KOÔNGO
DIA MOUKOUBA : CHEF DE TRIBU ET CHEF SUPERIEUR DANS LES PAYS DE MPANGALA
DANS LE DEPARTEMENT DU POOL PENDANT L’OCCUPATION ET CE, DEPUIS 1921
Traître ou
Digne fils de la Nation Congolaise ?
Le
chef Kongo ou Kongo dia Moukouba était un che
f remarquablement bien apprécié par l’administration
française pendant la colonisation du Congo-Brazzaville. Il est défini par cette
administration comme un homme :
« Intelligent, travailleur, règne sur quatre
groupes : Bassoundi, Balari, Batéké, Minkengé. Il n’est pas de race pure.
Il est issu de l’union d’un Balari avec une Bassoundi ».
Pour
le colonisateur français, le Chef Kongo ou Kongo dia Moukouba jouit d’une
compétence et d’une autorité incontestables malgré la diversité des races et
les manœuvres sournoises de certains de ses Chefs de terre qui ont tout fait
pour lui créer des difficultés, saper son prestige et le détacher de nous.
Kongo est d’un secours précieux à l’administration par son autorité, son bon
sens, sa connaissance du pays et sa constance à servir la cause française même au
milieu des pires difficultés. Côme Kinata in « Les ethnochefferies dans le Bas-Congo français : collaboration et
résistance 1896-1960 » L’Harmattan 2001 P.105 et s.
D’ailleurs,
cette fidélité ou cette loyauté envers l’administration coloniale lui valut, hostilité
et mépris de ses congénères, à l’instar du chef charismatique taata Mbiémo et l’un de ses frères
Milongo réputé comme un nationaliste féroce auprès de l’administration
coloniale française.
Le
Chef M’biémo et son frère Milongo sont des nationalistes ou des indépendantistes
déclarés, connus comme tels par l’administration coloniale française qui n’hésiteront
guère à le faire savoir lors de leur procès tenu le 18 novembre 1940 devant le
Tribunal du second degré du département du Pool sous la présidence de Monsieur
Pierre De Buttafoco administrateur des colonies et chef du département du Pool.
A ce propos, Chef du village
Tsinamana du canton Kongo, taata M’biémo
exprimera auprès du juge De Buttafoco sa désapprobation envers le Chef Kongo et
ses acolytes en disant très clairement :
« J’avoue que je n’approuve pas leur soumission (Kongo et Kata) à la taxe
de la Société de prévoyance, pas plus que leur zèle pour ce qui me déplaît. »
Quant à son frère Milongo, le
redoutable, il fera un descriptif du chef Kongo, en le présentant implicitement
comme un véritable traître de la Cause Nationale Congolaise en déclarant devant
le même tribunal très hostile aux indépendantistes que :
« Je ne partage pas leur politique d’obéissance aux directives du poste
tant en ce qui concerne les cotisations de la Société de prévoyance qu’en ce
qui concerne leur obstacle à notre Amicale. En réalité l’autorité du chef Kongo
était largement battue en brèche depuis son opposition à l’Amicale. Il fut même
molesté par ses administrés en 1936 pour avoir accepté les semences d’arachides
distribuées par l’administration coloniale alors que les populations les
avaient rejetées. Son prestige dut
être à tout moment renforcé par ses
maîtres. »
Par ailleurs, dans l’un de
ses courriers de février 1946, le Chef Kongo ou Kongo dia Moukouba adressé au
Chef de département du Pool, fait état d’une violation de son domicile suivie
de violences physiques dont il avait été victime de la part de ses adversaires,
les pro-nationalistes en écrivant :
« dans la nuit du 13 au 14 février 1946, j’ai été attaqué chez moi, assommé,
puis pillé par une bande d’une trentaine de Balali, venus de la terre Goma-Tsé-Tsé. Après m’avoir jeté à
terre et frappé à coups de poings et de bâtons, ils ont brisé la porte et les
fenêtres de ma case et l’ont mise à sac. Ces indigènes ont agi de la sorte sous
le prétexte que je m’étais séparé de l’Amicale et qu’aux dernières élections je
n’avais pas voté pour André Matswa. C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons qu’ils
ont frappé et pillé les autres chefs du Département. Je n’ai pas pu me
défendre, tous mes gens m’ayant abandonné. » Côme Kinata Op.cit.
P.107.
Il est certainement incontestable
que le Chef Kongo ait été un illustre personnage, fort intelligent, compétent
dans la gestion des biens et des hommes, ayant le bon sens et la connaissance de
son pays. Cependant, son ambiguïté relationnelle et fraternelle, le manque de
solidarité notamment vis-à-vis de ses compatriotes congolais, sa loyauté ou sa
fidélité constante voire indéfectible envers l’administration coloniale
française ne l’ont guère aidé à agir avec discernement pour le bien et la force
de sa Nation Congolaise.
TAATA NDUENGA
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