TAATA NDOUNDOU : PASTEUR DE L’EGLISE
PROTESTANTE, EVANGELIQUE ET NGUNZA AU REGARD DE LA TRADITION KOONGO (1er
MAI 1911/6 JANVIER 1986)
Taata
NDOUNDOU est certainement le pasteur le plus charismatique que l’église
protestante et évangélique ait connu depuis sa fondation au Congo-Brazzaville.
Daniel
NDOUNDOU est né le 1er mai 1911 dans le village de Kindamba qui est
situé dans le district de Mfouati dans le département de la Bouenza au
Congo-Brazzaville. Ce village de Kindamba se trouve tout près de la frontière
du Congo-Kinhasa à cinq kilomètres de Kingoyi (Ne pas confondre avec la ville
de Kindamba située plus au nord dans la région du Pool).
Daniel NDOUNDOU est fils de taa
Nsemi Mboko et de maa Bouanga Boua Mboukou.
L’enfant
NDOUNDOU porte un nom à signification. Un nom exprime, comme le rapporte le
père Van Wing, la nature individuelle de l’être. Le nom n’est pas une simple
étiquette, c’est la réalité même de l’individu. [ Van Wing in « Etudes
Bakongo sociologie, religion et magie » Deuxième édition 1959 P.72.
On
appelle ndoundou [ albinos], écrit Georges Balandier, ceux qui, étant nés d’un
père noir, ne laissent pas d’être fort blancs, avec les cheveux blonds et
crépus. Et au sein de l’ordre initiatique de Koôngo dia Kimpasi existe Ma NDOUNDOU,
la vénérable albinos, personnage insolite et redouté, être de l’autre monde,
qui s’impose comme « l’actrice la plus influente. Au sein de cet ordre,
elle est l’accompagnatrice des néophytes vers leur nouvelle naissance comme
elle porterait un enfant en son sein. [ Georges Balandier in « La vie
quotidienne au Royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle »
Hachette 1965 P.216 et s.] Cette seconde ou nouvelle naissance fait d’eux des Nkita
ou de véritables initiés.
Par ailleurs,
le nom NDOUNDOU est une liaison de deux vocables identiques à savoir : le Ndu.
A
dire vrai, le Ndu tend à exprimer dans la culture Koôngo, l’état d’élévation
de l’être ou du Muuntu dans sa quête de perfection dans les savoirs et
connaissances que lui offre la nature ou l’univers. C’est la traduction même de
l’invitation de l’être à pouvoir comprendre et saisir les secrets de l’univers,
c’est-à-dire de la sphère tant céleste que terrestre. [ Rudy
Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu in « Le muntuïsme l’humanisme intégral
africain » Société des écrivains 2006 P.88 et s.]
C’est
ainsi que, de par son nom, taata NDOUNDOU est, d’après la tradition
Koôngo, un mu-kundula, mu-mpandula, c’est-à- dire un
faiseur des mpandu ou actions salutaires tendant au bien-être des
individus qui, dans la souffrance ou misère en ont véritablement besoin. Il est
détenteur de Ndu ou ku-ndu, c’est-à-dire de cette science dont l’objet
consiste en une recherche analytique, méticuleuse et soigneuse des éléments que
compose le lwandu ou l’univers et ce, pour le bien ou le soulagement des
âmes en souffrance.
Dès
son jeune âge, Daniel NDOUNDOU est très proche de son oncle maternel, le nommé
Noé Nsemi qu’il accompagne de village en village pour ses prédications. Son oncle
fera d’ailleurs partie des premiers congolais élevés au grade de pasteur durant
les années 1940 au Congo-Brazzaville.
Daniel
NDOUNDOU est élève de l’école catholique au moment de l’avènement du mouvement
de Simon Kimbangou. Très tôt, il quittera cette école avec quelques camarades
pour intégrer le mouvement de Réveil qui sera constitué autour de la personne du
prophète Simon Kimbangou.
Daniel
NDOUNDOU est un enfant pas comme les autres. Il aime se recueillir, prier,
méditer puisqu’il a souvent des visions et certaines d’entre elles, comportent
des révélations sur son destin. Il en fait part à sa mère qui l’exhorte à la
loi du silence en lui recommandant notamment de garder ses expériences et de
beaucoup prier.
C’est
ainsi qu’à l’occasion de son baptême en 1923, le jeune NDOUNDOU adopte le nom
de Daniel pour s’identifier au prophète Daniel qui, dans l’Ancien testament est
défini comme un homme indépendant et courageux, somme toute, comme un prophète.
Daniel
NDOUNDOU est consacré pasteur à Dolisie le 16 juin 1946, le même jour que l’un
de ses collègues le nommé Jean Yayaka.
Au
sein de l’église protestante et évangélique, le pasteur Daniel NDOUNDOU sera l’un
des dirigeants du mouvement de Réveil. En effet, entre les années 1920 et 1940,
le Congo-Belge et le Congo-Français avaient été gagnés par un mouvement de Réveil
qui, en milieu Koôngo donna lieu, à l’avènement des églises comme le
Kimbanguisme, le Ngounzisme ou le Matsouanisme. Et le pasteur
Daniel NDOUNDOU réussit très habilement à intégrer au sein de l’église protestante,
évangélique quelques principes ou rites dominants des églises autochtones
tournées essentiellement vers les croyances ancestrales.
L’une
des grandes figures de l’église protestante et évangélique au Congo-Brazzaville
en la personne du pasteur Buana Kibongui, s’opposa ouvertement aux pratiques de
taata NDOUNDOU, les considérant, peut-on dire, moins attrayantes, à la
connaissance de la parole de Dieu en disant notamment que :
« Le pasteur Daniel NDOUNDOU insistait sur
les manifestations spirituelles tandis-que moi, je mettais l’accent sur la
nécessité de connaître la Bible pour mieux vivre les manifestations
spirituelles. »
La
théologie de taata NDOUNDOU comporte trois aspects fondamentaux :
elle est fondée sur la médecine révélée qui est associée à la culture traditionnelle
qui, elle-même consacre en son sein, des diagnostics et des traitements sur la
base des révélations avec des remèdes fabriqués à base aussi des plantes. Il y
a aussi, l’usage de l’eau en procédant effectivement, à des bains de
purification, comme le fit majestueusement en son temps, taata Simon
Kimbangou en invitant ses adeptes, à ce type de rites à Nkamba, la nouvelle
Jérusalem. Cette même théologie offre en dernier lieu, une place non
négligeable à l’interprétation des rêves. Et pour taata NDOUNDOU, il
était normal que Dieu parle à ses fidèles à travers les rêves d’autant plus que
les récits précédant la naissance du Christ en sont une parfaite illustration.
C’est
à ce titre que, le pasteur Daniel NDOUNDOU consacrait dans le cadre de son
ministère une grande partie de son temps à la cure d’âme personnelle et aux
prières d’intercession comme dans les assemblées Ngunza. Il accordait
une grande importance aux manifestations spirituelles.
Un
élève pasteur de 1965 à 1969 appelé Patrice Demba raconte la force spirituelle
du pasteur Ndoundou qui, de surcroît lui conférait la qualité d’un véritable
prophète dont les actes de guérison étaient le plus souvent en parfaite
conformité avec ses paroles.
« tata NDOUNDOU avait prié pour une femme
qui n’avait plus d’utérus. Il lui dit : « Ta foi est grande. Tu auras
encore des enfants » tata Buana nous dit : « Ce que dit tata
Ndoundou n’est pas vrai car cette femme n’a plus d’utérus. Elle ne pourra plus
avoir d’enfants. » plus tard, cette femme mit au monde des jumeaux. C’est
pour des choses comme ça que nous respections plus tata Ndoundou. »
C’est
là, une des caractéristiques de taata NDOUNDOU, homme d’église ou
pasteur de l’église protestante, évangélique dont le nom fait aussi partie de l’égrégore
Koôngo, en raison de son remarquable ministère de guérisons ou de miracles et de
sa dimension charismatique qui lui confère, entre autres et ce,
incontestablement la qualité d’un véritable Ngunza.
TAATA NDUENGA
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