LE
LANCE-PIERRE COMME SYMBOLIQUE DE CERTAINES VALEURS HUMAINES CHEZ LES KOÔNGO
En 2015, Theodulos Auguste KOUNKOU KUE, le philosophe
de « Mbaanza Koôngo », c’est-à-dire, le défenseur de la cause humaine
qui tend à promouvoir l’épanouissement de l’être ou du muuntu dans tous les
aspects de son existence, a publié en autoédition, « Kintuadi-Mayela ! L’unité
dans le respect de l’Altérité ».
Un ouvrage fort remarquable dans lequel, l’auteur met
en lumière certains aspects existentiels qui aboutissent au « vouloir
vivre ensemble » par l’adoption d’un comportement raisonnablement
altruiste.
A dire vrai, pour Theodulos Auguste KOUNKOU KUE, pour
bien vivre ensemble, l’être doit être intelligent, c’est-à-dire, il faut qu’il
soit doté d’un certain nombre d’aptitudes intelligibles qui lui permettent
d’accéder raisonnablement dans l’univers de l’altérité, celui du respect de
l’autre et de sa raison d’être.
Le vouloir vivre ensemble est, peut-on dire, chez
Theodulos KOUNKOU KUE l’aboutissement de l’être qui, par le jeu de
l’intelligence, accède dans l’univers de la maturité que les Koongo désignent
par expressions kula, yela, etc.
Cela est d’autant plus juste que d’après, l’auteur
lui-même :
« Kintuadi-Mayela » se définit comme
construction subtile pour bien vivre ensemble, l’unité dans le respect de
l’altérité ; Mayela signifiant
en Koongo la science qui s’obtient à force de persévérance, afin de murir
(grandir) au milieu des autres : Ma = don (donner), yeela = essayer ou encore yela
= murir avec l’apport des autres pour être soi-même. Chez les koongo,
l’intelligence ne concède pas l’apanage du savoir, mais l’accès à la
connaissance : Mayela, yela, yédisa, ou yelesa ;
processus qui n’atteindra son paroxysme que dans la conceptualisation d’un
objet palpable « kima » (ce
qui se donne ou susceptible d’être légué ou transmis comme héritage, autrement
« Fua », l’objet qui traverse la mort. Cet objet se mange, pour qu’il
se perpétue au fil des âges, car au fond de nous, « fua » (mourir » demeure la vie à jamais et le koongo ne
meurt jamais en principe, à moins que sa mémoire soit à jamais bannie de sa
communauté. » Theodulos KOUNKOU KUE in Kintuadi-Mayela ! L’unité dans
le respect de l’altérité, Autoédition 2015. P.28.
Le
philosophe de « Mbaanza Koongo », Theodulos KOUNKOU KUE se réfère
beaucoup à l’imaginaire pour mieux faire passer son message et il va se servir
du lance-pierre comme élément symbolique de la culture koongo qui repose sur la
manche (suku ou taku : ta = dire et ku indiquant la destination, comme
élément constituant et porteur, à l’instar des fesses qui portent la même
appellation en koongo : taku dia mti
(le tronc de l’arbre), dit mataku au
pluriel (les fesses). Cette forme de lance-pierre comprenant la manche (kisimbulu) ou socle avec les deux
bretelles (ma hala autrement dit
« tiens et taille » ! Comme carrefour d’une part : le
village (hata) qui abrite la vie des
individus ainsi que leurs biens et d’autre part : le « Mbongi »,
point névralgique du village abrité par une sorte de modeste hangar.T.K.K. in
Kintuadi-Mayela P.166.
Outil de chasse et de cueillette, Theodulos KOUNKOU
KUE voit dans le lance-pierre, une sorte d’allégorie de l’économie durable qui
ramenait au village de la nourriture sans détruire l’environnement où l’homme
allait cueillir et chasser…
Au final, d’après le philosophe infatigable de la
cause de « Bukoongo », « Le muuntu a besoin indissociablement de
l’autre (différent mais complémentaire) pour atteindre son but ou le bien
commun, représenté par la languette de cuire qui tient les deux bouts du
flexible (caoutchouc), symbolisant l’alliance indéfectible, pour bâtir ensemble
de façon durable solidairement ; d’où le proverbe : « bole bantu ; bukaka msongo », ce qui veut dire qu’à deux on est pleinement
humain, mais si d’aventure on plaçait des barrières (kaka = kikaku ou bikaku) autour de soi, en s’isolant, on
finirait en dépression) ; autrement dit : on ne peut se prévaloir
être quelqu’un que si on entretenait une communion avec l’altérité, l’isolement
par contre est générateur de maux. » T.K.K. in Kintuadi-Mayela P.169.
TAATA NDUENGA
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