SENS ET TRADITION DANS
"LA MEDECINE KOÔNGO" DU PERE ADOLPHE TSIAKAKA
Le
père Adolphe TSIAKAKA est auteur de nombreux ouvrages sur les KOÔNGO qui lui
confèrent incontestablement la qualité d'un éminent Koôngologue.
Durant
l'année 2008, l'abbé TSIAKAKA a eu à publier d'immenses et remarquables travaux
portant sur la " MEDECINE KOÔNGO". Un ouvrage de 312 pages de portée
considérable publié aux Editions Du Signe.
De
par son contenu, l'ouvrage du père TSIAKAKA est sans doute l'un des meilleurs
regards méticuleusement analytiques
qu'on ait eu à porter sur la médecine traditionnelle KOÔNGO.
Mais
pourquoi un tel ouvrage ?
Le
père TSIAKAKA nous en donne d'emblée les raisons de son édification. Ainsi au
tout début de son propos, il clarifie l'intérêt que suscite l'élaboration d'un
tel ouvrage.
A
ce propos, l'auteur relève avec beaucoup de modestie que si on parle de
médecine chinoise, indienne, tibétaine, etc...pourquoi ne parlerait-on pas de
médecine africaine? La médécine KOÔNGO
est liée à l'ensemble des représentations de l'homme, à son mode de vie, à son
organisation relative à la maladie en même temps qu'à ses causes, etc. Tous ces
éléments entrent, observe-t-il, dans la charpente de cette médecine qui est une
manière de répondre à un problème, celui de la vie d'une communauté. ( Abbé
Adolphe TSIAKAKA in " La Médecine Koôngo" 2008 Editions Du Signe
P.18.)
Ainsi,
les motivations de l'abbé dans l'élaboration de ce travail est de comprendre
l'Homme KOÔNGO dans son environnement le plus ambiant et au-delà l'Homme
Africain dans sa conception originelle de la vie qui, par conséquent a une
incidence sur son mode de fonctionnement social ou communautaire.
C'est
l'aspiration peut-on dire à une vie d'ordre, de tranquillité et de paix que le
Koôngologue abbé TSIAKAKA exprime avec justesse tout au long de son propos.
Avec
cette approche la médécine chez les KOÔNGO, comme chez les autres peuples
d'Afrique repose, note avec perspicacité le père TSIAKAKA, sur une conception
de l'homme, de ses rapports avec les autres, avec l'univers et les ancêtres.
Tout se tient dans cette médecine, le monde humain et le monde des ancêtres, le
profane et le religieux. Pour les KOÔNGO, ces " différentes sphères se
mêlent et s'enchevêtrent, s'enveloppent et se prolongent, comme dans ces forêts
les arbres et les lianes, l'ombre et la lumière, le silence et le bruit. Elle
est, conclut-il, une " partie intégrante de la culture, des
représentations, des systèmes de valeurs qui fondent l'existence et lui donnent
un sens ( Abbé TSIAKAKA in " Médecine Koôngo P.12.).
Sans
pour autant avoir un quelconque mépris sur la médécine moderne ou dite
scientifique, le Koôngoloque abbé TSIAKAKA nous fait plonger dans l'univers de
la TRADITION. Cette TRADITION qui peut être une source d'enrichissement pour le
renouvellement de l'être à propos de son équilibre tant physique que spirituel.
Pour ce faire, l'auteur relève avant tout que:
"
Dans sa portée étymlogique, tradition dérive du latin traditio, acte de
transmettre, et vient du verbe tradere, faire passer à un autre, livrer,
remettre. En léguant ce qu'elle sait, une communauté se "recrée"
elle-même et "fait être de nouveau" ce qu'elle a été comme ce qu'elle
veut être. Elle intervient dans le façonnage du présent, elle contribue à la
réalisation " des nouvelles
combinatoires" et culturelles." (Abbé TSIAKAKA P.20)
Dans
le même ordre d'idées le Koôngologue abbé TSIAKAKA relève que " La
tradition traduit donc une vitalité créatrice. Elle est le lieu où les données
sociales, religieuses, culturelles, politiques et économiques du passé
s'innovent dans le présent, et le présent dans le futur. (Abbé TSIAKAKA
ibidem).
En
nous faisant plonger dans l'univers de la tradition KOÔNGO, l'abbé TSIAKAKA
apporte par ailleurs, une lueur sur ce
qu'il convient d'entendre par le mot NGAANGA. Les détenteurs du savoir
thérapeutique, dans la société Koôngo, sont, écrit-il, désignés par le terme
générique de ngàanga. Ce terme peut être rapproché du verbe gàanga,
ajuster, arranger. De ce verbe ressort l'idée, dans le contexte de la médécine
Koongo, d'une personne qui participe à l'amélioration d'un état.( Abbé TSIAKAKA
P.132).
Mais
à l'effet d'éviter une quelconque confusion sur le terme ngàanga, le
père TSIAKAKA précise toutefois qu'il recouvre une multiplicité de réalités et
désigne plusieurs types de praticiens aux spécialités très diverses, comme on
parlerait, en général, de médecins, alors que chaque médecin, excepté les
généralistes, a un nom particulier liè à sa spécialité.
Dans
la société Koôngo, il y a, ajoute le père TSIAKAKA, une diversité de
thérapeutes. Chacun est désigné par le terme générique, ngàanga, auquel
on juxtapose le nom de la maladie qu'il soigne ou son savoir-faire. Ce
complément au nom du thérapeute marque la spécialité de la personne. Ainsi, les
premiers de tous sont les thérapeutes spécialistes du diagnostic, ngàanga-ngombo
et le ngàanga-mpiatu, puis viennent tous les thérapeutes spécialistes
des diverses maladies Abbé TSIAKAKA P.135).
Ceci dit, la
définition du NGAANGA comme étant un féticheur détenteur à ce titre d'un
pouvoir magique (c'est-à-dire des fétiches)
est inexacte par rapport à celle qu'en donne le père TSIAKAKA.
Ainsi en
partant de l'étude remarquable du père TSIAKAKA, le NGAANGA apparaît
justement comme un fin connaisseur des vertus des plantes ou des végétaux voire
de la nature qu'il met à la disposition des hommes pour leur bien être tant
physique que spirituel.
Bel
ouvrage tant dans la documentation que dans la connaissance de cette médecine
KOÔNGO qu'il convient de lire. Il est un rappel de cette médecine qu'on ne
saurait ignorer compte tenu de ses bienfaits dans la lutte de certaines
maladies.
Cependant,
le père TSIAKAKA reste un Koôngologue particulièrement réservé qui n'entend
guère faire de la médecine KOÔNGO une vérité absolue. Bien au contraire, son
propos demeure raisonnablement
constructif. La médecine KOÔNGO ne saurait, écrit-il, remplacer la médecine
moderne. Sans contester les nombreux avantages de la médecine moderne (examens
de laboratoire, des rayons X, etc.) et des rapports thérapeutiques ayant fait
leurs preuves (antibiotiques, vaccins, chimiothérapies, chirurgie, sulfamides,
antimalariques, etc.) la médecine KOÔNGO, en réponse au problème de l'humanisation
de la médecine moderne, est toutefois d'après l'éminent Koôngologue une
source d'innovation thérapeutique moderne.
Rudy MBEMBA-Dya-Bô-BENAZO-MBANZULU
( TATA N'DWENGA)
Avocat à la Cour
Koôngologue
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