Les Sundis sont une des composantes du peuple Koôngo qui,
aujourd’hui occupe l’Angola, le Congo-Kinshasa, le Congo-Brazzaville et le
Gabon.
Etymologiquement
parlant le nom Sundi dérive du verbe sunda,
sundama, sundika, sundumuka lequel verbe qui, en dépit de ses variantes, tend
à décrire la condition de l’être qui, d’une manière ou d’une autre, cherche à
affermir son existence, son univers ou son environnement.
En effet groupe de renom dans
l’histoire du royaume Koôngo, les Sundis seront réputés pour leur audace, leur
courage leur habileté et leur passion pour les métiers d’ordre industriel comme
le travail des métaux, en l’occurrence l’exploitation du fer et ce, à l’effet
d’aboutir constamment à l’amélioration des conditions de leur existence.
De par leur
tempérament les Sundis vont jouer un rôle pratiquement de premier plan dans la
construction du royaume Koôngo. Dans son ouvrage publié en 1591 « Description du Royaume de Congo et les
contrées environnantes », Pigafetta rapporte que la province de
Sundi :
« …est la plus
proche de la capitale du Congo, nommée San Salvador. Elle tient le premier rang
et est en quelque sorte le domaine patrimonial de tout le royaume de Congo.
Aussi est-elle toujours gouvernée par le fils premier né du roi et par les
princes à qui est destinée la succession du royaume, comme cela se fit au temps
du premier roi chrétien…De nombreux seigneurs relèvent du gouverneur de Sundi.
Les habitants commercent avec les régions voisines, vendant et troquant du sel,
des étoffes de diverses couleurs, importées des Indes et du Portugal, des
coquillages qui servent de monnaie. En échange, ils reçoivent des étoffes de
palme, de l’ivoire, des peaux faites de feuilles de palmier, qui sont fort
estimés dans ces régions. »
Pigafetta (F.), Lopez (D.), 1591, « Description du
Royaume de Congo et des contrées environnantes. » Traduite de l’italien et
annotée par Willy Bal Louvain 1963. P.66.
Dans le
même ordre d’idées, Pigafetta relève qu’on trouve à Mbanza Sundi :
« diverses
espèces de métaux et c’est surtout le fer qui est beaucoup recherché par les
habitants de cette province parce qu’il est utilisé dans la fabrication de
divers outils nécessaires et utiles à l’Homme. » Pigafetta in
« Description du Royaume de Congo » Op.cit Ibidem.
C’est chez
les Sundis que l’on rassemblera le plus grand nombre de forgerons dans le Congo
ancien et qui, par leur savoir-faire contribueront au renforcement de la
puissance de la royauté.
Dans le
Congo ancien, le forgeron est un illustre personnage et comme le rapporte
Georges Balandieur maître du fer, du feu et de l’eau, créateur des armes et des
outils, le forgeron est :
« détenteur
d’un pouvoir qui l’assimile aux chefs ( et il peut être l’un des leurs), ainsi
qu’aux prêtres et aux magiciens (ce qu’évoque son titre de nganga lufu). Il est
soumis à de nombreux interdits ; il dispose de « protecteurs »
spirituels particuliers ; il peut éloigner les menaces insidieuses comme les
armes résultant de son industrie éloignent l’ennemi. Sa magie, nécessaire à
tous et en premier lieu aux gardiens du pouvoir politique, est bénéfique. »
Le terme
courant qui le désigne est, observe à juste titre Georges BALANDIER, issu de ngangu qui comporte des acceptions
multiples : intelligence, don, adresse ; et tous deux semblent avoir
la même racine que le nom nganga appliqué au prêtre et au magicien, qui
signifie étymologiquement : celui qui a la capacité de faire. »
G. Balandier in « La vie quotidienne au royaume de
Kongo du XVIième au XVIIIième siècle », Hachette 1965, P.100.
Dans
l’ancien Congo, Mbanza Sundi, le pays des Sundis est l’espérance du pouvoir
royal, la voie de la relève, celle qui, en toutes circonstances, doit
effectivement répondre sans défaillance aux attentes successorales du pouvoir
royal dans le but d’assurer son endurance, sa stabilité, sa bonté et sa
noblesse.
A dire vrai
Mbanza Sundi apparaît dans la philosophie de Mbanza Koôngo qui consiste en un
développement perpétuel de l’être, comme étant le principe même de
l’immortalité, de la continuité de « l’Etat royal ». C’est comme si
la stabilité de Koôngo dia Ntootela dépend, entre autres, d’une bonne
gouvernance de Mbanza Sundi qui, somme toute, apparaît comme le principe même
de la loi vitale, de sa raison d’être et de son épanouissement.
Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU in « Le Muntuïsme
base de la philosophie du Royaume Koôngo », Editions Ices 2013, P.68.
C’est dire
que le développement des deux Congo, de l’Angola, du Gabon voire de toute
l’Afrique centrale passera inexorablement par la foi ou l’espérance en une vie
meilleure et qui ne pourrait être si l’être ou le Muuntu ne manifeste guère son
endurance, sa force d’esprit dans toutes ses entreprises quelles qu’elles
soient.
C’est ce qu’on appelle dans le
Congo ancien sunda, sundika, sundumuka ou sundama, ce qui veut dire, en réalité
donner le meilleur de soi dans une entreprise de transformation pour être mieux
ou meilleur demain qu’aujourd’hui.
TAATA NDUENGA
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