d’un mouvement religieux appelé le kimbanguisme lequel s’exprimera, tant bien que mal, comme une réaction de protestation contre les injustices, la domination ou les discriminations du colonisateur belge envers ses compatriotes, les Congolais. Il apparaîtra aux yeux de ses adeptes comme un sauveur, un messie ou un envoyé de Dieu pour dénoncer les atrocités coloniales belges commises sur leur sol.

Pour le sociologue Georges Balandier que rapporte l’auteur dans son ouvrage « Depuis 1920, les messianismes congolais n’ont cessé d’affirmer leur activité, tantôt sur le plan religieux, tantôt sur le plan politique ( en organisant la résistance à l’administration coloniale), sans que la répression ne parvienne à d’autres résultats qu’à renforcer les églises en créant des martyrs » [P.22.]

Maître Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu note neuf chefs d’accusation retenus contre Simon Kimbangu parmi lesquels figurent, entre autres, la tentative de destruction de l’autorité de l’Etat par la tromperie vis-à-vis de la masse, la discrimination raciale contre l’homme blanc en s’attribuant par ses actes, propos et agissements…la qualité de rédempteur et de sauveur de la race noire. [ P.82.]

De par l’analyse des chefs d’accusation ou délits retenus contre Simon Kimbangu, il ressort très clairement une volonté du colonisateur belge d’étouffer le mouvement d’émancipation du peuple Africain, en l’occurrence du peuple Congolais.

Les règles de droit les plus élémentaires qui soient dans l’administration d’une bonne justice sont purement et simplement bafouées par celui qui prétend paradoxalement être le défenseur ou le garant du droit à savoir : le colonisateur belge

De l’observation du déroulé du procès de Simon Kimbangu tout laisse à penser qu’il est une victime innocente, à l’instar de Kimpa vita qui subit les flammes du feu esclavagiste au XVIIIième siècle dans le Koôngo royal et ce, avec la complicité des pères d’Eglise catholique vaticane romaine. Il en est de même du vaillant combattant de la liberté André Grenard Matsoua qui, dans les années 1940, va au Congo-Brazzaville, subir injustement les foudres du colonisateur français sur des faits non justifiés revêtant une fausse qualification juridique d’escroquerie.

Qu’il s’agisse de Simon Kimbangu, d’André Grenard Matsoua ou de Dona Béatrice Kimpa Vita, aucun d’eux ne bénéficie du ministère de l’avocat qui, sur le terrain du droit, constitue pourtant l’une des garanties fondamentales des droits de la défense.

De plus, Simon Kimbangu est traité par le juge colonialiste d’illuminé pour l’affaiblir et surtout pour ranger son action, comme du temps de Kimpa Vita, au rang des choses superstitieuses.

Pour l’Avocat belge Maître Jules Chomé que cite l’auteur, « ce jugement se passe évidemment de commentaires. Une telle indigence de motifs, susceptibles de personnaliser dans le chef de Simon Kimbangou un crime ou un délit, aboutisse finalement à sa condamnation à la peine capitale demeurera une monstruosité juridique, qui se suffit à elle-même et n’a pas besoin d’exégèse. » [ P.83.]

Quant à l’auteur lui-même Maître Mbemba, il considère qu’ « il ne s’agit aucunement d’un procès équitable. Il s’agit beaucoup plus d’un complot intelligemment orchestré par les autorités coloniales belges. Il est destiné à mettre en échec l’avènement d’une prise de conscience des populations congolaises sur leurs sorts ou conditions de vie qui au jour le jour, deviennent indignes. » [P.84.]

En résumé, la procédure judiciaire, à l’occasion du procès de Simon Kimbangu n’a pas été respectée. De ce procès, comme l’écrit à juste titre l’avocat belge Maître Jules Chomé, où l’on fit rétroagir la compétence du tribunal spécial, où tout se fit avec une hâte fébrile, où les accusés furent dépourvus de toute défense, où le principal accusé comparut et demeura devant son juge chargé de chaînes, où le même accusé, entre deux audiences, fut douché et frappé de douze coups de chicotte sur l’ordre du juge, ce procès…. a violé toutes les notions les plus élémentaires des Droits de l’Homme.[ P.89.]

En 2011, la Haute Cour Militaire en République Démocratique du Congo (RDC) avait tenu une audience de révision du jugement rendu à l’encontre de Simon Kimbangu le 3 octobre 1921, en l’innocentant au final. Si une telle démarche est louable sur le plan politique et culturel, il n’en demeure pas moins qu’elle est insuffisante sur le terrain du droit dans la mesure où Simon Kimbangu avait été jugé par les autorités coloniales belges et non par les autorités indépendantes ou autochtones, c’est-à-dire congolaises.

C’est pourquoi, pour clore le débat sur ce procès, il incombe raisonnablement aux autorités politiques congolaises, par l’intermédiaire par exemple du ministère des affaires étrangères et celui de la justice d’interpeller leurs homologues belges à l’effet d’une reconnaissance par la Belgique du non-respect des règles de droit dans le procès Kimbangu.

         En réalité Simon Kimbangu est la voix, la cause de l’émancipation de l’être qui refuse, en tous points de vue, la négation de son identité ou de sa raison d’être.

Enfin, après lecture de ce procès, je suis une fois de plus convaincue, l’Afrique ne pourra se développer que, dans l’unité et la sincérité convictionnelle des combats à mener voire lorsqu’elle saura connaître ses véritables adversaires, en transcendant et, en éliminant, en son sein, tout ce qui l’affaiblit, en commençant notamment par les divisions tribales ou ethniques. Car la force ou la puissance n’est, en réalité qu’une expression du principe de l’unité, à tous les échelons de la vie.


Eliezere BAHADILA (Ndona Elior)
Licenciée en psychologie