La pensée
unique, une malédiction collective ?
Il existe des faits indéniables
dans la vie qui peuvent susciter l’adhésion unanime de tout un peuple et par extension,
de tout le monde. Cependant, si vous appartenez à ce monde ou au peuple concerné,
mais ayant une vision quelque peu nuancée, attendez-vous à être traité de tous
les noms d’oiseaux de mauvais augure, car se dissocier du conformisme collectif
engendre souvent la marginalisation de celui ou celle qui verrait différemment
les choses et d’aventure oserait les dénoncer ou donner simplement son avis !
Mais les marginaux n’ont pas toujours tord, ils peuvent être bien évidemment au
seuil d’une vison objective, que ceux qui sont atteint de l’atavisme congénital
ne sauraient percevoir, parce que manipulables à dessein ou simplement ignorant
ou manquant de sens critique et
peut-être même de courage, pour oser assumer leur vision des choses.
Les choses sont encore plus compliquées,
lorsqu’il s’agit de ramer à contre courant avec ce qui parait évident pour tout
le monde (l’obscurantisme aidant !). Ce n’est pas parce qu’une chose
parait évidente à tous qu’elle
contiendrait la vérité absolue, car la vérité est diversement appréhendée, en
fonction de la culture, de l’éducation et de l’histoire de chacun ; donc
chacun devrait laisser à l’autre ou aux autres d’apprécier un évènement qui pourrait
émouvoir tout le monde (la tolérance), car « l’évidence est ce qu’il
y a de moins évident pour tous ».
La mort d’une célébrité, par exemple suscite
tellement d’émotion qu’elle ensevelie le message capital qui devrait instruire
le commun des mortels qui continuent son
chemin ici-bas (message capital, somme toute relative). Un proverbe Koongo nous
enseigne : « Wa fua wa toma », autrement dit, du mort on ne
chante que ses louanges, le bénir (dire du bien de lui), sûrement à cause de
son voyage ultime vers l’en-dessous, mais aussi à cause de l’émotion que
pourrait susciter une telle tragédie, surtout si le mort incarnait une
institution ou s’il était devenu soudain un monument, etc.
Les morts d’outre –tombe ne peuvent pas juger
les vivants de l’en-dessous, car leur tribunal est plus juste que l’épée ou la
balance qui symbolise l’iniquité de notre pouvoir judiciaire. Cependant, ne pas
lire et comprendre le message que nous laissent les morts ne saurait ni
blanchir l’âme du défunt ni nous inspirer davantage d’hommages à sa mémoire.
La vie, si digne et si pleine fut-elle
laissera toujours des messages à saisir pour instruire ceux qui restent sur le chemin,
pour se purifier et pour tendre davantage à la perfection qui, seule est
l’apothéose d’une vie qui aurait su se laisser enseigner par la mort des
autres. Quelqu’un a dit : « la fin justifie les
moyens » ! Lorsque je pense à la mort d’un Elvis Presley par exemple,
de Mike Brandt, de Whitney Houston, pour n’évoquer que leur mémoire, nous avons
le sentiment que ceux qui sont adulés et dont le nombre de « fans »
est sans compter subissent, hélas, une solitude qu’un solitaire ordinaire
n’aura jamais éprouvé. Et pourtant, que de louanges s’élèveront, que de
clameurs, quelle unanimité sur leurs œuvres, surtout si celles-ci égaillaient
tant leur vie !
Et pourtant, par delà leur célébrité, les
morts qui font le plus d’unanimité nous laissent bien souvent un héritage
d’imperfections à corriger, car leur côté séduisant a pu induire en erreur des
générations dans l’égarement, à cause de leur vanité qu’ils n’ont brillé
(stars) de leur lumière, ayant entrainé et maintenus les autres dans les
ténèbres obscures de leurs succès. Que d’artistes musiciens bien célèbres de
chez nous ont aiguillé la jeunesse à la dépravation des mœurs, tandis qu’ils
faisaient leur fortune sur le dos des pauvres fanatiques. Que d’artistes
musiciens bien célèbres de chez nous ont pactisé avec des pouvoirs tyranniques
pour lesquels ils ont promu la longévité, amassant sans vergogne des biens au
profit personnel, rabaissant par le fait même ceux qui font leur ascension.
Tel artiste s’est donné tant de mal pour
arriver à l’apogée de sa carrière et voici que dans la vanité des honneurs et
des considérations factices, il se lancera dans la promiscuité avec des
pouvoirs corrompus et inhumains pour le reste de ses jours, coulant ainsi dans
les crépuscules d’une gloire infâme. Un ami chanta : « Devenez ce que
vous recevez » (BBM), oui, nous serions ce que nous aurions donné, hélas,
les voluptés de ce monde nous engouffrent souvent à des fins tragiques et
ignominieuses, alors que nous aurions mérité plus, une véritable
éternité ! L’art sans éthique n’est plus que du lard !
Thauko.com, Paris
le 27/04/2016
Libre tribune
La plume de mains de
maître Rudy, pour nous remettre les idées en place !
LES PROPHETIES DE L’ABBE FULBERT YOULOU SONT-ELLES EN PHASE
DE SE REALISER CONTRE LES ENNEMIS DE LA NATION CONGOLAISE A L’OCCASION DU
QUARANTE QUATRIEME ANNIVERSAIRE DE SA MORT ( 05/05/1972-05/05/2016)
QUI VIVRA, VERRA !
Premier
président d’une République congolaise nouvellement indépendante l’année 1960
durant, l’abbé Fulbert YOULOU fut, outre sa qualité d’Homme d’Etat d’une
exceptionnelle envergure, un excellent écrivain et surtout un visionnaire dont
les analyses revêtaient, quelque peu, une caractéristique prophétique.
En dépit de
sa perspicacité et de sa grandeur en tant qu’être humain, l’homme politique
qu’il était, fut contraint, à la démission puis forcé à s’exiler en Espagne où
il mourut un 5 mai 1972. En 1963, le président-abbé Fulbert YOULOU avait été
honni et stigmatisé par les soi-disant révolutionnaires devenus maîtres du
Congo-Brazzaville qui y sont toujours avec une gouvernance sociopolitique non
pourvue de conscience nationale.
Depuis la
chute de l’abbé Fulbert YOULOU, le Congo-Brazzaville continue à sombrer dans
l’océan des larmes et des douleurs puisque :
« La situation générale se dégrade de jour en
jour, l’étiage économique a baissé, le nombre
des chômeurs s’est accru. Que se passe-t-il encore ? Dans son ensemble, le
pays régresse, la haine des uns contre les autres ayant repris le dessus »
Abbé Fulbert YOULOU in
« J’accuse la Chine » La Table Ronde 1966 P.207.
En sa
qualité d’intellectuel, d’homme politique avisé et d’excellent écrivain, l’abbé
Fulbert YOULOU tint un jugement prophétique tant sur le portrait criminel du
révolutionnaire socialiste congolais que sur sa chute qui bien évidemment
serait fatale, cruelle et donc inévitable.
D’une
manière, quelque peu apocalyptique, l’abbé Fulbert YOULOU prédisait très
probablement la chute, entre autres, du pouvoir politique actuel congolais en
déclarant très judicieusement :
« L’équipe
gouvernementale, aujourd’hui en place, exploite la jeunesse à des fins
personnelles…Les intentions des responsables congolais n’échappent à personne.
C’est si vrai que certains d’entre eux veulent fuir pour éviter le châtiment du
peuple. Nous avons dit : à chacun son tour. Nous avons insinué que celui
qui se sert de l’épée périra par l’épée, sans miséricorde. Pourquoi ont-ils
l’intention de fuir ? C’est parce qu’ils ont la conscience lourde, sachant
qu’il est criminel de mobiliser des gosses pour des ambitions personnelles,
démesurées et sinistres, surtout lorsqu’il s’agit de gamins parfois de moins de
six ans. Ils savent qu’il est aussi criminel d’utiliser de tels enfants pour
piller et tuer. C’est parce qu’ils se rendent
compte de cela, qu’ils récoltent les fruits de leurs crimes. Et que dire des
études qu’ils ont empêché ces enfants de faire normalement ? De tels
crimes, évidemment, triturent les consciences, d’où ces tentatives de fuite,
d’où ces tentatives de diversions ».Abbé Fulbert YOULOU in
« J’accuse la Chine » P.205.
A dire vrai,
le père de la Nation Congolaise, de par son analyse, avait parfaitement compris
et intégré dans l’exercice de ses prérogatives la notion de droit ou d’Etat de
droit laquelle, dans son expression conceptuelle, n’est possible ou réalisable
que, si les organes de gestion politique et économique d’un groupe humain, à
vocation étatique favorisent toutes les conditions sociales, politiques,
morales et spirituelles requises qui en sont la source.
Ainsi, tout
système politique, n’importe lequel et quel qu’il soit, qui règne par la terreur
et par les assassinats est appelé, de quelle que manière que ce soit, à mourir
puisqu’un tel système porte déjà en lui les germes de sa disparition, du fait
de la méconnaissance par ledit système, de ce qui constitue l’essence même de
l’être à savoir : le mouvement ou la liberté.
Des observateurs sérieux de l’évolution de la société congolaise
s’interrogent, en l’espèce, sur la portée prophétique des paroles de l’abbé
Fulbert YOULOU. Adolphe TSIAKAKA « L’Abbé
Fulbert YOULOU la mémoire oubliée du
Congo-Brazzaville » autoédité 2009 P.239.
L’abbé YOULOU a-t-il finalement eu raison de traiter ces
révolutionnaires de semeurs d’illusions socialistes qui ont aggravé fatalement
et invariablement les maux qu’ils ont prétendu combattre. Le Congo a-t-il été
engagé sur une très mauvaise voie ?
La réalité politico-sociale du Congo-Brazzaville actuelle semble
avoir été décrite par le président-abbé YOULOU qui, en son temps, la présentait
déjà de la manière, la plus prophétique qui soit, à savoir :
« C’est la misère,
c’est le désordre qui s’est d’ailleurs déjà installé, c’est l’anarchie qui
règne actuellement, c’est le manque d’autorité dont nous avons la preuve tous
les jours. Tout cela ne préoccupe nullement ce traître de la nation, l’avenir
de ses enfants assuré. » Abbé Fulbert YOULOU « J’accuse la Chine » P.204.
Dans le même ordre d’idées, le président-abbé, à l’effet de
soutenir le peuple congolais dans son noble combat pour la liberté ajoutait
prophétiquement :
« Mais encore une
fois de plus, soyez assurés que de nombreuses sympathies des pays frères
d’Afrique et du monde entier vous sont acquises. Vous vaincrez dans cette lutte
opiniâtre de libération nationale que vous menez si efficacement.
Qu’on ne vous trompe plus.
La victoire est de votre côté. Toutes les démonstrations des dirigeants
fascistes à la solde de l’étranger sont vaines et sont d’avance vouées à
l’échec.
C’est pourquoi je vous
dis : Courage, confiance et persévérance. » Abbé Fulbert YOULOU « J’accuse la Chine » P.217.
C’est dire que, ni la violation des
droits humains les plus fondamentaux qui soient, ni la guerre, ni les
bombardements dans les pays sud du Congo-Brazzaville, ni les intimidations de
toute sorte, ni la mort ne sauront remettre en cause la marche du Peuple
Congolais vers la libération et, comme dirait le prophète abbé YOULOU, père de
la nation, le jour est
maintenant proche où sous les plis frémissants de notre drapeau tout un peuple
triomphant marchera en chantant sur les routes de la prospérité, du progrès et
du bonheur.
Que vive la liberté !
Que vivent les idéaux des pères
fondateurs de la Nation Congolaise l’abbé Fulbert YOULOU et Jacques
OPANGAULT !
RUDY
MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULUAvocat à la Cour
Conférence du mois de Mai 2016
Diasporas et Développement
Pour savoir et bien
comprendre de quoi allons-nous parler ? Il me parait important que nous saisissions ce que veulent
dire : Diasporas et Développement.
Du point de vue de l’histoire, le terme
diaspora est utilisé pour désigner les communautés juives disséminées ici et là
à travers le monde, au cours des siècles, loin du territoire de leurs ancêtres.
Par extension, la diaspora signifie donc une communauté dispersée qui vie loin
de son territoire d’origine. Pour faire simple, cette définition pourrait nous
éclairer dans ce qui va suivre au cours de cette communication. S’agissant du
terme développement, nous le comprenons comme un déploiement, le fait
d’accroitre un objet, le rendre plus important, plus performant, mettre en
relief ou exposer de toute évidence quelque chose qui grandit, capitaliser sur
l’existant pour le porter au stade d’un rayonnement cohérent et harmonieux.
Cette notion nous inspire donc le fait d’être dans une logique de croissance et
non de la stagnation ou dans la décroissance. Il nous fait penser au progrès :
« kuenda ku mantuala = Aller de l’avant ou progresser », enrichir un
domaine spécifique pourrait de ce fait contribuer à son développement.
Alors, qu’entendons-nous donc par Diasporas
et développement, dans le contexte de notre intervention ? De quoi
voulons-nous parler et à quelles fins utiles ?
Parler de la diaspora africaine serait un peu
prétentieuse, car il n’y a pas une seule Afrique, il y a des Afriques, entendu
comme sous-ensemble au sein du grand continent qui regroupe plus de 50 pays
avec tellement de diversités et des variétés des peuples multicolores, avec
autant de mode de vie différentes, d’Alger au Cap, de Freetown à Djibouti, sans
compter toutes ces iles encerclant ce majestueux continent : des iles du
Cap-Vert à Madagascar et environnants. De la méditerranée à l’océan Indien, de
l’océan Indien à l’océan atlantique. Des Afriques aux langues diverses parlées
à travers tous les autres continents du monde. Oui, l’Afrique est
multiple ! Parler de sa diaspora me parait réducteur, nous parlerons donc
des diasporas des Afriques. Mais, nous ne voulons pas heurter les géographes et
les historiens, en extrapolant à ce propos. Nous allons nous limiter à la
diaspora de l’Afrique subsaharienne dont nous sommes issus.
Bien avant nous, des
africains qualifiés de noirs furent déportés comme esclaves, il y a six siècles, diversement
appelés, tantôt noirs américains, tantôt afro-américains, ce qui serait une
appellation discriminatoire et abjecte ; car dans les Afriques, nous
n’appelons personne hollando-africains, les blancs qui ont élis domicile en Afrique
du sud et qui plus encore ont infligés l’apartheid aux autochtones (ironie du
sort !). Enfin, c’est une autre histoire.
Voyez-vous, parler de diaspora peut nous
emmener très loin, si nous voulons parler des dispersés de la communauté des
peuples de l’Afrique subsaharienne. Recentrons-nous plus particulièrement sur
les ressortissants de l’Afrique centrale, de l’Afrique australe et de l’Afrique
de l’Ouest avec qui nous partageons quasiment les mêmes galères et les mêmes
folies. Ces différents peuples dont nous constituons les diasporas africaines
en Europe ont des dénominateurs communs : le sens du lien avec la famille
restée au pays, le sens de la recherche d’équilibre dans la relation à l’autre,
affectueuse ou affective, le goût prononcé de faire la fête, la prétention de
vouloir prouver aux autres membres de
nos communautés d’origines qu’on a réussit, les sarcasmes. Les médisances, les
colportages des ragots…les « buzoberies » de tous genres, brefs. Une
envie plein de paradoxes et parfois de contradictions gênantes… sans omettre la
religiosité, les superstitions et tutti quanti.
Vivre loin de ses racines n’est pas une chose
aisée, car il faut parfois lutter contre la nature qui ne nous fait pas
toujours des cadeaux. Une recherche permanente d’équilibre est indispensable,
tant les contraintes professionnelles nous imposent ou plutôt nous
conditionnent à un notre mode de vie qui ne saurait faire économie de stress,
etc. Ici, par exemple, le temps revêt une autre valeur que d’où nous
venons : « time is money » disent-ils, alors que là-bas, la
valeur du temps est dans la nature. A propos, pour se souvenir d’un évènement,
on remontait le temps à partir d’un fait saisonnier, par exemple la moisson ou
la récolte d’un champ, la naissance d’un enfant, un décès, un retrait de deuil,
un mariage, etc. Aussi, pour gérer l’heure, nos grands parents s’orientaient
selon le positionnement du soleil ou d’autres phénomènes comme la descente des
lézards (des arbres) ; très probablement lorsque le soleil était au
zénith. De nombreux exemples pourraient nous édifier à ce sujet. Vous comprenez
donc que beaucoup d’entre nous aient du mal à courir tout le temps dans le sens
des aiguilles d’une montre. Ceci n’est
qu’un détail qui vient illustrer quelques soucis du quotidien de certains
d’entre nous, surtout ceux qui connaissent l’immigration à un âge avancé, le
temps n’a pas la même valeur pour tous.
Les raisons qui nous ont arrachées à nos
pays d’origines sont si variées qu’il serait téméraire de porter un jugement de
valeur sur le genre de vie que certains d’entre nous mènent dans ces pays
d’exile où d’autres ont été obligés et contraint de s’établir, en attendant un
retour hypothétique au pays.
Dur-dur, la vie d’exilés ! Cependant,
d’autres ayant franchis le seuil du paradis tant espéré, tant rêvé vont avoir
quelquefois des comportements pour le moins surprenant. C’est aussi tout cela
les diasporas des Afriques, des peuples en mouvement, mais vers quel but, pour
quel objectif ?
Il y a de ceux qui ont pris le chemin de l’immigration par contrainte, d’autres par
convenance, cependant, tous nous sommes logé à la même enseigne à l’étranger :
s’intégrer dans les pays qui nous accueillent, en nous conformant aux lois en
vigueur dans leurs pays ; ce qui ne va pas sans peine ! Avec des
soucis de régularisations administratives, pour obtenir titre de séjours et
d’autres démarches nécessaires. Pour ceux
qui ont déjà franchi ce cap, désormais c’est avec le fisc qu’ils devront
composer, car reconnu par l’état : chômage, impôts, etc. Ceux qui
sont « dénaturalisés » (changer de nationalité) vont devoir
envisager leur existence autrement dans leur pays d’option ou d’adoption. Tous
ces paramètres vont influencer leur mode de vie et partant, leur rapport avec
le pays d’origines. Pour certains, tout se joue désormais ici plutôt que
là-bas, oubliant ou ignorant simplement la famille restée au pays, lorsque les
liens n’ont pas été rompues pour des raisons diverses : sorcellerie,
demandes abusifs d’argent par des tiers membres de la famille, déceptions suite
aux affaires qui ont mal tournées où on s’est fait avoir, etc. Ne pouvant plus
concilier les galères d’ici et de là-bas, on a vite fait de prendre du large,
en se contentant de mieux se gérer ici. D’autres restent sans cesse écartelés entre
les problèmes de là-bas et ceux d’ici qu’il faudrait gérer. Le contraste socio
économique et culturel génère souvent des malentendus et parfois des tensions
qui peuvent avoir des répercussions dans les foyers où l’implosion et les
divorces finissent par prendre le dessus dans les ménages. Ce n’est donc pas
facile de s’établir ailleurs que chez soi, avec tout ce que cela comporte.
Néanmoins, d’autres ne s’en tirent pas si
mal, ils consentent d’énormes sacrifices ici, pour investir là-bas, dans
l’espoir d’y garantir les vieux jours. D’autres encore commercent allègrement
avec d’où ils viennent, pour s’octroyer un bol d’air pour ici. Hélas ! Ce
n’est pas souvent le cas pour le plus grand nombre dont les pays d’origines
sont en proie à la corruption, aux guerres, à l’instabilité politique, aux
épidémies. Bref, la totale ! Comment tirer profit de l’immigration,
lorsqu’on ne peut plus retourner d’où l’on vient ou lorsqu’on ne sait plus
comment y retourner ? Surtout lorsque la politique s’en mêle !
Certains vont essayer de trouver refuge dans les groupes de ressortissants du
pays d’origines, une forme de replis identitaire, pour compenser le mal du
pays. D’autres par contre vont s’éloigner des gens du pays, pour vivre
autrement leur solitude et tenter de faire comme les autochtones, empruntant
leur mode de vie et ainsi s’affranchir des choses du pays. Mais tôt ou tard, la
réalité finit par rattraper celles et ceux qui se sont laissé séduire par le
mirage de l’intégration mal ficelée. Ne dit-on pas que le séjour d’un morceau
de bois dans l’eau ne l’a jamais transformé en crocodile ?
Ayant fait d’autres expériences en pays de
migrations, on en trouve, des idées d’émancipation où notamment, on rêve que
les choses changent au pays. On se lance tantôt dans des actions politiques,
pour développer d’où l’on vient. Mais quel type de développement
envisageons-nous bien souvent ? Faire de là-bas un autre ici !
Complètement déconnecté de la culture autochtone et des mentalités gravées dans
l’inconscient collectif. C’est là que le bas-blesse des esprits éclairés qui se
sont imprégné des « occidentalités » sans changer de mentalité vont
se heurter à l’aliénation culturelle, sachant que chaque continent a ses mœurs,
ses cultures et que tout est « mouvement, tout est changement, tout
est évolution » certes, mais jamais sans composer avec l’altérité, car
seul l’esprit affranchit des pesanteurs de la matière pourrait mieux s’épanouir
dans n’importe quel environnement, car transposer un modèle social, politique
ou économique sur un territoire qui s’abreuve d’autres sources que celles des
eaux souillées de fukushima ne sauraient développer ni le végétal, ni une
quelconque espèce vivante en son sein. Le développement humain est avant tout
une question de maturité intellectuelle, culturelle et sociale, de façon que
suivent harmonieusement les autres aspects liés à son épanouissement spirituel
et matériel. Tout le reste n’est que business. Le développement humain est dans
le bonheur au sein duquel tout être humain puise son épanouissement. Il ne
saurait être une affaire ni de château ni de commodités extravagantes, de
possession démesurée de biens mobiliers et immobiliers ; sinon les enfants
d’Afrique subsaharienne n’auraient jamais su
ce que rire ou sourire signifierait, à comparer avec ceux qui baignent
dans le confort occidental auprès desquels il faudrait presque apprendre à
sourire ou à rire !
Mais pourquoi diable, les gens de la diaspora
entrainent-ils leurs pays dans les méandres d’un développement obsolète ?
Développer l’Afrique ne consiste pas à construire des logements sociaux, un
copier coller emprunté à l’occident et susceptible de dénaturer le lien social
du muntu avec ses semblables et son environnement. Notre développement ne
serait-il pas refonder notre patrimoine culturel sur des bases intégrées du
monde ancien aux valeurs universelles de notre monde contemporain (kohko
mahji-kohko mungua) ? Que nos architectes usent d’originalité et
d’inventivité pour mieux transposer ce qu’ils ont acquis ici en occident. Notre
développement devait consister à accroitre les possibilités existantes, les
mettre en valeur et les promouvoir ; tant soit peu au niveau culturel,
économique, spirituel, etc. Aucun développement ne peut s’accomplir s’il n’est
en symbiose avec la culture autochtone. Une réelle incarnation de la vision de
la modernité s’impose, pour développer un peuple, un pays, un continent. Nous
devons perfectionner l’existant (ki ma=ce qui a été donné, donc acquis), de son
état embryonnaire à un stade avancé, adapté à la sociologie ambiante de nos
contemporains, ainsi notre développement aura un visage d’humanité, au lieu de
toujours tout importer des autres. L’Afrique subsaharienne dispose du quart des
matières premières du globe terrestre, mais Elle semble continuer à tout
attendre de l’Occident, au point où certains maniants se tapent l’Afrique avec
ses ports maritimes et ce qui devrait appartenir à la primauté d’un Etat, ses
terres fertiles qu’ils vont bientôt user avec des engrais chimiques, des
pesticides et tutti quanti. Où sont donc passé les élites africaines qui
étaient venu perfectionner leurs savoirs et capitaliser sur leurs atouts pour
développer l’Afrique qui continue à servir de vache à lait aux éternels
colons ? Nos malheurs, nos misères ne viennent pas des autres sans notre
complicité ou plutôt avec notre traitrise. Apprenons à être nous-mêmes de façon
que notre développement à taille humaine puisse redonner de la dignité aux
africains dont l’ouverture aux autres continents subit des restrictions
discriminatoires mais qui pourtant devrait trouver beaucoup plus de fierté à
progresser dans la mutualisation de transfert de compétences, plutôt qu’à venir
se jeter dans la gueule du loup, comme beaucoup d’entre nous…
Les résultats des statistiques de la banque
mondiale nous donnent : en 2013, 39,16millions d’africains en Amérique du
nord. 112, 65millions en Amérique latine. 13,56millions au Caraïbes et 3, 51
millions en Europe. Les transferts d’argent des diasporas africaines
avoisinaient 39 milliards de dollars en 2015. Ceci pour signifier qu’il existe
tout de même un mouvement des diasporas africaines envers leurs pays
d’origines ; cependant vers quelles fins sont destinées ces fonds :
pour assurer l’assistanat de nos familles ou pour les promouvoir et leur
redonner de la dignité dont elles sont dépouillées par leurs gouvernants ?
A travers des projets fiables et inculturés ou bien investissons-nous en
Afrique pour nous substituer aux Etats démissionnaires qui ne peuvent même pas
garantir les soins médicaux rudimentaires à leurs populations ? Ou bien,
faisons-nous du social à la place de l’Etat démissionnaire, pour construire des
écoles, installer des bibliothèques, etc. Si telle est notre situation, alors,
ne croisons plus les bras, nous devons nous mêler de la gestion de la chose
publique, pour ne pas laisser à ces rapaces le monopole de ce qui doit profiter
à tous les citoyens, plutôt que d’encourager ces vautours à la gabegie et à la
corruption…
Penser développement en référence aux clichés
du développement de l’Occident serait ouvrir grandes les portes au
néocolonialisme dévastateur in fine. Ceci n’excluant pas les échanges
gagnant-gagnant qui honorent tout un chacun, en vertu de ce que l’autre
pourrait apporter dans le respect de chacun. Nous devons prendre nos
responsabilités, chacun en fonction de nos compétences, de nos acquis et de nos
possibilités. Nous n’allons pas contribuer au développement de l’Afrique dans
le mimétisme aveugle, mais en conciliant nos ressources locales aux
potentialités disponibles ici et là-bas, dans la responsabilité, la dignité-le
discernement-la diligence.
Paris, le 1er
Mai 2016
Conférence
mensuelle : Avril 2016
L’Afrique
subsaharienne et ses diables aux pouvoirs absolus
Toutes les sociétés sont régies par des lois, des
règles qui canalisent les droits et les devoirs des individus qui se partagent
le même espace vital. Ainsi en est-il d’un biotope ou d’une niche écologique
pour d’autres espèces qui y vivent.
Pour les humains qui prétendent être égaux,
il apparaît que les lois ou les règles de vie commune qu’ils se définissent
(sous quelque mode que ce soit) doivent être régentées par un peu « plus
égaux » que d’autres : des personnes autorisées, ayant reçues mandat
de veiller à l’application ou du moins à faire respecter les lois ou règlements
de la collectivité. Ce sont donc ces personnes autorisées, appelés plus
éloquemment « autorités » qui jouent ce rôle.
Le
rôle imparti aux autorités leur confère un pouvoir qui le situe à une certaine
distance des autres, car désormais leurs relations aux autres va se vivre en
fonction du rapport avec la loi ou les règlements de la société définie.
Il apparaît évident que le pouvoir donne aux
uns, c’es-à-dire aux personnes mandatées à exercer certaines prérogatives, à
interpréter les textes et à en donner l’esprit. Ainsi se constitue la chefferie
dans la société, car le chef (la tête) devient une référence et de ce fait ne
sera plus au même niveau que les autres membres du corps (la collectivité). Il
lui incombera désormais d’incarner l’esprit des lois par l’exemplarité, le
témoignage de vie. Nos sociétés traditionnelles furent constituées ainsi, avec
un aréopage de dignitaires sensés dire le droit et le faire respecter. Au sein
de l’institution des dignitaires du pouvoir va se hisser un autre pouvoir plus
en vue, pour coordonner l’ensemble. D’une manière générale, c’est toujours
autour d’un rituel que cette prise de fonction va se faire ; on y
associant concomitamment les « absents- présents » (ceux de l’en
dessous) qui nous portent sur la terre et dans l’espace temporel avec les
membres « présents-visibles » qui vont devoir se conformer à l’autorité
consacrée.
Le chef n’est donc plus n’importe qui !
Il reçoit le pouvoir vertical et horizontal de la communauté des vivants avec
qui et sur lesquels il peut exercer sa préséance. Il reçoit de la communauté le
privilège d’être le trait d’union avec les ancêtres envers lesquels il doit
aussi s’acquitter d’un certain nombre d’obligations. Les autres membres de la
communauté porteront sur lui un autre regard, une toute autre considération.
Voilà qui va accroitre le pouvoir d’un individu qui a été comme les autres,
mais dont le rituel d’intronisation vient de lui changer de rang, de
distinction.
Le pouvoir est donc un fait indubitable dans
la société pour que celle-ci vive en harmonie en son sein, mais aussi avec les
autres, les extracommunautaires, puisque chaque société est régie par les us et
les coutumes qui assurent la pérennité d’un peuple. Ce pouvoir attribué par la
société traditionnelle chez les bantu (en général) était de gestion collégiale
aussi bien avec les « absents-présents » que les membres du collège
des dignitaires, représentant du peuple.
A la croisée des chemins avec « l’Etat
importée » et ses attributs les plus fantaisistes et ambigües, le chef
d’un Etat défini devient plutôt comme la pommelle d’une porte qui va s’orienter
dans le sens du mouvement (intérieur ou extérieur), quoique fixé sur le cadre
qui le relie à l’ensemble de l’édifice (le peuple). Cette métaphore en dit
long, de la manière dont nos chefs d’Etats en Afrique subsaharienne exercent
leur pouvoir vis-à-vis de leurs peuples respectifs. Etablis bien souvent pour
garantir les intérêts d’anciennes puissances coloniales avec une mince marge de
manœuvre pour ces pantins vis-à-vis des populations dont ils ont la
charge ! Pris en étaux entre les impératifs économiques des autres et la
devoir du résultat probant pour la collectivité, bien souvent ceux qui exercent
le pouvoir politique en Afrique subsaharienne ont le tournis et finalement, on
les voit peu à peu s’éloigner de leur base, s’enfoncer dans l’autoritarisme,
pour finir par exercer leur pouvoir de façon absolu, à quelques exceptions qui s’en sont allé, hélas !
Précipitamment dans l’en –dessous, tant ils voulaient vivre l’exercice du
pouvoir de manière collégiale, en se conformant à la volonté de leurs peuples
respectifs. Le poids de l’op pression ne dit pas son nom, pour les pays dits
indépendants.
En Afrique subsaharienne, nous avons des
traditions qui font que l’ainé ou le chef jouisse de considération exaltante,
voire même démesurée à la limite de l’adulation, cependant le chef ne se comportait
jamais en tyran, terrorisant les siens, car son pouvoir lui venait des autres,
de la cour des sages ou des « nganga » (les experts), mais surtout
des ancêtres-les nkaaka (les ancêtres protecteurs) envers lesquels le chef
devait se soumettre, en respectant les lois (mikieno), faute de quoi son
pouvoir allait à la déchéance : surtout par manque de respect de la vie de
ceux dont il avait la charge. Nous ne sommes pas ici dans un fonctionnement ni
de type autocratique ni démocratique ni monarchique à l’occidental, mais dans
un cas de figure bien particulier où la culture et les traditions autochtones
canalisent l’exercice du pouvoir.
Cependant, avec l’imposition outre-mer de
l’exercice du pouvoir téléguidé de l’occident avec les méandres de la
démocratie qui étale ses limites au XXIe siècle, principe de gouvernement basé
sur la force et la puissance des majorités qui n’entendent que le langage de rapports de forces et des conflits
musclés, pour se faire entendre et ainsi faire fléchir ceux qui gouvernent.
Tandis qu’autrefois chez les Bantu, c’était autour de la légendaire palabre
africaine que tout se passait, un mode de gouvernement plus consensuel que de
faire passer en démocratie des lois disposant
de « passe-droit » !
La démocratie à l’occidental finit par se
révéler comme une dictature des majorités investies sur les majorités
silencieuses n’ayant pas droit au chapitre. Ce modèle de gouvernement vaut-il
la peine d’être imposé et exporter outre-mer, comme un principe de gouvernement
universel ? La réponse pourrait venir de Jacques Rancière, dans son
opuscule : « Lahaine de la démocratie », cité dans notre
ouvrage Kintuadi-Mayela à la page 102 , je cite : « La
mécanique des institutions qui passionna les contemporains de Montesquieu, de
Madison ou Toqueville ne les intéresse pas. C’est du peuple et de ses mœurs
qu’ils se plaignent, non des institutions de son pouvoir. La démocratie pour
eux n’est pas une forme de gouvernement corrompue, c’est une crise de la
civilisation qui affecte la société et l’Etat à travers elle. D’où les chassés
croisés qui peuvent à première vue sembler étonnants. Les mêmes critiques qui
dénoncent sans relâche cette Amérique démocratique d’où nous viendrait tout le
mal du respect des différences, du droit des minorités et de l’affirmative
action sapant notre universalisme républicain sont les premiers à applaudir
quand la même Amérique entreprend de répandre à travers le monde par la force
des armes » (cf. La haine de la démocratie, p.9 La fabrique
édition). Nous ne jetons pas d’opprobre sur la démocratie, cependant nous
constatons qu’elle ne saurait être la solution aux questions existentielles des
peuples pacifiques qui sont de traditions plutôt consensuelles que
conflictuelles. La démocratie basée sur les contre-pouvoirs à son exercice
entend plus le langage de conflits, des manifestations, de récriminations
plutôt que le « kohko mahji-kohko mungua » : la pratique sociale
du juste milieu promue par les koongo.
Jacques Rancière que nous
citons à travers « Kintuadi-Mayela, pp.114-115 » poursuit en ces
termes : « Platon, est le premier a inventer ce mode de
lecture sociologique que nous déclarons propre à l’âge moderne, cette
interprétation qui traque sous les apparences de la démocratie politique une
réalité inverse : la réalité d’un état de société où c’est l’homme privé,
égoïste qui gouverne. La loi démocratique n’est ainsi pour lui que le bon
plaisir du peuple, l’expression de la liberté des individus qui ont pour seule
loi les variations de leur humeur et de leur plaisir, indifférentes à tout
ordre collectif. Le mot démocratie alors ne signifie pas simplement une
mauvaise forme de gouvernement et de vie politique. Il signifie proprement un
style de vie qui s’oppose à tout gouvernement ordonné à la communauté. La
démocratie, nous dit Platon au livre VIII de la République, est un régime
politique qui n’est pas un. Elle n’a pas une constitution, car elle les a
toutes. Elle est un bazar aux constitutions, un habit d’arlequin tel que
l’aiment les hommes dont la consommation des plaisirs et des droits est la
grande affaire. Mais elle n’est pas seulement le règne des individus faisant
tout à leur guise. Elle est proprement le renversement de toutes les relations
qui structurent la société humaine : les gouvernants ont l’air des gouvernés
et les gouvernés des gouvernants ; les femmes sont les égales des
hommes ; le père s’accoutume à traiter son fils en égal ; le métèque
et l’étranger deviennent les égaux des citoyens ; le maître craint et
flatte des élèves qui, pour leur part, se moquent de lui ; les jeunes
s’égalent aux vieux et les vieux imitent les jeunes ; les bêtes mêmes sont
libres et les chevaux et les ânes, conscients de leur liberté et de leur
dignité, bousculent dans la rue ceux qui ne leur cèdent pas le passage »
(cf. J.R. La haine de la démocratie, P.42)
Que dire au final de cette comparaison ?
Si tous les peuples de la terre étaient égaux tel que proclamé par la charte
universelle des droits de l’Homme, les peuples entretiendraient entre eux un
commerce basé sur le respect de l’altérité, plutôt que sur l’imposition d’un
système de gouvernement qui ne tiennent compte de l’histoire, des coutumes et
des traditions spécifiques de chacun. Hélas, que de bons discours a noyer le
poisson ! Et pourtant les valeurs prônées par la démocratie pourraient
être universelles, dans la mesure où celles-ci croiseraient l’inculturation
autochtones. Il faudrait sans doute qu’on y travaille, pour que se taisent tout
donneur de leçon aux égarés détenteurs du pouvoir absolu sur le continent
Africain, plus particulièrement.
Le pouvoir absolu des potentats africains
émerge de cette dichotomie de démocratie et de mélange incongrue des valeurs
aériennes de la chefferie traditionnelle emmitouflée de paternalisme. Lorsque
le salaire des fonctionnaires fait l’objet de chantage de la part des
gouvernants et que le salarié aliéné s’entende dire que le président
« Kingandi » va payer ; il n’ya rien de moins que de
l’infantilisation des travailleurs, qui, comme des gosses attendraient du pain
ou des bonbons de leurs parents. Ici disparait toute notion d’un Etat de droit
qui se substituerait à la vassalité. C’est par le billet de ce paternalisme
étatique que le peuple se laisse écraser, à cause de l’ignorance de ses droits
et de ses devoirs, pour se laisser dicter toute conduite.
Le pouvoir absolu de certains ne leur est
donné que par l’entremise de la méconnaissance ou de l’ignorance de la majeure
partie du peuple qui a rompu son contrat avec la culture. Le pouvoir surf sur
cet acquis pour mettre les gouvernés sous le joug de la dictature. Les élites
qui auraient pu éclairer le peuple se sont fourvoyés dans les mondanités
occidentales, loin des préoccupations de la survie des populations vulnérables,
lorsque l’hédonisme n’aurait pas eu raison de leur existence !
L’appétit venant en mangeant, les détenteurs
du pouvoir ne se voient plus exister autrement que par lui, ainsi la
conservation du pouvoir par tous les moyens devient-il obsessionnel, donc
pathologique. Pour y rester à tout jamais, on fait sauter les verrous des
antivaleurs : corruption, trafic d’influence, laisser-aller…pour gagner la
confiance des courtisans qui font faire le « sal boulot »d’étouffer
tout mécontentement, toute réaction hostile au pouvoir. Ainsi va s’enraciner le
pouvoir absolu comme l’œil d’Horus qui voit tout, sait tout et finira par
donner à la tête (le chef) des idées ou plutôt lui insuffler la logique du coup
d’état permanent, sachant que cet état d’esprit rend paranoïaque ! Arrivé
à cette étape, on commence à voir le diable partout ! Or, chez les koongo,
« le chef du village ne voit jamais le diable ! ». Ceci dit,
c’est le branlebas qui s’annonce dans la société et l’enfoncement du peuple
dans l’atroce misère morale, culturelle, économique. Bref, l’apothéose des
crises qui, un jour conduira à l’implosion de la société.
Dans une conjoncture délétère, impuissant et
misérable, chacun attend son messie et ici, tout bon parleur qui sait
capitaliser sur les frustrations des plus vulnérables y adjoignant une douce
dose de religiosité feint de paraître
comme le Moïse, le sauveur, le libérateur du peuple. Combien de messie ont fini
par se graisser la patte puis se sont détourné habilement de celles et de ceux
qu’ils ont prétendu conduire à la terre promise ou dans un Etat de droit ?
Rien n’est plus minable pour un soit disant
intellectuel que de se complaire à la manipulation des masses, faibles,
incultes et ignorants pour leur imposer sa suprématie, ce serait comme voler la
nourriture d’un aveugle. L’intellectuel est celui qui va affronter la gnose des
autres et se confronter à plus érudit que lui, ou du moins à ses égaux, mais
pas aux mal lotis, aux moins outillés que soi, sinon cela ne serait que de
l’escroquerie et de l’infamie. L’intellectuel est aussi celui qui sait
transposer dans le réel, ce qui gravite dans sa conception, sinon, le reste ne
serait que théorie des lettrés, des gens instruits, mais pas assez cultivés (je
m’en excuse !).
L’Afrique subsaharienne fait bien souvent
face à ce genre de lettrés éclairés qui séduisent les pauvres gens, pour les
plonger plus-tard dans l’amertume et la résignation. Ces diables, perturbateurs
de sérénité et de quiétude divisent pour régner ; tel est
l’étymologie de diabolos, celui qui
divise, celui qui sépare et rompt, par le fait même toute cohésion au sein de
la société humaine. Il ne saurait en être autrement : que pourrait-on
attendre du diable, diable alors !
La longévité ou la survivance du pouvoir
absolu des chefs d’Etats en Afrique subsaharienne est avant tout un problème
culturel, profondément enraciné dans l’éducation des masses. Ainsi, l’éducation
est relégué à dessein à l’arrière plan dans la gouvernance des Etats, de façon
à « main-tenir » dans la manipulation permanente les population non
aguerries à l’esprit critique, conditionnées par la survie quotidienne. Si les
peuples pouvaient se passer des soucis de nourriture, d’eau potable, et de la
préoccupation des soins médicaux, il s’émanciperait et s’affranchirait des
gourous et des prétendus messies, et même du pouvoir politique pour exister.
Hélas, bâillonné et condamné à la survie
quotidienne, le peuple infantilisé aura toujours besoin d’un père de la Nation
et de la première dame et du fils de et de la fille de, pour la fierté
nationale. Malheur et misère ! Vivre par procuration devient une fatalité
à laquelle les gens viennent malheureusement à s’accoutumer ou plutôt à
s’accommoder.
Les politiciens véreux qui ont bien capté le
profil sociologique et psychologique de leurs concitoyens en arrivent à leur
fabriquer des croyances à l’eau de rose, les maintiennent dans le statut quo,
tandis qu’ils propulsent au loin leur progéniture avec les moyens de l’Etat.
Petit à petit, la monarchie fait son nid dans nos républiques bananières où le
motif mis en relief serait les compétences acquises par leurs enfants, leur
conférant de facto le droit d’occuper les fonctions stratégiques, dans la
gestion de la chose publique. Une monarchie déguisée se profile à l’horizon,
hypothéquant les chances des autres jeunes compatriotes compétents qui n’ont
guère de choix que de végéter en immigration, partir en exile où néanmoins le
mérite et les compétences peuvent être reconnu
et récompenser à juste titre.
Enfin, le dernier fléau qui cristallise le
pouvoir absolu de nos diables est ce que nous pouvons appeler : le poids
de l’ethnie, pour les peuples en voie d’évolution sociologique. Ce phénomène
sévit surtout dans les ethnies minoritaires qui souffriraient peut-être du
syndrome des minorités : plus les gens sont issus de ces groupes se
hissent plus haut, plus ils font dans le favoritisme, au détriment du mérite
des autres qui constitueraient un danger pour eux, pour leurs intérêts et non
pour le bien commun. L’ethnie devient un subterfuge où la complaisance est
garantie pour sécuriser le pouvoir. Les autres, différents, laisseraient planer
des menaces au pouvoir qu’on souhaiterait garder coûte que coûte dans la
région, la tribu ou le clan. Ace sujet, je vous recommande vivement de vous
procurer le livre de maître Brice Nzamba, avocat au barreau de Paris,
intitulé : « De l’ethnie à l’Etat-Nation », éd.
L’Harmattan.
Aussi, pour se débarrasser du pouvoir que
ces potentats ethniques font peser sur l’ensemble des populations, le peuple
conscient et éveillé doit se préserver de l’assistanat des gens du pouvoir ou
de leurs appendices d’ONG, fournisseurs de casquettes, tee-shirt, une tournée
de bières, une offre de plaisirs faciles, etc. Opposant ipso facto de la
résistance constructive, par le moyen de l’autonomie productive ; si non
les autres feront toujours partie de la race soumise, résignée, manipulable à
dessein.
Dans l’oppression, optons pour la résilience
au lieu de stagner dans la résignation, car le pouvoir absolu des tyrans ne
leur vient que de la démobilisation et de la démission du peuple.
Résistance-Résilience-Réflexion.
Paris, le 11 Avril 2016