mercredi 12 février 2020

Libre tribune !



   La pensée unique, une malédiction collective ?

Il existe des faits indéniables dans la vie qui peuvent susciter l’adhésion unanime de tout un peuple et par extension, de tout le monde. Cependant, si vous appartenez à ce monde ou au peuple concerné, mais ayant une vision quelque peu nuancée, attendez-vous à être traité de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure, car se dissocier du conformisme collectif engendre souvent la marginalisation de celui ou celle qui verrait différemment les choses et d’aventure oserait les dénoncer ou donner simplement son avis ! Mais les marginaux n’ont pas toujours tord, ils peuvent être bien évidemment au seuil d’une vison objective, que ceux qui sont atteint de l’atavisme congénital ne sauraient percevoir, parce que manipulables à dessein ou simplement ignorant  ou manquant de sens critique et peut-être même de courage, pour oser assumer leur vision des choses.
   Les choses sont encore plus compliquées, lorsqu’il s’agit de ramer à contre courant avec ce qui parait évident pour tout le monde (l’obscurantisme aidant !). Ce n’est pas parce qu’une chose parait évidente  à tous qu’elle contiendrait la vérité absolue, car la vérité est diversement appréhendée, en fonction de la culture, de l’éducation et de l’histoire de chacun ; donc chacun devrait laisser à l’autre ou aux autres d’apprécier un évènement qui pourrait émouvoir tout le monde (la tolérance), car « l’évidence est ce qu’il y a de moins évident pour tous ».
   La mort d’une célébrité, par exemple suscite tellement d’émotion qu’elle ensevelie le message capital qui devrait instruire le commun des mortels qui continuent  son chemin ici-bas (message capital, somme toute relative). Un proverbe Koongo nous enseigne : « Wa fua wa toma », autrement dit, du mort on ne chante que ses louanges, le bénir (dire du bien de lui), sûrement à cause de son voyage ultime vers l’en-dessous, mais aussi à cause de l’émotion que pourrait susciter une telle tragédie, surtout si le mort incarnait une institution ou s’il était devenu soudain un monument, etc.
  Les morts d’outre –tombe ne peuvent pas juger les vivants de l’en-dessous, car leur tribunal est plus juste que l’épée ou la balance qui symbolise l’iniquité de notre pouvoir judiciaire. Cependant, ne pas lire et comprendre le message que nous laissent les morts ne saurait ni blanchir l’âme du défunt ni nous inspirer davantage d’hommages à sa mémoire.
  La vie, si digne et si pleine fut-elle laissera toujours des messages à saisir pour instruire ceux qui restent sur le chemin, pour se purifier et pour tendre davantage à la perfection qui, seule est l’apothéose d’une vie qui aurait su se laisser enseigner par la mort des autres. Quelqu’un a dit : « la fin justifie les moyens » ! Lorsque je pense à la mort d’un Elvis Presley par exemple, de Mike Brandt, de Whitney Houston, pour n’évoquer que leur mémoire, nous avons le sentiment que ceux qui sont adulés et dont le nombre de « fans » est sans compter subissent, hélas, une solitude qu’un solitaire ordinaire n’aura jamais éprouvé. Et pourtant, que de louanges s’élèveront, que de clameurs, quelle unanimité sur leurs œuvres, surtout si celles-ci égaillaient tant leur vie !
  Et pourtant, par delà leur célébrité, les morts qui font le plus d’unanimité nous laissent bien souvent un héritage d’imperfections à corriger, car leur côté séduisant a pu induire en erreur des générations dans l’égarement, à cause de leur vanité qu’ils n’ont brillé (stars) de leur lumière, ayant entrainé et maintenus les autres dans les ténèbres obscures de leurs succès. Que d’artistes musiciens bien célèbres de chez nous ont aiguillé la jeunesse à la dépravation des mœurs, tandis qu’ils faisaient leur fortune sur le dos des pauvres fanatiques. Que d’artistes musiciens bien célèbres de chez nous ont pactisé avec des pouvoirs tyranniques pour lesquels ils ont promu la longévité, amassant sans vergogne des biens au profit personnel, rabaissant par le fait même ceux qui font leur ascension.
  Tel artiste s’est donné tant de mal pour arriver à l’apogée de sa carrière et voici que dans la vanité des honneurs et des considérations factices, il se lancera dans la promiscuité avec des pouvoirs corrompus et inhumains pour le reste de ses jours, coulant ainsi dans les crépuscules d’une gloire infâme. Un ami chanta : « Devenez ce que vous recevez » (BBM), oui, nous serions ce que nous aurions donné, hélas, les voluptés de ce monde nous engouffrent souvent à des fins tragiques et ignominieuses, alors que nous aurions mérité plus, une véritable éternité ! L’art sans éthique n’est plus que du lard !

                              Thauko.com, Paris le 27/04/2016














                  Libre tribune

La plume de mains de maître Rudy, pour nous remettre les idées en place !
 
LES PROPHETIES DE L’ABBE FULBERT YOULOU SONT-ELLES EN PHASE DE SE REALISER CONTRE LES ENNEMIS DE LA NATION CONGOLAISE A L’OCCASION DU QUARANTE QUATRIEME ANNIVERSAIRE DE SA MORT ( 05/05/1972-05/05/2016)
QUI VIVRA, VERRA !
            Premier président d’une République congolaise nouvellement indépendante l’année 1960 durant, l’abbé Fulbert YOULOU fut, outre sa qualité d’Homme d’Etat d’une exceptionnelle envergure, un excellent écrivain et surtout un visionnaire dont les analyses revêtaient, quelque peu, une caractéristique prophétique.
            En dépit de sa perspicacité et de sa grandeur en tant qu’être humain, l’homme politique qu’il était, fut contraint, à la démission puis forcé à s’exiler en Espagne où il mourut un 5 mai 1972. En 1963, le président-abbé Fulbert YOULOU avait été honni et stigmatisé par les soi-disant révolutionnaires devenus maîtres du Congo-Brazzaville qui y sont toujours avec une gouvernance sociopolitique non pourvue de conscience nationale.
            Depuis la chute de l’abbé Fulbert YOULOU, le Congo-Brazzaville continue à sombrer dans l’océan des larmes et des douleurs puisque :
« La situation générale se dégrade de jour en jour, l’étiage économique a baissé, le nombre des chômeurs s’est accru. Que se passe-t-il encore ? Dans son ensemble, le pays régresse, la haine des uns contre les autres ayant repris le dessus » Abbé Fulbert YOULOU in « J’accuse la Chine » La Table Ronde 1966 P.207.
            En sa qualité d’intellectuel, d’homme politique avisé et d’excellent écrivain, l’abbé Fulbert YOULOU tint un jugement prophétique tant sur le portrait criminel du révolutionnaire socialiste congolais que sur sa chute qui bien évidemment serait fatale, cruelle et donc inévitable.
            D’une manière, quelque peu apocalyptique, l’abbé Fulbert YOULOU prédisait très probablement la chute, entre autres, du pouvoir politique actuel congolais en déclarant très judicieusement :
« L’équipe gouvernementale, aujourd’hui en place, exploite la jeunesse à des fins personnelles…Les intentions des responsables congolais n’échappent à personne. C’est si vrai que certains d’entre eux veulent fuir pour éviter le châtiment du peuple. Nous avons dit : à chacun son tour. Nous avons insinué que celui qui se sert de l’épée périra par l’épée, sans miséricorde. Pourquoi ont-ils l’intention de fuir ? C’est parce qu’ils ont la conscience lourde, sachant qu’il est criminel de mobiliser des gosses pour des ambitions personnelles, démesurées et sinistres, surtout lorsqu’il s’agit de gamins parfois de moins de six ans. Ils savent qu’il est aussi criminel d’utiliser de tels enfants pour piller et tuer. C’est parce qu’ils se rendent compte de cela, qu’ils récoltent les fruits de leurs crimes. Et que dire des études qu’ils ont empêché ces enfants de faire normalement ? De tels crimes, évidemment, triturent les consciences, d’où ces tentatives de fuite, d’où ces tentatives de diversions ».Abbé Fulbert YOULOU in « J’accuse la Chine » P.205.
            A dire vrai, le père de la Nation Congolaise, de par son analyse, avait parfaitement compris et intégré dans l’exercice de ses prérogatives la notion de droit ou d’Etat de droit laquelle, dans son expression conceptuelle, n’est possible ou réalisable que, si les organes de gestion politique et économique d’un groupe humain, à vocation étatique favorisent toutes les conditions sociales, politiques, morales et spirituelles requises qui en sont la source.
            Ainsi, tout système politique, n’importe lequel et quel qu’il soit, qui règne par la terreur et par les assassinats est appelé, de quelle que manière que ce soit, à mourir puisqu’un tel système porte déjà en lui les germes de sa disparition, du fait de la méconnaissance par ledit système, de ce qui constitue l’essence même de l’être à savoir : le mouvement ou la liberté.
Des observateurs sérieux de l’évolution de la société congolaise s’interrogent, en l’espèce, sur la portée prophétique des paroles de l’abbé Fulbert YOULOU. Adolphe TSIAKAKA « L’Abbé Fulbert YOULOU la mémoire oubliée du Congo-Brazzaville » autoédité 2009 P.239.
L’abbé YOULOU a-t-il finalement eu raison de traiter ces révolutionnaires de semeurs d’illusions socialistes qui ont aggravé fatalement et invariablement les maux qu’ils ont prétendu combattre. Le Congo a-t-il été engagé sur une très mauvaise voie ?
La réalité politico-sociale du Congo-Brazzaville actuelle semble avoir été décrite par le président-abbé YOULOU qui, en son temps, la présentait déjà de la manière, la plus prophétique qui soit, à savoir :
«  C’est la misère, c’est le désordre qui s’est d’ailleurs déjà installé, c’est l’anarchie qui règne actuellement, c’est le manque d’autorité dont nous avons la preuve tous les jours. Tout cela ne préoccupe nullement ce traître de la nation, l’avenir de ses enfants assuré. » Abbé Fulbert YOULOU « J’accuse la Chine » P.204.
Dans le même ordre d’idées, le président-abbé, à l’effet de soutenir le peuple congolais dans son noble combat pour la liberté ajoutait prophétiquement :
«  Mais encore une fois de plus, soyez assurés que de nombreuses sympathies des pays frères d’Afrique et du monde entier vous sont acquises. Vous vaincrez dans cette lutte opiniâtre de libération nationale que vous menez si efficacement.
Qu’on ne vous trompe plus. La victoire est de votre côté. Toutes les démonstrations des dirigeants fascistes à la solde de l’étranger sont vaines et sont d’avance vouées à l’échec.
C’est pourquoi je vous dis : Courage, confiance et persévérance. » Abbé Fulbert YOULOU « J’accuse la Chine » P.217.
C’est dire que, ni la violation des droits humains les plus fondamentaux qui soient, ni la guerre, ni les bombardements dans les pays sud du Congo-Brazzaville, ni les intimidations de toute sorte, ni la mort ne sauront remettre en cause la marche du Peuple Congolais vers la libération et, comme dirait le prophète abbé YOULOU, père de la nation, le jour est maintenant proche où sous les plis frémissants de notre drapeau tout un peuple triomphant marchera en chantant sur les routes de la prospérité, du progrès et du bonheur.
Que vive la liberté !
Que vivent les idéaux des pères fondateurs de la Nation Congolaise l’abbé Fulbert YOULOU et Jacques OPANGAULT !
                       RUDY MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU
                                      Avocat à la Cour



                                              Conférence du mois de Mai 2016 
                                                                                                                                           
Diasporas et Développement

Pour savoir et bien comprendre de quoi allons-nous parler ? Il me parait important  que nous saisissions ce que veulent dire : Diasporas et Développement.
  Du point de vue de l’histoire, le terme diaspora est utilisé pour désigner les communautés juives disséminées ici et là à travers le monde, au cours des siècles, loin du territoire de leurs ancêtres. Par extension, la diaspora signifie donc une communauté dispersée qui vie loin de son territoire d’origine. Pour faire simple, cette définition pourrait nous éclairer dans ce qui va suivre au cours de cette communication. S’agissant du terme développement, nous le comprenons comme un déploiement, le fait d’accroitre un objet, le rendre plus important, plus performant, mettre en relief ou exposer de toute évidence quelque chose qui grandit, capitaliser sur l’existant pour le porter au stade d’un rayonnement cohérent et harmonieux. Cette notion nous inspire donc le fait d’être dans une logique de croissance et non de la stagnation ou dans la décroissance. Il nous fait penser au progrès : « kuenda ku mantuala = Aller de l’avant ou progresser », enrichir un domaine spécifique pourrait de ce fait contribuer à son développement.
  Alors, qu’entendons-nous donc par Diasporas et développement, dans le contexte de notre intervention ? De quoi voulons-nous parler et à quelles fins utiles ?
   Parler de la diaspora africaine serait un peu prétentieuse, car il n’y a pas une seule Afrique, il y a des Afriques, entendu comme sous-ensemble au sein du grand continent qui regroupe plus de 50 pays avec tellement de diversités et des variétés des peuples multicolores, avec autant de mode de vie différentes, d’Alger au Cap, de Freetown à Djibouti, sans compter toutes ces iles encerclant ce majestueux continent : des iles du Cap-Vert à Madagascar et environnants. De la méditerranée à l’océan Indien, de l’océan Indien à l’océan atlantique. Des Afriques aux langues diverses parlées à travers tous les autres continents du monde. Oui, l’Afrique est multiple ! Parler de sa diaspora me parait réducteur, nous parlerons donc des diasporas des Afriques. Mais, nous ne voulons pas heurter les géographes et les historiens, en extrapolant à ce propos. Nous allons nous limiter à la diaspora de l’Afrique subsaharienne dont nous sommes issus.
Bien avant nous, des africains qualifiés de noirs furent déportés comme  esclaves, il y a six siècles, diversement appelés, tantôt noirs américains, tantôt afro-américains, ce qui serait une appellation discriminatoire et abjecte ; car dans les Afriques, nous n’appelons personne hollando-africains, les blancs qui ont élis domicile en Afrique du sud et qui plus encore ont infligés l’apartheid aux autochtones (ironie du sort !). Enfin, c’est une autre histoire.
  Voyez-vous, parler de diaspora peut nous emmener très loin, si nous voulons parler des dispersés de la communauté des peuples de l’Afrique subsaharienne. Recentrons-nous plus particulièrement sur les ressortissants de l’Afrique centrale, de l’Afrique australe et de l’Afrique de l’Ouest avec qui nous partageons quasiment les mêmes galères et les mêmes folies. Ces différents peuples dont nous constituons les diasporas africaines en Europe ont des dénominateurs communs : le sens du lien avec la famille restée au pays, le sens de la recherche d’équilibre dans la relation à l’autre, affectueuse ou affective, le goût prononcé de faire la fête, la prétention de vouloir prouver aux autres  membres de nos communautés d’origines qu’on a réussit, les sarcasmes. Les médisances, les colportages des ragots…les « buzoberies » de tous genres, brefs. Une envie plein de paradoxes et parfois de contradictions gênantes… sans omettre la religiosité, les superstitions et tutti quanti.
  Vivre loin de ses racines n’est pas une chose aisée, car il faut parfois lutter contre la nature qui ne nous fait pas toujours des cadeaux. Une recherche permanente d’équilibre est indispensable, tant les contraintes professionnelles nous imposent ou plutôt nous conditionnent à un notre mode de vie qui ne saurait faire économie de stress, etc. Ici, par exemple, le temps revêt une autre valeur que d’où nous venons : « time is money » disent-ils, alors que là-bas, la valeur du temps est dans la nature. A propos, pour se souvenir d’un évènement, on remontait le temps à partir d’un fait saisonnier, par exemple la moisson ou la récolte d’un champ, la naissance d’un enfant, un décès, un retrait de deuil, un mariage, etc. Aussi, pour gérer l’heure, nos grands parents s’orientaient selon le positionnement du soleil ou d’autres phénomènes comme la descente des lézards (des arbres) ; très probablement lorsque le soleil était au zénith. De nombreux exemples pourraient nous édifier à ce sujet. Vous comprenez donc que beaucoup d’entre nous aient du mal à courir tout le temps dans le sens des aiguilles d’une  montre. Ceci n’est qu’un détail qui vient illustrer quelques soucis du quotidien de certains d’entre nous, surtout ceux qui connaissent l’immigration à un âge avancé, le temps n’a pas la même valeur pour tous.
   Les raisons qui nous ont arrachées à nos pays d’origines sont si variées qu’il serait téméraire de porter un jugement de valeur sur le genre de vie que certains d’entre nous mènent dans ces pays d’exile où d’autres ont été obligés et contraint de s’établir, en attendant un retour hypothétique au pays.
   Dur-dur, la vie d’exilés ! Cependant, d’autres ayant franchis le seuil du paradis tant espéré, tant rêvé vont avoir quelquefois des comportements pour le moins surprenant. C’est aussi tout cela les diasporas des Afriques, des peuples en mouvement, mais vers quel but, pour quel objectif ?
  Il y a de ceux qui ont pris le chemin de  l’immigration par contrainte, d’autres par convenance, cependant, tous nous sommes logé à la même enseigne à l’étranger : s’intégrer dans les pays qui nous accueillent, en nous conformant aux lois en vigueur dans leurs pays ; ce qui ne va pas sans peine ! Avec des soucis de régularisations administratives, pour obtenir titre de séjours et d’autres démarches nécessaires. Pour ceux  qui ont déjà franchi ce cap, désormais c’est avec le fisc qu’ils devront composer, car reconnu par l’état : chômage, impôts, etc. Ceux qui sont « dénaturalisés » (changer de nationalité) vont devoir envisager leur existence autrement dans leur pays d’option ou d’adoption. Tous ces paramètres vont influencer leur mode de vie et partant, leur rapport avec le pays d’origines. Pour certains, tout se joue désormais ici plutôt que là-bas, oubliant ou ignorant simplement la famille restée au pays, lorsque les liens n’ont pas été rompues pour des raisons diverses : sorcellerie, demandes abusifs d’argent par des tiers membres de la famille, déceptions suite aux affaires qui ont mal tournées où on s’est fait avoir, etc. Ne pouvant plus concilier les galères d’ici et de là-bas, on a vite fait de prendre du large, en se contentant de mieux se gérer ici. D’autres restent sans cesse écartelés entre les problèmes de là-bas et ceux d’ici qu’il faudrait gérer. Le contraste socio économique et culturel génère souvent des malentendus et parfois des tensions qui peuvent avoir des répercussions dans les foyers où l’implosion et les divorces finissent par prendre le dessus dans les ménages. Ce n’est donc pas facile de s’établir ailleurs que chez soi, avec tout ce que cela comporte.
   Néanmoins, d’autres ne s’en tirent pas si mal, ils consentent d’énormes sacrifices ici, pour investir là-bas, dans l’espoir d’y garantir les vieux jours. D’autres encore commercent allègrement avec d’où ils viennent, pour s’octroyer un bol d’air pour ici. Hélas ! Ce n’est pas souvent le cas pour le plus grand nombre dont les pays d’origines sont en proie à la corruption, aux guerres, à l’instabilité politique, aux épidémies. Bref, la totale ! Comment tirer profit de l’immigration, lorsqu’on ne peut plus retourner d’où l’on vient ou lorsqu’on ne sait plus comment y retourner ? Surtout lorsque la politique s’en mêle ! Certains vont essayer de trouver refuge dans les groupes de ressortissants du pays d’origines, une forme de replis identitaire, pour compenser le mal du pays. D’autres par contre vont s’éloigner des gens du pays, pour vivre autrement leur solitude et tenter de faire comme les autochtones, empruntant leur mode de vie et ainsi s’affranchir des choses du pays. Mais tôt ou tard, la réalité finit par rattraper celles et ceux qui se sont laissé séduire par le mirage de l’intégration mal ficelée. Ne dit-on pas que le séjour d’un morceau de bois dans l’eau ne l’a jamais transformé en crocodile ?
  Ayant fait d’autres expériences en pays de migrations, on en trouve, des idées d’émancipation où notamment, on rêve que les choses changent au pays. On se lance tantôt dans des actions politiques, pour développer d’où l’on vient. Mais quel type de développement envisageons-nous bien souvent ? Faire de là-bas un autre ici ! Complètement déconnecté de la culture autochtone et des mentalités gravées dans l’inconscient collectif. C’est là que le bas-blesse des esprits éclairés qui se sont imprégné des « occidentalités » sans changer de mentalité vont se heurter à l’aliénation culturelle, sachant que chaque continent a ses mœurs, ses cultures et que tout est « mouvement, tout est changement, tout est évolution » certes, mais jamais sans composer avec l’altérité, car seul l’esprit affranchit des pesanteurs de la matière pourrait mieux s’épanouir dans n’importe quel environnement, car transposer un modèle social, politique ou économique sur un territoire qui s’abreuve d’autres sources que celles des eaux souillées de fukushima ne sauraient développer ni le végétal, ni une quelconque espèce vivante en son sein. Le développement humain est avant tout une question de maturité intellectuelle, culturelle et sociale, de façon que suivent harmonieusement les autres aspects liés à son épanouissement spirituel et matériel. Tout le reste n’est que business. Le développement humain est dans le bonheur au sein duquel tout être humain puise son épanouissement. Il ne saurait être une affaire ni de château ni de commodités extravagantes, de possession démesurée de biens mobiliers et immobiliers ; sinon les enfants d’Afrique subsaharienne n’auraient jamais su  ce que rire ou sourire signifierait, à comparer avec ceux qui baignent dans le confort occidental auprès desquels il faudrait presque apprendre à sourire ou à rire !
  Mais pourquoi diable, les gens de la diaspora entrainent-ils leurs pays dans les méandres d’un développement obsolète ? Développer l’Afrique ne consiste pas à construire des logements sociaux, un copier coller emprunté à l’occident et susceptible de dénaturer le lien social du muntu avec ses semblables et son environnement. Notre développement ne serait-il pas refonder notre patrimoine culturel sur des bases intégrées du monde ancien aux valeurs universelles de notre monde contemporain (kohko mahji-kohko mungua) ? Que nos architectes usent d’originalité et d’inventivité pour mieux transposer ce qu’ils ont acquis ici en occident. Notre développement devait consister à accroitre les possibilités existantes, les mettre en valeur et les promouvoir ; tant soit peu au niveau culturel, économique, spirituel, etc. Aucun développement ne peut s’accomplir s’il n’est en symbiose avec la culture autochtone. Une réelle incarnation de la vision de la modernité s’impose, pour développer un peuple, un pays, un continent. Nous devons perfectionner l’existant (ki ma=ce qui a été donné, donc acquis), de son état embryonnaire à un stade avancé, adapté à la sociologie ambiante de nos contemporains, ainsi notre développement aura un visage d’humanité, au lieu de toujours tout importer des autres. L’Afrique subsaharienne dispose du quart des matières premières du globe terrestre, mais Elle semble continuer à tout attendre de l’Occident, au point où certains maniants se tapent l’Afrique avec ses ports maritimes et ce qui devrait appartenir à la primauté d’un Etat, ses terres fertiles qu’ils vont bientôt user avec des engrais chimiques, des pesticides et tutti quanti. Où sont donc passé les élites africaines qui étaient venu perfectionner leurs savoirs et capitaliser sur leurs atouts pour développer l’Afrique qui continue à servir de vache à lait aux éternels colons ? Nos malheurs, nos misères ne viennent pas des autres sans notre complicité ou plutôt avec notre traitrise. Apprenons à être nous-mêmes de façon que notre développement à taille humaine puisse redonner de la dignité aux africains dont l’ouverture aux autres continents subit des restrictions discriminatoires mais qui pourtant devrait trouver beaucoup plus de fierté à progresser dans la mutualisation de transfert de compétences, plutôt qu’à venir se jeter dans la gueule du loup, comme beaucoup d’entre nous…
   Les résultats des statistiques de la banque mondiale nous donnent : en 2013, 39,16millions d’africains en Amérique du nord. 112, 65millions en Amérique latine. 13,56millions au Caraïbes et 3, 51 millions en Europe. Les transferts d’argent des diasporas africaines avoisinaient 39 milliards de dollars en 2015. Ceci pour signifier qu’il existe tout de même un mouvement des diasporas africaines envers leurs pays d’origines ; cependant vers quelles fins sont destinées ces fonds : pour assurer l’assistanat de nos familles ou pour les promouvoir et leur redonner de la dignité dont elles sont dépouillées par leurs gouvernants ? A travers des projets fiables et inculturés ou bien investissons-nous en Afrique pour nous substituer aux Etats démissionnaires qui ne peuvent même pas garantir les soins médicaux rudimentaires à leurs populations ? Ou bien, faisons-nous du social à la place de l’Etat démissionnaire, pour construire des écoles, installer des bibliothèques, etc. Si telle est notre situation, alors, ne croisons plus les bras, nous devons nous mêler de la gestion de la chose publique, pour ne pas laisser à ces rapaces le monopole de ce qui doit profiter à tous les citoyens, plutôt que d’encourager ces vautours à la gabegie et à la corruption…
  Penser développement en référence aux clichés du développement de l’Occident serait ouvrir grandes les portes au néocolonialisme dévastateur in fine. Ceci n’excluant pas les échanges gagnant-gagnant qui honorent tout un chacun, en vertu de ce que l’autre pourrait apporter dans le respect de chacun. Nous devons prendre nos responsabilités, chacun en fonction de nos compétences, de nos acquis et de nos possibilités. Nous n’allons pas contribuer au développement de l’Afrique dans le mimétisme aveugle, mais en conciliant nos ressources locales aux potentialités disponibles ici et là-bas, dans la responsabilité, la dignité-le discernement-la diligence.

                             KOUNKOU Kue Theodulos Auguste, pour www.thauko.com
Paris, le 1er Mai 2016


                                      Conférence mensuelle : Avril 2016
                                                                                                                                           L’Afrique subsaharienne et ses diables aux pouvoirs absolus

 Toutes les sociétés sont régies par des lois, des règles qui canalisent les droits et les devoirs des individus qui se partagent le même espace vital. Ainsi en est-il d’un biotope ou d’une niche écologique pour d’autres espèces qui y vivent.
   Pour les humains qui prétendent être égaux, il apparaît que les lois ou les règles de vie commune qu’ils se définissent (sous quelque mode que ce soit) doivent être régentées par un peu « plus égaux » que d’autres : des personnes autorisées, ayant reçues mandat de veiller à l’application ou du moins à faire respecter les lois ou règlements de la collectivité. Ce sont donc ces personnes autorisées, appelés plus éloquemment « autorités » qui jouent ce rôle.
   Le rôle imparti aux autorités leur confère un pouvoir qui le situe à une certaine distance des autres, car désormais leurs relations aux autres va se vivre en fonction du rapport avec la loi ou les règlements de la société définie.
  Il apparaît évident que le pouvoir donne aux uns, c’es-à-dire aux personnes mandatées à exercer certaines prérogatives, à interpréter les textes et à en donner l’esprit. Ainsi se constitue la chefferie dans la société, car le chef (la tête) devient une référence et de ce fait ne sera plus au même niveau que les autres membres du corps (la collectivité). Il lui incombera désormais d’incarner l’esprit des lois par l’exemplarité, le témoignage de vie. Nos sociétés traditionnelles furent constituées ainsi, avec un aréopage de dignitaires sensés dire le droit et le faire respecter. Au sein de l’institution des dignitaires du pouvoir va se hisser un autre pouvoir plus en vue, pour coordonner l’ensemble. D’une manière générale, c’est toujours autour d’un rituel que cette prise de fonction va se faire ; on y associant concomitamment les « absents- présents » (ceux de l’en dessous) qui nous portent sur la terre et dans l’espace temporel avec les membres « présents-visibles » qui vont devoir se conformer à l’autorité consacrée.
   Le chef n’est donc plus n’importe qui ! Il reçoit le pouvoir vertical et horizontal de la communauté des vivants avec qui et sur lesquels il peut exercer sa préséance. Il reçoit de la communauté le privilège d’être le trait d’union avec les ancêtres envers lesquels il doit aussi s’acquitter d’un certain nombre d’obligations. Les autres membres de la communauté porteront sur lui un autre regard, une toute autre considération. Voilà qui va accroitre le pouvoir d’un individu qui a été comme les autres, mais dont le rituel d’intronisation vient de lui changer de rang, de distinction.
   Le pouvoir est donc un fait indubitable dans la société pour que celle-ci vive en harmonie en son sein, mais aussi avec les autres, les extracommunautaires, puisque chaque société est régie par les us et les coutumes qui assurent la pérennité d’un peuple. Ce pouvoir attribué par la société traditionnelle chez les bantu (en général) était de gestion collégiale aussi bien avec les « absents-présents » que les membres du collège des dignitaires, représentant du peuple.
   A la croisée des chemins avec « l’Etat importée » et ses attributs les plus fantaisistes et ambigües, le chef d’un Etat défini devient plutôt comme la pommelle d’une porte qui va s’orienter dans le sens du mouvement (intérieur ou extérieur), quoique fixé sur le cadre qui le relie à l’ensemble de l’édifice (le peuple). Cette métaphore en dit long, de la manière dont nos chefs d’Etats en Afrique subsaharienne exercent leur pouvoir vis-à-vis de leurs peuples respectifs. Etablis bien souvent pour garantir les intérêts d’anciennes puissances coloniales avec une mince marge de manœuvre pour ces pantins vis-à-vis des populations dont ils ont la charge ! Pris en étaux entre les impératifs économiques des autres et la devoir du résultat probant pour la collectivité, bien souvent ceux qui exercent le pouvoir politique en Afrique subsaharienne ont le tournis et finalement, on les voit peu à peu s’éloigner de leur base, s’enfoncer dans l’autoritarisme, pour finir par exercer leur pouvoir de façon absolu, à quelques exceptions  qui s’en sont allé, hélas ! Précipitamment dans l’en –dessous, tant ils voulaient vivre l’exercice du pouvoir de manière collégiale, en se conformant à la volonté de leurs peuples respectifs. Le poids de l’op pression ne dit pas son nom, pour les pays dits indépendants.
  En Afrique subsaharienne, nous avons des traditions qui font que l’ainé ou le chef jouisse de considération exaltante, voire même démesurée à la limite de l’adulation, cependant le chef ne se comportait jamais en tyran, terrorisant les siens, car son pouvoir lui venait des autres, de la cour des sages ou des « nganga » (les experts), mais surtout des ancêtres-les nkaaka (les ancêtres protecteurs) envers lesquels le chef devait se soumettre, en respectant les lois (mikieno), faute de quoi son pouvoir allait à la déchéance : surtout par manque de respect de la vie de ceux dont il avait la charge. Nous ne sommes pas ici dans un fonctionnement ni de type autocratique ni démocratique ni monarchique à l’occidental, mais dans un cas de figure bien particulier où la culture et les traditions autochtones canalisent l’exercice du pouvoir.
   Cependant, avec l’imposition outre-mer de l’exercice du pouvoir téléguidé de l’occident avec les méandres de la démocratie qui étale ses limites au XXIe siècle, principe de gouvernement basé sur la force et la puissance des majorités qui n’entendent que le langage  de rapports de forces et des conflits musclés, pour se faire entendre et ainsi faire fléchir ceux qui gouvernent. Tandis qu’autrefois chez les Bantu, c’était autour de la légendaire palabre africaine que tout se passait, un mode de gouvernement plus consensuel que de faire passer en démocratie des lois disposant de « passe-droit » !
  La démocratie à l’occidental finit par se révéler comme une dictature des majorités investies sur les majorités silencieuses n’ayant pas droit au chapitre. Ce modèle de gouvernement vaut-il la peine d’être imposé et exporter outre-mer, comme un principe de gouvernement universel ? La réponse pourrait venir de Jacques Rancière, dans son opuscule : « Lahaine de la démocratie », cité dans notre ouvrage Kintuadi-Mayela à la page 102 , je cite : « La mécanique des institutions qui passionna les contemporains de Montesquieu, de Madison ou Toqueville ne les intéresse pas. C’est du peuple et de ses mœurs qu’ils se plaignent, non des institutions de son pouvoir. La démocratie pour eux n’est pas une forme de gouvernement corrompue, c’est une crise de la civilisation qui affecte la société et l’Etat à travers elle. D’où les chassés croisés qui peuvent à première vue sembler étonnants. Les mêmes critiques qui dénoncent sans relâche cette Amérique démocratique d’où nous viendrait tout le mal du respect des différences, du droit des minorités et de l’affirmative action sapant notre universalisme républicain sont les premiers à applaudir quand la même Amérique entreprend de répandre à travers le monde par la force des armes » (cf. La haine de la démocratie, p.9 La fabrique édition). Nous ne jetons pas d’opprobre sur la démocratie, cependant nous constatons qu’elle ne saurait être la solution aux questions existentielles des peuples pacifiques qui sont de traditions plutôt consensuelles que conflictuelles. La démocratie basée sur les contre-pouvoirs à son exercice entend plus le langage de conflits, des manifestations, de récriminations plutôt que le « kohko mahji-kohko mungua » : la pratique sociale du juste milieu promue par les koongo.
Jacques Rancière que nous citons à travers « Kintuadi-Mayela, pp.114-115  » poursuit en ces termes : « Platon, est le premier a inventer ce mode de lecture sociologique que nous déclarons propre à l’âge moderne, cette interprétation qui traque sous les apparences de la démocratie politique une réalité inverse : la réalité d’un état de société où c’est l’homme privé, égoïste qui gouverne. La loi démocratique n’est ainsi pour lui que le bon plaisir du peuple, l’expression de la liberté des individus qui ont pour seule loi les variations de leur humeur et de leur plaisir, indifférentes à tout ordre collectif. Le mot démocratie alors ne signifie pas simplement une mauvaise forme de gouvernement et de vie politique. Il signifie proprement un style de vie qui s’oppose à tout gouvernement ordonné à la communauté. La démocratie, nous dit Platon au livre VIII de la République, est un régime politique qui n’est pas un. Elle n’a pas une constitution, car elle les a toutes. Elle est un bazar aux constitutions, un habit d’arlequin tel que l’aiment les hommes dont la consommation des plaisirs et des droits est la grande affaire. Mais elle n’est pas seulement le règne des individus faisant tout à leur guise. Elle est proprement le renversement de toutes les relations qui structurent la société humaine : les gouvernants ont l’air des gouvernés et les gouvernés des gouvernants ; les femmes sont les égales des hommes ; le père s’accoutume à traiter son fils en égal ; le métèque et l’étranger deviennent les égaux des citoyens ; le maître craint et flatte des élèves qui, pour leur part, se moquent de lui ; les jeunes s’égalent aux vieux et les vieux imitent les jeunes ; les bêtes mêmes sont libres et les chevaux et les ânes, conscients de leur liberté et de leur dignité, bousculent dans la rue ceux qui ne leur cèdent pas le passage » (cf. J.R. La haine de la démocratie, P.42)
  Que dire au final de cette comparaison ? Si tous les peuples de la terre étaient égaux tel que proclamé par la charte universelle des droits de l’Homme, les peuples entretiendraient entre eux un commerce basé sur le respect de l’altérité, plutôt que sur l’imposition d’un système de gouvernement qui ne tiennent compte de l’histoire, des coutumes et des traditions spécifiques de chacun. Hélas, que de bons discours a noyer le poisson ! Et pourtant les valeurs prônées par la démocratie pourraient être universelles, dans la mesure où celles-ci croiseraient l’inculturation autochtones. Il faudrait sans doute qu’on y travaille, pour que se taisent tout donneur de leçon aux égarés détenteurs du pouvoir absolu sur le continent Africain, plus particulièrement.
   Le pouvoir absolu des potentats africains émerge de cette dichotomie de démocratie et de mélange incongrue des valeurs aériennes de la chefferie traditionnelle emmitouflée de paternalisme. Lorsque le salaire des fonctionnaires fait l’objet de chantage de la part des gouvernants et que le salarié aliéné s’entende dire que le président « Kingandi » va payer ; il n’ya rien de moins que de l’infantilisation des travailleurs, qui, comme des gosses attendraient du pain ou des bonbons de leurs parents. Ici disparait toute notion d’un Etat de droit qui se substituerait à la vassalité. C’est par le billet de ce paternalisme étatique que le peuple se laisse écraser, à cause de l’ignorance de ses droits et de ses devoirs, pour se laisser dicter toute conduite.
   Le pouvoir absolu de certains ne leur est donné que par l’entremise de la méconnaissance ou de l’ignorance de la majeure partie du peuple qui a rompu son contrat avec la culture. Le pouvoir surf sur cet acquis pour mettre les gouvernés sous le joug de la dictature. Les élites qui auraient pu éclairer le peuple se sont fourvoyés dans les mondanités occidentales, loin des préoccupations de la survie des populations vulnérables, lorsque l’hédonisme n’aurait pas eu raison de leur existence !
   L’appétit venant en mangeant, les détenteurs du pouvoir ne se voient plus exister autrement que par lui, ainsi la conservation du pouvoir par tous les moyens devient-il obsessionnel, donc pathologique. Pour y rester à tout jamais, on fait sauter les verrous des antivaleurs : corruption, trafic d’influence, laisser-aller…pour gagner la confiance des courtisans qui font faire le « sal boulot »d’étouffer tout mécontentement, toute réaction hostile au pouvoir. Ainsi va s’enraciner le pouvoir absolu comme l’œil d’Horus qui voit tout, sait tout et finira par donner à la tête (le chef) des idées ou plutôt lui insuffler la logique du coup d’état permanent, sachant que cet état d’esprit rend paranoïaque ! Arrivé à cette étape, on commence à voir le diable partout ! Or, chez les koongo, « le chef du village ne voit jamais le diable ! ». Ceci dit, c’est le branlebas qui s’annonce dans la société et l’enfoncement du peuple dans l’atroce misère morale, culturelle, économique. Bref, l’apothéose des crises qui, un jour conduira à l’implosion de la société.
  Dans une conjoncture délétère, impuissant et misérable, chacun attend son messie et ici, tout bon parleur qui sait capitaliser sur les frustrations des plus vulnérables y adjoignant une douce dose de religiosité  feint de paraître comme le Moïse, le sauveur, le libérateur du peuple. Combien de messie ont fini par se graisser la patte puis se sont détourné habilement de celles et de ceux qu’ils ont prétendu conduire à la terre promise ou dans un Etat de droit ?
   Rien n’est plus minable pour un soit disant intellectuel que de se complaire à la manipulation des masses, faibles, incultes et ignorants pour leur imposer sa suprématie, ce serait comme voler la nourriture d’un aveugle. L’intellectuel est celui qui va affronter la gnose des autres et se confronter à plus érudit que lui, ou du moins à ses égaux, mais pas aux mal lotis, aux moins outillés que soi, sinon cela ne serait que de l’escroquerie et de l’infamie. L’intellectuel est aussi celui qui sait transposer dans le réel, ce qui gravite dans sa conception, sinon, le reste ne serait que théorie des lettrés, des gens instruits, mais pas assez cultivés (je m’en excuse !).
  L’Afrique subsaharienne fait bien souvent face à ce genre de lettrés éclairés qui séduisent les pauvres gens, pour les plonger plus-tard dans l’amertume et la résignation. Ces diables, perturbateurs de sérénité et de quiétude divisent pour régner ; tel est l’étymologie  de diabolos, celui qui divise, celui qui sépare et rompt, par le fait même toute cohésion au sein de la société humaine. Il ne saurait en être autrement : que pourrait-on attendre du diable, diable alors !
   La longévité ou la survivance du pouvoir absolu des chefs d’Etats en Afrique subsaharienne est avant tout un problème culturel, profondément enraciné dans l’éducation des masses. Ainsi, l’éducation est relégué à dessein à l’arrière plan dans la gouvernance des Etats, de façon à « main-tenir » dans la manipulation permanente les population non aguerries à l’esprit critique, conditionnées par la survie quotidienne. Si les peuples pouvaient se passer des soucis de nourriture, d’eau potable, et de la préoccupation des soins médicaux, il s’émanciperait et s’affranchirait des gourous et des prétendus messies, et même du pouvoir politique pour exister.
  Hélas, bâillonné et condamné à la survie quotidienne, le peuple infantilisé aura toujours besoin d’un père de la Nation et de la première dame et du fils de et de la fille de, pour la fierté nationale. Malheur et misère ! Vivre par procuration devient une fatalité à laquelle les gens viennent malheureusement à s’accoutumer ou plutôt à s’accommoder.
   Les politiciens véreux qui ont bien capté le profil sociologique et psychologique de leurs concitoyens en arrivent à leur fabriquer des croyances à l’eau de rose, les maintiennent dans le statut quo, tandis qu’ils propulsent au loin leur progéniture avec les moyens de l’Etat. Petit à petit, la monarchie fait son nid dans nos républiques bananières où le motif mis en relief serait les compétences acquises par leurs enfants, leur conférant de facto le droit d’occuper les fonctions stratégiques, dans la gestion de la chose publique. Une monarchie déguisée se profile à l’horizon, hypothéquant les chances des autres jeunes compatriotes compétents qui n’ont guère de choix que de végéter en immigration, partir en exile où néanmoins le mérite et les compétences peuvent être reconnu  et récompenser à juste titre.
   Enfin, le dernier fléau qui cristallise le pouvoir absolu de nos diables est ce que nous pouvons appeler : le poids de l’ethnie, pour les peuples en voie d’évolution sociologique. Ce phénomène sévit surtout dans les ethnies minoritaires qui souffriraient peut-être du syndrome des minorités : plus les gens sont issus de ces groupes se hissent plus haut, plus ils font dans le favoritisme, au détriment du mérite des autres qui constitueraient un danger pour eux, pour leurs intérêts et non pour le bien commun. L’ethnie devient un subterfuge où la complaisance est garantie pour sécuriser le pouvoir. Les autres, différents, laisseraient planer des menaces au pouvoir qu’on souhaiterait garder coûte que coûte dans la région, la tribu ou le clan. Ace sujet, je vous recommande vivement de vous procurer le livre de maître Brice Nzamba, avocat au barreau de Paris, intitulé : « De l’ethnie à l’Etat-Nation », éd. L’Harmattan.
   Aussi, pour se débarrasser du pouvoir que ces potentats ethniques font peser sur l’ensemble des populations, le peuple conscient et éveillé doit se préserver de l’assistanat des gens du pouvoir ou de leurs appendices d’ONG, fournisseurs de casquettes, tee-shirt, une tournée de bières, une offre de plaisirs faciles, etc. Opposant ipso facto de la résistance constructive, par le moyen de l’autonomie productive ; si non les autres feront toujours partie de la race soumise, résignée, manipulable à dessein.
   Dans l’oppression, optons pour la résilience au lieu de stagner dans la résignation, car le pouvoir absolu des tyrans ne leur vient que de la démobilisation et de la démission du peuple. Résistance-Résilience-Réflexion.

                                            KOUKOU KUE Theodulos Auguste, pour www.thauko.com
Paris, le 11 Avril 2016