lundi 24 juin 2019

" Luzabu salu luena !" Heureux, bienheureux est celui qui conduit ses amis à la source de la connaissance ! Taata NDUENGA, matoondo !



TAATA NDOUNDOU : PASTEUR DE L’EGLISE PROTESTANTE, EVANGELIQUE ET NGUNZA AU REGARD DE LA TRADITION KOONGO (1er MAI 1911/6 JANVIER 1986)

          Taata NDOUNDOU est certainement le pasteur le plus charismatique que l’église protestante et évangélique ait connu depuis sa fondation au Congo-Brazzaville.

          Daniel NDOUNDOU est né le 1er mai 1911 dans le village de Kindamba qui est situé dans le district de Mfouati dans le département de la Bouenza au Congo-Brazzaville. Ce village de Kindamba se trouve tout près de la frontière du Congo-Kinhasa à cinq kilomètres de Kingoyi (Ne pas confondre avec la ville de Kindamba située plus au nord dans la région du Pool).

Daniel NDOUNDOU est fils de taa Nsemi Mboko et de maa Bouanga Boua Mboukou.

          L’enfant NDOUNDOU porte un nom à signification. Un nom exprime, comme le rapporte le père Van Wing, la nature individuelle de l’être. Le nom n’est pas une simple étiquette, c’est la réalité même de l’individu. [ Van Wing in « Etudes Bakongo sociologie, religion et magie » Deuxième édition 1959 P.72.

          On appelle ndoundou [ albinos], écrit Georges Balandier, ceux qui, étant nés d’un père noir, ne laissent pas d’être fort blancs, avec les cheveux blonds et crépus. Et au sein de l’ordre initiatique de Koôngo dia Kimpasi existe Ma NDOUNDOU, la vénérable albinos, personnage insolite et redouté, être de l’autre monde, qui s’impose comme « l’actrice la plus influente. Au sein de cet ordre, elle est l’accompagnatrice des néophytes vers leur nouvelle naissance comme elle porterait un enfant en son sein. [ Georges Balandier in « La vie quotidienne au Royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle » Hachette 1965 P.216 et s.] Cette seconde ou nouvelle naissance fait d’eux des Nkita ou de véritables initiés.

          Par ailleurs, le nom NDOUNDOU est une liaison de deux vocables identiques à savoir : le Ndu.

          A dire vrai, le Ndu tend à exprimer dans la culture Koôngo, l’état d’élévation de l’être ou du Muuntu dans sa quête de perfection dans les savoirs et connaissances que lui offre la nature ou l’univers. C’est la traduction même de l’invitation de l’être à pouvoir comprendre et saisir les secrets de l’univers, c’est-à-dire de la sphère tant céleste que terrestre. [ Rudy Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu in « Le muntuïsme l’humanisme intégral africain » Société des écrivains 2006 P.88 et s.]

          C’est ainsi que, de par son nom, taata NDOUNDOU est, d’après la tradition Koôngo, un mu-kundula, mu-mpandula, c’est-à- dire un faiseur des mpandu ou actions salutaires tendant au bien-être des individus qui, dans la souffrance ou misère en ont véritablement besoin. Il est détenteur de Ndu ou ku-ndu, c’est-à-dire de cette science dont l’objet consiste en une recherche analytique, méticuleuse et soigneuse des éléments que compose le lwandu ou l’univers et ce, pour le bien ou le soulagement des âmes en souffrance.

          Dès son jeune âge, Daniel NDOUNDOU est très proche de son oncle maternel, le nommé Noé Nsemi qu’il accompagne de village en village pour ses prédications. Son oncle fera d’ailleurs partie des premiers congolais élevés au grade de pasteur durant les années 1940 au Congo-Brazzaville.

          Daniel NDOUNDOU est élève de l’école catholique au moment de l’avènement du mouvement de Simon Kimbangou. Très tôt, il quittera cette école avec quelques camarades pour intégrer le mouvement de Réveil qui sera constitué autour de la personne du prophète Simon Kimbangou.

          Daniel NDOUNDOU est un enfant pas comme les autres. Il aime se recueillir, prier, méditer puisqu’il a souvent des visions et certaines d’entre elles, comportent des révélations sur son destin. Il en fait part à sa mère qui l’exhorte à la loi du silence en lui recommandant notamment de garder ses expériences et de beaucoup prier.

          C’est ainsi qu’à l’occasion de son baptême en 1923, le jeune NDOUNDOU adopte le nom de Daniel pour s’identifier au prophète Daniel qui, dans l’Ancien testament est défini comme un homme indépendant et courageux, somme toute, comme un prophète.

          Daniel NDOUNDOU est consacré pasteur à Dolisie le 16 juin 1946, le même jour que l’un de ses collègues le nommé Jean Yayaka.

          Au sein de l’église protestante et évangélique, le pasteur Daniel NDOUNDOU sera l’un des dirigeants du mouvement de Réveil. En effet, entre les années 1920 et 1940, le Congo-Belge et le Congo-Français avaient été gagnés par un mouvement de Réveil qui, en milieu Koôngo donna lieu, à l’avènement des églises comme le Kimbanguisme, le Ngounzisme ou le Matsouanisme. Et le pasteur Daniel NDOUNDOU réussit très habilement à intégrer au sein de l’église protestante, évangélique quelques principes ou rites dominants des églises autochtones tournées essentiellement vers les croyances ancestrales.

          L’une des grandes figures de l’église protestante et évangélique au Congo-Brazzaville en la personne du pasteur Buana Kibongui, s’opposa ouvertement aux pratiques de taata NDOUNDOU, les considérant, peut-on dire, moins attrayantes, à la connaissance de la parole de Dieu en disant notamment que :

« Le pasteur Daniel NDOUNDOU insistait sur les manifestations spirituelles tandis-que moi, je mettais l’accent sur la nécessité de connaître la Bible pour mieux vivre les manifestations spirituelles. »

          La théologie de taata NDOUNDOU comporte trois aspects fondamentaux : elle est fondée sur la médecine révélée qui est associée à la culture traditionnelle qui, elle-même consacre en son sein, des diagnostics et des traitements sur la base des révélations avec des remèdes fabriqués à base aussi des plantes. Il y a aussi, l’usage de l’eau en procédant effectivement, à des bains de purification, comme le fit majestueusement en son temps, taata Simon Kimbangou en invitant ses adeptes, à ce type de rites à Nkamba, la nouvelle Jérusalem. Cette même théologie offre en dernier lieu, une place non négligeable à l’interprétation des rêves. Et pour taata NDOUNDOU, il était normal que Dieu parle à ses fidèles à travers les rêves d’autant plus que les récits précédant la naissance du Christ en sont une parfaite illustration.

          C’est à ce titre que, le pasteur Daniel NDOUNDOU consacrait dans le cadre de son ministère une grande partie de son temps à la cure d’âme personnelle et aux prières d’intercession comme dans les assemblées Ngunza. Il accordait une grande importance aux manifestations spirituelles.

          Un élève pasteur de 1965 à 1969 appelé Patrice Demba raconte la force spirituelle du pasteur Ndoundou qui, de surcroît lui conférait la qualité d’un véritable prophète dont les actes de guérison étaient le plus souvent en parfaite conformité avec ses paroles.

« tata NDOUNDOU avait prié pour une femme qui n’avait plus d’utérus. Il lui dit : « Ta foi est grande. Tu auras encore des enfants » tata Buana nous dit : « Ce que dit tata Ndoundou n’est pas vrai car cette femme n’a plus d’utérus. Elle ne pourra plus avoir d’enfants. » plus tard, cette femme mit au monde des jumeaux. C’est pour des choses comme ça que nous respections plus tata Ndoundou. »

          C’est là, une des caractéristiques de taata NDOUNDOU, homme d’église ou pasteur de l’église protestante, évangélique dont le nom fait aussi partie de l’égrégore Koôngo, en raison de son remarquable ministère de guérisons ou de miracles et de sa dimension charismatique qui lui confère, entre autres et ce, incontestablement la qualité d’un véritable Ngunza.

TAATA NDUENGA



dimanche 2 juin 2019

"kOOKA MAAJI, kooko mungua", "nsimu ni mayela", lubambu hana ngangu ! Matondo kua taata Nduenga !


      KOÔNGO DIA MOUKOUBA : CHEF DE TRIBU ET CHEF SUPERIEUR DANS LES PAYS DE MPANGALA DANS LE DEPARTEMENT DU POOL PENDANT L’OCCUPATION ET CE, DEPUIS 1921

Traître ou Digne fils de la Nation Congolaise ?

         Le chef Kongo ou Kongo dia Moukouba était un che

f remarquablement bien apprécié par l’administration française pendant la colonisation du Congo-Brazzaville. Il est défini par cette administration comme un homme :

« Intelligent, travailleur, règne sur quatre groupes : Bassoundi, Balari, Batéké, Minkengé. Il n’est pas de race pure. Il est issu de l’union d’un Balari avec une Bassoundi ».

         Pour le colonisateur français, le Chef Kongo ou Kongo dia Moukouba jouit d’une compétence et d’une autorité incontestables malgré la diversité des races et les manœuvres sournoises de certains de ses Chefs de terre qui ont tout fait pour lui créer des difficultés, saper son prestige et le détacher de nous. Kongo est d’un secours précieux à l’administration par son autorité, son bon sens, sa connaissance du pays et sa constance à servir la cause française même au milieu des pires difficultés. Côme Kinata in « Les ethnochefferies dans le Bas-Congo français : collaboration et résistance 1896-1960 » L’Harmattan 2001 P.105 et s.

         D’ailleurs, cette fidélité ou cette loyauté envers l’administration coloniale lui valut, hostilité et mépris de ses congénères, à l’instar du chef charismatique taata Mbiémo et l’un de ses frères Milongo réputé comme un nationaliste féroce auprès de l’administration coloniale française.

         Le Chef M’biémo et son frère Milongo sont des nationalistes ou des indépendantistes déclarés, connus comme tels par l’administration coloniale française qui n’hésiteront guère à le faire savoir lors de leur procès tenu le 18 novembre 1940 devant le Tribunal du second degré du département du Pool sous la présidence de Monsieur Pierre De Buttafoco administrateur des colonies et chef du département du Pool.

A ce propos, Chef du village Tsinamana du canton Kongo, taata M’biémo exprimera auprès du juge De Buttafoco sa désapprobation envers le Chef Kongo et ses acolytes en disant très clairement :

« J’avoue que je n’approuve pas leur soumission (Kongo et Kata) à la taxe de la Société de prévoyance, pas plus que leur zèle pour ce qui me déplaît. »

Quant à son frère Milongo, le redoutable, il fera un descriptif du chef Kongo, en le présentant implicitement comme un véritable traître de la Cause Nationale Congolaise en déclarant devant le même tribunal très hostile aux indépendantistes que :

« Je ne partage pas leur politique d’obéissance aux directives du poste tant en ce qui concerne les cotisations de la Société de prévoyance qu’en ce qui concerne leur obstacle à notre Amicale. En réalité l’autorité du chef Kongo était largement battue en brèche depuis son opposition à l’Amicale. Il fut même molesté par ses administrés en 1936 pour avoir accepté les semences d’arachides distribuées par l’administration coloniale alors que les populations les avaient rejetées. Son prestige dut être à tout moment renforcé par ses maîtres. »

Par ailleurs, dans l’un de ses courriers de février 1946, le Chef Kongo ou Kongo dia Moukouba adressé au Chef de département du Pool, fait état d’une violation de son domicile suivie de violences physiques dont il avait été victime de la part de ses adversaires, les pro-nationalistes en écrivant :

« dans la nuit du 13 au 14 février 1946, j’ai été attaqué chez moi, assommé, puis pillé par une bande d’une trentaine de Balali, venus de la terre Goma-Tsé-Tsé. Après m’avoir jeté à terre et frappé à coups de poings et de bâtons, ils ont brisé la porte et les fenêtres de ma case et l’ont mise à sac. Ces indigènes ont agi de la sorte sous le prétexte que je m’étais séparé de l’Amicale et qu’aux dernières élections je n’avais pas voté pour André Matswa. C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons qu’ils ont frappé et pillé les autres chefs du Département. Je n’ai pas pu me défendre, tous mes gens m’ayant abandonné. » Côme Kinata Op.cit. P.107.

Il est certainement incontestable que le Chef Kongo ait été un illustre personnage, fort intelligent, compétent dans la gestion des biens et des hommes, ayant le bon sens et la connaissance de son pays. Cependant, son ambiguïté relationnelle et fraternelle, le manque de solidarité notamment vis-à-vis de ses compatriotes congolais, sa loyauté ou sa fidélité constante voire indéfectible envers l’administration coloniale française ne l’ont guère aidé à agir avec discernement pour le bien et la force de sa Nation Congolaise.


TAATA NDUENGA