DES MOTS, DE LA CONSCIENCE AFRICAINE ET OCCIDENTALE
FACE AU COLONIALISME CHINOIS : LA VISION DU PROPHETE ABBE FULBERT YOULOU
L’abbé Fulbert Youlou premier
Président du Congo-Brazzaville de 1959 à 1963, est certainement l’unique
dirigeant congolais dont les déclarations verbales et surtout les écrits ont
eu, une portée prophétique.
Comme un prophète, l’abbé Fulbert YOULOU est le seul
président congolais ayant fait une parfaite analyse du fait politique en
Afrique, les années soixante durant, en prévenant ses contemporains sur les
maux, les contradictions que celui-ci
générerait inéluctablement sur le destin de l’Afrique. Il a été combattu,
harcelé, contraint à la démission et à l’exil.
Mais l’homme est resté digne, lucide en annonçant tristement, ici et là,
les temps difficiles que connaitrait l’Afrique des temps nouveaux.
C’est à ce titre par exemple que, l’abbé Fulbert YOULOU a
été le seul président africain à avoir compris et ce, avec beaucoup de lucidité
les manoeuvres politiques du dragon chinois avec sa doctrine communiste
laquelle, en séduisant certains intellectuels africains, et non des moindres,
visait à s’implanter durablement sur le sol africain en affaiblissant les
autochtones par une exploitation des richesses méticuleusement organisée.
Comme un prophète ou un visionnaire des temps modernes
digne de son rang, l’abbé Fulbert YOULOU
avait et ce, avec justesse, analysé et prédit, le déferlement en Afrique
du dragon chinois avec ses mirages du socialisme ou communisme, lesquels, en
réalité cachaient une forme de colonialisme qu’il désignera lui-même, par
l’expression “ le colonialisme chinois”
Ainsi, pour l’Abbé Fulbert YOULOU, “ C’est à l’Egypte de
M. Nasser que revient le triste privilège d’avoir, en 1956, accueilli le
premier diplomate chinois en Afrique. Jusqu’à cette date, la Chine communiste
s’était contentée de se servir de l’Asie comme banc d’essai. Sa présence dans
le Sud-Est asiatique et sur les pourtours de l’océan Indien lui permettait
d’établir les relais qui allaient lui faciliter, à partir de “minorités”,
d’asseoir son influence en Extrême-Orient, au Moyen-Orient et vers cette
Afrique orientale, objectif premier des stratèges révolutionnaires pour la
conquête de l’Afrique.” [ YOULOU F. in “J’accuse la Chine” La Table Ronde
1966. P.25.]
En son temps, lorsque certains dirigeants africains comme
M. Nasser verront d’un bon oeil l’avènement du dragon chinois sur le sol
africain en y voyant, en l’occurrence, un atout d’émancipation politique et
économique, l’abbé Fulbert YOULOU sera parmi ces hautes personnalités
politiques africaines qui y verront, bien au contraire, un danger, un nième
risque sérieux tendant au freinage voire à une forme d’étouffement des
politiques africaines axées vers le
développement, l’émancipation et le progrès social.
Ainsi, selon son entendement, “On ne civilise pas une
doctrine aussi inhumaine que le communisme par des réceptions diplomatiques et
je mets au défi n’importe quel diplomate occidental de m’apporter la preuve
qu’il a influé sur une seule décision des communistes. Ceci étant vrai pour la
Russie, puissance européenne, l’est encore bien davantage pour la Chine,
puissance asiatique. Seul le poids des armes, des richesses, des ententes
politiques, économiques et militaires du Monde libre peut faire reculer ou
hésiter les communistes.” [ F. YOULOU in “J’accuse la Chine” P.26.]
Homme clairvoyant, quant à la portée de ses analyses sur
l’évolution du monde tel qu’il était perçue notamment par des puissances
occidentales, l’abbé F. YOULOU saura trouver des mots percutants pour attirer
leur attention en écrivant :
“ Certains ont souri quand, président du Congo-Brazzaville,
je faisais précéder chacune de mes déclarations importantes de ce “Nous
chrétiens”. Ce n’était pas seulement une profession de foi, mais une position
politique. Je dis aujourd’hui à ce monde insensible aux souffrances des
persécutés, que, nous, les chrétiens africains, nous détenons la vérité vivante
et quand Soeur Marie-Clémentine Anwarite de la congrégation de la Sainte
Famille de M’Bowabaka préfère le martyre volontaire à la souillure, elle
rejoint le martyre de sainte Blandine.
Me sera-t-il permis d’écrire, au nom de la croix que porte
l’Afrique, que le ferment marxiste ronge bien profondément la chrétienté
européenne pour certain Père de l’Eglise en arrive à penser et à écrire que “
dépuillée de certaines structures historiques, de cadres sociaux, politiques,
économiques périmés, l’Eglise trouverait sa voie de progrès dans l’ordre
matérialiste”…
A tous les prêtres d’Occident, au nom de nos martyrs
d’Afrique, j’adresse un avertissement tragique. On nous trompe, on nous abuse
en préférant l’intelligence au sentiment. Descartes contre Pascal,
vous commentez une faute contre l’esprit.
Le clergé africain, ses pasteurs, ses évêques, ses
misionnaires qui représentent spirituellement ce Tiers Monde si souvent évoqué
pour justifier l’hérésie progressiste, se dresse, unanime, pour dénoncer
l’illusion d’un quelconque modus vivendi avec l’univers rouge. N’attendez pas
que les millions de croyants africains aient subi le sort des prêtres, des
religieuses, des catéchistes, des églises, des écoles, des temples de la Chine
pour confesser votre erreur généreuse...De l’assaut donné à l’Afrique, assaut
auquel elle résiste de toute sa foi, ou l’étoile ou la croix triomphera...Il
n’y a pas d’autre alternative !
Cela est également vrai dans l’affrontement auquel se
livrent Etats communistes et démocratiques, mais attention ! Le sabre et le
poison sont plus redoutables que le sabre seul brandi par l’Occident.” [ F. YOULOU in “
J’accuse la Chine” Opcit P.28.
Eh oui ! A l’ocassion du quarante-huitième anniversaire de
la mort du président-abbé Fulbert YOULOU survenue le 5 mai 1972, à Madrid en
Espagne, ses écrits, se révèlent être bien plus qu’un avertissement. Ils
sonnent, en toute profondeur, la déroute des nations occidentales qui,
longtemps durant, ont cru, mais ce, à tort, être éternellement les maîtres du
monde. Mais les épidémies comme le coronavirus, en l’occurrence le covid-19 ont
montré leur fragilité voire leur vulnérabilité. C’est ainsi que, les
coopérations entre nations basées sur des principes d’égalité, d’équité, de
justice sociale, du respect des peuples et de
leur liberté de disposer eux-mêmes de leur destin, les invitent
inexorablement, plus que jamais, comme le souhaitait très vivement le vénéré
abbé Fulbert YOULOU, à être plus justes,
plus consensuelles et donc, plus vraies qu’elles ne l’ont été par le passé et
ce, pour le bien de l’humanité tout entière.
J’AI DIT !
MBEMBA YA MBEMBA