vendredi 20 octobre 2017

L'histoire de "Tête pleine-Cou baissé", supplément à la publication du 30 juin 2017


Il était une fois, je m'adressais à un groupe d'élèves de Terminal quelque part en région parisienne. Avant d'amorcer notre échange sur mon sujet d'intervention, il me vint à l'esprit de jeter un coup d’œil sur le dossier de chacun. Je aperçue qu'ils étaient tous nés en 2000. Cela m'a fait pensé à l'adulte de l'autre siècle que j'étais, car né dans les années 1960. Nous parlions de "Bioéthique", en abordant notamment la question de la souffrance hier, aujourd'hui et peut-être demain !
  Ce débat très animé m'a redirigé vers la célèbre citation de Michel Eyguem de Montaingne: "mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine". Ainsi naquit l'histoire de "Tête pleine-Cou baissé". La génération 2.0 sait tant de choses, tellement de choses qu'elle en a la tête pleine, si pleine qu'elle lui pend sur les épaules et lui pèse sur le cou. Un coup, c'est aux SMS qu'il faut répondre en marchant dans la rue; un coup, son cou est penché vers son épaule pour bloquer son téléphone sans écouteur, pendant que ses mains sont occupées à effectuer d'autres tâches, tout en poursuivant les causeries qui ne s'arrêtent jamais, tête baissée par les sonorités de la musique, bien rythmées... "Tête pleine-Cou baissé" fait partie des mômes aux têtes étêtées qui me font penser à cette phrase apprise en classe de CP2 à Kinkala: "Toto as-tu ta tête ?" On pourrait reformuler la question autrement: Toto, où aurais-tu ta tête ?




   La tête de Toto serait probablement dans ses mains, entre ses doigts agiles qui l'aident à conquérir le monde entier, juste en appuyant des touches de son Ipad ou de son Iphone dernière génération. Meilleur des mondes que celui d'Aldou Huxley où la rupture est en marche vers l'Homme augmenté de l'horizon 2050, l'Homme de Tout et tout de suite... où la laideur, les douleurs et la souffrance n'auront plus de prise sur la personne humaine, un monde sans insectes, un monde sans les vers, car les exploits scientifiques auront tout résolu, par exemple: "voulez-vous d'un enfant et que vous ne vouliez pas en porter la grossesse ? la PMA s'en chargera ! Voulez-vous d'un enfant sans paternité ?  La GPA vous en offre la possibilité ! Les femmes trouvant les menstrues monstrueuses pourraient également s'en passer, car des contraceptifs d'appoint font l'affaire. Un truc en plus ou un truc en moins sur soi, la chirurgie esthétique ou la chirurgie de réassignation sexuelle pourrait s'en occuper ! Voulez-vous être transgenre, queer, transsexuel, etc. "yes, you can" ! Le libéralisme des mœurs n'entend plus lésiner sur les moyens et c'est sur l'Etre heureux que tout se focalise: avoir le bonheur, être heureux sans trop d'effort, baigner dans le confort. Si davantage quelque incommodité venait à contrarier votre bonheur, le SMA pourrait vous soulager; car"tous les hommes recherchent d'être heureux, cela est sans exception. Quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but, le bonheur. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre" (cf. Les pensées de Blaise Pascal). La quête du bonheur en serait la finalité et non le moyen, car celle-ci serait humainement universelle. Aucun humain ne prendrait donc le malin plaisir de souffrir à moins que ses vues de l'esprit aient été altérées par quelque pathologie. A tout le moins, à moins d'être masochiste. C'est le bonheur qui nous fait lever de bonne heure le matin et pourrait nous faire coucher tard la nuit, nous ayant ballotté ici et là durant la journée, à gagner la vie à la sueur de notre front. Il ne saurait y avoir de conquête plus utile que de lutter à être heureux, mais beaucoup y ont renoncé et ont choisi les chemins du bonheur commode et des plaisirs faciles, qu'il serait bientôt interdit de souffrir.
  La souffrance accompagne accompagne la vie. Autrefois, avant la péridurale, c'était dans la douleur que femme donnait la vie. Dans le monde de "Tête pleine-Cou baissé", cette douleur n'aurait plus de sens, puis que le monde a bien évolué ! La souffrance peut-elle encore avoir du sens dans un siècle où tout est fait pour que tout soit facile, sans douleur et sans effort ?
  La grande question de la bioéthique est dans l'économie de la souffrance:
        * Souffrance de ne pas pouvoir ou de ne pas vouloir procréer, la solution serait-elle de recourir à la GPA, à la FIV, à la PMA ?
        * Souffrance de la maladie face à la mort, le SMA serait-ce la solution la plus digne ?
        * Souffrances dans la vie conjugale, le divorce serait-ce la solution idéale ?
        * Souffrance d'attendre longtemps avant la récolte pour si peu, allons-y avec les OGM, les pesticides et les perturbateurs endocriniens ! (de même des études ont-elles montré le rôle des pesticides dans la diminution de la qualité du sperme humain... cf. Madia p.154).
       * Souffrance face à son être, la chirurgie esthétique vient à la rescousse pour réparer les imperfections de la nature !


       * Souffrance face à son mal de vivre sexuel, le transgenre ou la transsexualité, le queer, la chirurgie de réassignation sexuelle suffiraient pour trouver pleinement son épanouissement ! Bref. Face à la souffrance, c'est le respect, la dignité humaine, l'humilité que nous devrions revêtir surtout lorsqu'il s'agit de la souffrance des autres. Le silence compatissant et un accompagnement digne des personnes dans leur quête légitime de sérénité et de paix intérieure devraient être le début de réponse à tout; plutôt que les juger ou ne faire que dans la morale. Partager une vision critique des choses pourrait aussi contribuer à redonner des repères au monde de "Tête pleine-Cou baissé", lui rappelant le célèbre maxime de Rabelais "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Tant de drames et des tragédies peuvent nous interroger à savoir si nous avons encore cette conscience efficiente assez présente aux siècles derniers ?
    La maladie est problème objectif que pose un dysfonctionnement organique en envoyant des messages symptomatiques qui se traduisent par le "mal a dit"... toute maladie suggère un processus de guérison qui n'est pas toujours perceptible et maîtrisé, d'où les soins palliatifs qui entourent l'humain avec tant de dignité.

   La notion de bonheur est relative d'où son entendement par Zénon (IVe siècle av. J.C) qui recommandait "la sagesse et la vertu comme des clés pour y parvenir. Savoir observer une certaine indifférence face aux circonstances extérieures qui influenceraient notre bonheur (non accessible par le plaisir ou le désir)".. Ce n'est donc pas en amassant des biens matériels de façon égoïste et parfois frauduleusement qu'on s'épargnerait quelque souffrance ou ainsi acquérir le bonheur.
  Il y a des choses comme ça pour ne pas faire bizarre que l'agenda de l'égalité des sexes pourrait promouvoir, la bioéconomie, par exemple ! Somme toute curieux, complexe et absurde... que des nouveautés, que d'innovations pour l'humanité mais pour quel gain pour tous ? La réponse est à observer du côté de ce qui nous vient de l'industrie alimentaire, des industries pharmaceutiques et des technologies cognitives, etc. "Tête pleine-Cou baissé" ne serait-il qu'une nouvelle race au service de la consommation déshumanisante ? Ce n'est pas lui qu'il faudrait plaindre, mais son monde qu'il partage avec les gens d'un autre siècle qui devraient soit se recycler soit entrer en résistance contre un développement dont on peut lire l'éthique sur les étiquettes !
   Notre monde est critique avec ses crises. C'est dans la fébrilité que "Tête pleine-Cou baissé" perce tous les mystères de l'univers de manière instantanée avec ses deux cerveaux (Génération 2.0) dont le coefficient multiplié par zéro laisse échapper de l'embarras, une fois déconnecté. Cette génération nourrie aux hormones avec des perturbateurs endocrinien s'éloigne progressivement des postulats existentiels que furent ceux des gens du siècle dernier dont la mémoire était stockée dans le cerveau et non dans les clés USB, les périphériques de toutes sortes.
  Notre humanité survivra t-elle de la croissance économique exponentielle tant  clamé par les Etats ? "Produire pour consommer ou consommer pour produire, là semble résider la nouvelle question existentielle que notre temps ait adoptée" (cf. Laetitia Pouliquien in  Femme 2.0 p.39, Saint-Léger Editions). THAUKO.COM à votre service !

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