LE PROCES DE SIMON KIMBANGU PROPHETE ET MARTYR
AFRICAIN
Maître Rudy Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu
vient de pondre sur le marché du livre depuis le 4 décembre dernier aux
Editions Les Impliqués qui est une structure éditoriale fondée par L’Harmattan,
un nouvel ouvrage intitulé « Le procès de Simon Kimbangu
prophète et martyr africain ».
Dans cet ouvrage qui
comporte cinq chapitres, l’auteur, fait une critique du jugement rendu par le Conseil
de guerre belge à l’encontre de Simon Kimbangu et ses disciples le 3 octobre
1921.
Simon Kimbangu est
originaire du Congo démocratique. Il est né le 24 septembre 1889 et sera, à la
tête d’un mouvement religieux appelé le kimbanguisme lequel s’exprimera, tant
bien que mal, comme une réaction de protestation contre les injustices, la domination
ou les discriminations du colonisateur belge envers ses compatriotes, les
Congolais. Il apparaîtra aux yeux de ses adeptes comme un sauveur, un messie ou
un envoyé de Dieu pour dénoncer les atrocités coloniales belges commises sur
leur sol.
Pour le sociologue
Georges Balandier que rapporte l’auteur dans son ouvrage « Depuis 1920, les messianismes congolais n’ont
cessé d’affirmer leur activité, tantôt sur le plan religieux, tantôt sur le
plan politique ( en organisant la résistance à l’administration coloniale),
sans que la répression ne parvienne à d’autres résultats qu’à renforcer les
églises en créant des martyrs » [P.22.]
Maître Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu
note neuf chefs d’accusation retenus contre Simon Kimbangu parmi lesquels
figurent, entre autres, la tentative de
destruction de l’autorité de l’Etat par la tromperie vis-à-vis de la masse, la
discrimination raciale contre l’homme blanc en s’attribuant par ses actes,
propos et agissements…la qualité de rédempteur et de sauveur de la race noire.
[ P.82.]
De par l’analyse des
chefs d’accusation ou délits retenus contre Simon Kimbangu, il ressort très
clairement une volonté du colonisateur belge d’étouffer le mouvement d’émancipation
du peuple Africain, en l’occurrence du peuple Congolais.
Les règles de droit les
plus élémentaires qui soient dans l’administration d’une bonne justice sont
purement et simplement bafouées par celui qui prétend paradoxalement être le
défenseur ou le garant du droit à savoir : le colonisateur belge
De l’observation du
déroulé du procès de Simon Kimbangu tout laisse à penser qu’il est une victime
innocente, à l’instar de Kimpa vita qui subit les flammes du feu esclavagiste
au XVIIIième siècle dans le Koôngo royal et ce, avec la complicité des pères d’Eglise
catholique vaticane romaine. Il en est de même du vaillant combattant de la
liberté André Grenard Matsoua qui, dans les années 1940, va au
Congo-Brazzaville, subir injustement les foudres du colonisateur français sur
des faits non justifiés revêtant une fausse qualification juridique d’escroquerie.
Qu’il s’agisse de Simon
Kimbangu, d’André Grenard Matsoua ou de Dona Béatrice Kimpa Vita, aucun d’eux
ne bénéficie du ministère de l’avocat qui, sur le terrain du droit, constitue
pourtant l’une des garanties fondamentales des droits de la défense.
De plus, Simon Kimbangu
est traité par le juge colonialiste d’illuminé pour l’affaiblir et surtout pour
ranger son action, comme du temps de Kimpa Vita, au rang des choses
superstitieuses.
Pour l’Avocat belge
Maître Jules Chomé que cite l’auteur, « ce jugement se passe évidemment de commentaires. Une telle indigence de
motifs, susceptibles de personnaliser dans le chef de Simon Kimbangou un crime
ou un délit, aboutisse finalement à sa condamnation à la peine capitale
demeurera une monstruosité juridique, qui se suffit à elle-même et n’a pas
besoin d’exégèse. » [ P.83.]
Quant à l’auteur lui-même
Maître Mbemba, il considère qu’ « il
ne s’agit aucunement d’un procès équitable. Il s’agit beaucoup plus d’un
complot intelligemment orchestré par les autorités coloniales belges. Il est
destiné à mettre en échec l’avènement d’une prise de conscience des populations congolaises sur leurs sorts
ou conditions de vie qui au jour le jour, deviennent indignes. »
[P.84.]
En résumé, la procédure
judiciaire, à l’occasion du procès de Simon Kimbangu n’a pas été respectée. De
ce procès, comme l’écrit à juste titre l’avocat belge Maître Jules Chomé, où l’on
fit rétroagir la compétence du tribunal spécial, où tout se fit avec une hâte
fébrile, où les accusés furent dépourvus de toute défense, où le principal
accusé comparut et demeura devant son juge chargé de chaînes, où le même accusé,
entre deux audiences, fut douché et frappé de douze coups de chicotte sur l’ordre
du juge, ce procès…. a violé toutes les notions les plus élémentaires des
Droits de l’Homme.[ P.89.]
En 2011, la Haute Cour
Militaire en République Démocratique du Congo (RDC) avait tenu une audience de
révision du jugement rendu à l’encontre de Simon Kimbangu le 3 octobre 1921, en
l’innocentant au final. Si une telle démarche est louable sur le plan politique
et culturel, il n’en demeure pas moins qu’elle est insuffisante sur le terrain
du droit dans la mesure où Simon Kimbangu avait été jugé par les autorités
coloniales belges et non par les autorités indépendantes ou autochtones, c’est-à-dire
congolaises.
C’est pourquoi, pour clore
le débat sur ce procès, il incombe raisonnablement aux autorités politiques
congolaises, par l’intermédiaire par exemple du ministère des affaires
étrangères et celui de la justice d’interpeller leurs homologues belges à l’effet
d’une reconnaissance par la Belgique du non-respect des règles de droit dans le
procès Kimbangu.
En
réalité Simon Kimbangu est la voix, la cause de l’émancipation de l’être qui
refuse, en tous points de vue, la négation de son identité ou de sa raison d’être.
Enfin, après lecture de
ce procès, je suis une fois de plus convaincue, l’Afrique ne pourra se
développer que, dans l’unité et la sincérité convictionnelle des combats à mener
voire lorsqu’elle saura connaître ses véritables adversaires, en transcendant et,
en éliminant, en son sein, tout ce qui l’affaiblit, en commençant notamment par
les divisions tribales ou ethniques. Car la force ou la puissance n’est, en réalité
qu’une expression du principe de l’unité, à tous les échelons de la vie.
Eliezere BAHADILA (Ndona Elior)
Licenciée en psychologie
Maama Ndona Elior, merci de ce partage qui contribue à la réflexion profonde de "muntuiser" (humaniser) l'Homme errant , sans repère, sans attache solide dans la connaissance de son histoire. On ne saurait sortir du guet-apens tribal ou ethnique que dans la mesure où nous nous impliquerons à œuvrer pour la justice sociale dans les tâches, les fonctions et les responsabilités qui sont les nôtres où que nous soyons. Il se trouve que les divisions ethniques auxquelles vous faites allusion ne sont que le résultat de l'égoïsme de quelques uns qui briment les autres. A suivre !
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