EMILE
CARDINAL BIAYENDA ET LES DOUZE (12) CLEFS DE LA CONSCIENCE SOCIO-CULTURELLE DES
[BA]-KOONGO
Loin des considérations traditionnelles du peuple
Koôngo auquel j’appartiens, je n’ai jamais saisi les notions d’appartenance
familiale que ma mère aimait bien faire l’étalage, durant mon enfance, ma
jeunesse voire au tout début de ma vie adulte.
C’est en lisant la toute récente et dernière
publication de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU sur le Cardinal Emile
Biayenda et les 12 clefs de la conscience socio-culturelle des Bakoongo,
à l’occasion du quarantième anniversaire de son assassinat (22/03/1977-22/03/2017)
publié aux éditions ICES au mois de septembre dernier que j’ai finalement
compris le sens profond de ce qui me paraissait être autrefois, une sorte de
mystère.
L’ouvrage de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU m’a
ouvert les yeux et, comporte deux parties. La première partie porte sur la
définition du clan, ses traits caractéristiques et les lois fondamentales qui
le régissent. La seconde partie consacre les douze (12) clans qui définissent
la Famille Koôngo qui sont l’expression même de sa conscience socio-culturelle.
L’originalité du livre de Rudy
MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU a été de présenter la famille Koôngo, au travers
de ses clans, pas tout simplement comme une parenté essentielle et fondamentale
qui domine et ordonne toutes les relations des Koôngo avec leurs semblables,
mais en plus de cela comme un espace d’expression professionnelle [Le cardinal
Emile Biayenda et les 12 clans…P.25.]
Etant la collectivité de tous les descendants par
filiation utérine, d’une aïeule commune, et qui portent le nom de cette
collectivité, comprenant, entre autres, tous les individus des deux sexes
qu’ils vivent en dessous ou au-dessus de la terre…les défunts et les vivants,
le clan ou Kanda se révèle aussi
comme étant un espace sacré de socialisation ou d’insertion professionnelle de
l’individu qui en est membre. [ Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.21.]
Ainsi, autrefois, chez les Koôngo, on était disposé
dès le jeune âge à être un juge, un forgeron, un artiste, un médecin selon que
l’on appartenait à tel ou tel clan ou Kanda.
Selon l’auteur Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, les
douze (12) clans de la conscience socio-culturelle Bakoôngo auraient constitué
une grande famille quadripartite en matière de division de travail. Autrement
dit, les clans, objet du dernier ouvrage du kongologue auraient eu :
1.
Une appartenance
politique et judiciaire : c’est le cas du clan kimpanzu qui, dans l’ancien
Congo intervenait dans l’élection des nouveaux rois. [Le cardinal Emile
Biayenda et les 12 clans…P.70.]
2.
Une appartenance
religieuse ou spirituelle : c’est le cas du clan nsaku qui, selon Raphaël
Batsikama rapporté par Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU constitue la famille
des Lévites congolais, c’est-à-dire de ceux dont la fonction est tournée vers
le sacerdoce ou à la mission de prophète. [Le cardinal Emile Biayenda et les 12
clans…P.75.]
3.
Une appartenance
technologique et industrielle : c’est le cas du clan sundi qui, dans le
Koôngo dia Ntootela jouira d’une grande renommée pour le travail de la forge.
[Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.83.]
4.
Une appartenance
artistique et « hospitalistique » : ce fut le cas du clan
kimbanda dont les métiers en ce domaine eurent un écho outre-atlantique plus
exactement au Brésil et aux Antilles. [Le cardinal Emile Biayenda et les 12
clans…P.90.]
En résumé, à travers cet ouvrage dont le travail est
« techniquement bien fouillé et
d’une grande portée scientifique », le kongologue Rudy
MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU a réussi à faire ressortir la dimension
intellectuelle du Cardinal Emile BIAYENDA, en prenant appui sur sa thèse de
doctorat intitulée : Coutumes et
développement chez les Bakongo du Congo-Brazzaville.
Un ouvrage fort intéressant que je recommande
volontiers aux lecteurs et lectrices amoureux de l’histoire du royaume Congo
que très peu d’héritiers dudit royaume connaissent. C’est fort dommage !
Réapproprions-nous notre histoire, tel est l’un de mes
plus précieux vœux de l’année 2018, à l’endroit de mes compatriotes, en
l’occurrence, de ceux de culture Koôngo qui s’y intéressent vraiment.
Joyeuses fêtes et BWANANA 2018
Eliezere BAHADILA
Licenciée en psychologie
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