"Koongo ntsilulu" ? "Taku di ba zakalala, ka ba taka dio ntsamba ko".
Avec "les massacres inutiles" dans la région du Pool, le Congo dit Congo-Brazzaville s'est donné un siècle de retard sur son développement: développement humain et économique. "Taku di ba zakalala, ka ba taka dio ntsamba ko": il y a des risques stupides, des mésaventures dans lesquelles il ne faudrait jamais engager la vie d'autrui, la vie de tout un peuple, pour je ne sais quelle raison. Ces "massacres inutiles" (pour reprendre les mots du pape Benoît XV parlant de la première guerre mondiale) sont une gageure contre l'édification de la Nation congolaise.
Quel abîme que d'avoir ourdi un tel scénario catastrophique, pour prétendre à je ne sais quelle démonstration de force militaire, contre une région pacifique, mais dont la notoriété de résistance restera légendaire à tout jamais. Nous passerions pour des régionalistes chauvins, si nous faisions l'apologie des mille et une victoires que ce pacifique peuple Koongo a remporté face aux menaces impérialistes étrangers et autochtones qui, pour imposer leurs lubies ont toujours usé de brutalité et des mécanismes de persécution, afin de dissuader les Koongo-ladi ou les Koongo-Sundi à courber l'échine devant les manœuvres sordides visant à faire marcher ce vaillant et glorieux peuple du pool.
De la période coloniale aux différentes étapes de de la construction de la République, que des téméraires en ont fait l'expérience. Koongo est un astre invisible qui ne dit son existence que par les traces qu'il laisse de son passage... Lukoongolo (Arc-en ciel), pour pacifier l'atmosphère. C'est un objet insaisissable; d'où peut-être ce côté mystique qui caractériserait ce peuple au destin atypique. Basés dans la région du pool, terre des savanes et des collines, des rivières et des clairières, les Koongo livrent bataille contre la nature pour vivre. Ils cultivent des champs de maniocs, des bananes, du riz, du tabac...ils pratiquent depuis toujours la permaculture, pour optimiser leurs récoltes dans la biodiversité. Des sacrés débrouillards, les koongo ont appris à tout faire à cause de l'hostilité de la nature qui ne leur a pas fait la part belle ! Du commerce à l'art, ils se sont forgés une culture qui contribue à l'émancipation nationale. Peuple généreux et hospitalier, les Koongo se sont très vite répandu à travers tout le pays, soit par des liens de mariage soit dans le but de se faire une petite place au soleil. Ce qui leur vaut ironiquement le pseudonyme "d'Agip recherches", à cause de leur esprit d'initiative, le sens entrepreneurial, l'esprit de conquête...mais jamais belliqueux ni destructeur...Georges Balandier leur rend ce vibrant témoignage rapporté par maître Rudy Mbemba, dans son exaltant ouvrage d'hommage au Cardinal Biayenda: "Peuple attaché à la vie des relations et aux activités d'échange et de traite, les Ba-kongo ont donné à l'institution des marchés une importance exceptionnelle qui a incité les ethnies voisines à l'utiliser comme modèle..." (p. 101). D'où vient-il diable alors, que ces persécutions intempestives que nous aurions du mal à l'expliquer aux générations à venir. Tant d'acharnement sans céder à la victimisation, ce peuple persécuté de tous les temps pense alors qu'il est un peuple élu; car il n'aurait point fait l'objet de tant d'agacement s'il n'était point de prédilection divine ! Ceci, sans justifier le messianisme politique des koongo qui commence à devenir un piège politique à cons et qui ne fait qu'emporter les filles et les fils dignes de cette brave région du Congo.C'est sans doute de ces considérations que les manipulateurs de tout bord ont instrumentalisé le fameux "Koongo ntsilululu" dont la quintessence serait dans une sorte de prédilection divine, comme peuple élu, peuple de la promesse, mais il s'agirait de quelle promesse ? Le koongologue Raphaël Batsîkama Ba Mampuya Ma Ndâwla, cité par maître Rudy Mbema rapporte: " Le nom Kôongo dériverait du verbe Kônga et qui veut dire chercher, rechercher, se mettre en quête de, explorer; foules assemblée; tranquilliser; cueillir, récolter, moissonner. C'est dans cet état d'esprit d'analyse que, l'on peut en effet, comprendre l'une des devises des ancienc de Koôngo Dia Ntootela et d'après laquelle: "Koôngo Nsilulu" (du verbe Nsila et qui veut dire réaliser, entreprendre, faire, construire". En d'autres termes, cela signifie que Koôngo, terre d'asile et de paix et où il fait bon vivre, n'est viable ou ne peut être prospère que, par le respect de certains principes de vie que sont: la volonté, le courage, le travail, l'équité, la justice, la solidarité et la conscience nationale". Ce paragraphe est tiré de l'ouvrage intitulé: " L'ancien Royaume du Congo et les Bakongo (Ndona Béatrice et voici les Jagas) éd. L'Harmattan 1999, p. 179" (cf. Rudy Mbemba, le Cardinal Emile Biayenda et les douze clefs...P. 130).
Aucun président n'ayant gouverné le Congo, n'aura point fait l'économie de la persécution des fils du pool: monsieur l'abbé Fulbert Youlou avec ses matsouanistes, Massamba-Débat avec son camp Makala de triste mémoire où des jeunes non acquis à la cause de la JMR payèrent le prix de leur vie et Kinkala qui fut quasiment divisé en deux, dont Ngabanzoko constituait à Madiba, une sorte de frontière naturelle entre Basund-Ladi et les koongo de l'axe louingui-Boko... Ngouabi avec l'affaire des "Anzimba" dans les environs de Kinkala autour des années 1974. Yhombi , témoin de la mort du cardinal Emile Biayenda et des petits matins des fils du pool dans l'affaire Massamba-Débat. Lissouba avec l'apparition des niboleks et des tchèques sous le fusible de Kolélas. Sassou avec ses fameuses disparitions du beach, ses guerres interminables depuis 1997/1998/ 2016-2017 dans les grands"massacres inutiles " du pool avec le parfait alibi Ntoumi. Bref. Quand viendra t-il un homme d'état qui pourrait laisser les gens du pool vivre en paix avec leur conscience religieuse, politique, sociale et culturelle ?
Une esquisse de réponse ou plutôt l'éclairage à cette question nous viendra de maître Rudy Mbemba Dya -Bô Benazo Mbanzulu, dans son ouvrage exceptionnel dédié au vénérable cardinal Emile Biayenda, à l'occasion du 40e anniversaire de sa mort,intitulé: "Le Cardinal Emile Biayenda et les douze clés de la conscience socioculturelle des (Ba)koongo. Ed. ICES, p. 16: "Koongo est, à la fois, cause, force, travail, justice, unité et paix d'un peuple vaillant qui, depuis sa marche de Mbanza koongo et en dépit des agressions dont il a été parfois injustement victime, aspire éternellement, aspire au développement de sa Nation. Telle est, la raison même de sa foi et de sa croyance en son Dieu créateur Nzambi Mpungu, l'Etre suprême, le Dieu de la libération, du savoir et de la connaissance." (Taata N'dwenga)
Loin d'être affaibli et résigné, loin de sombrer dans des calculs de vengeance macabres; c'est dans la résilience, la transcendance que le mukoongo qui se connait regarde et observe ce qui lui arrive. Le Lemba ou le Kimpassi n'ont jamais incité à la violence. Aucun notable maître de ces hautes écoles initiatiques Koongo n'auraient donné des armes pour défendre la région en péril. Les ancêtres s'en seraient occupé si nous vivions en harmonie avec les kieno (ntsieno) mia Nza, avec le kieno mia Bakulu: dans la symbiose entre: mbelolo-ndiatulu-Nsalulu; comme l'indique Placide Tempels cité par Maître Rudy Mbemba dans l'ouvrage cité ci-dessus: " L'individu sait quelles sont ces obligations morales et juridiques à respecter sous peine de perdre sa force vitale. Il sait que l'accomplissement du devoir est la condition de son intégrité et de son accroissement ontologique. En tant que membre du clan, le Muntu sait qu'en vivant conformément à son rang vital dans le clan, il peut et doit contribuer par l'exercice normal de son influence favorable, au maintien et à l'accroissement du clan. Il sait ses devoirs claniques.Il sait également ses devoirs envers les clans étrangers. Si hostiles que soient dans la pratique les relations inter-tribales, les bantu savent et disent qu'il n'est pas permis de tuer un étranger sans motif. Les étrangers sont en effet également des hommes de Dieu, et leur force vitale a donc droit au respect. La diminution et la destruction d'une vie étrangère est un trouble porté à l'ordre ontologique, et il se retourne contre le perturbateur" (p.56).
Entende qui a des oreilles et comprenne qui pourra !
"Ka he dia buila ?!"
Musundi: Mfumu Ngandu-Mwana Kawunga-Mutekolo Nimbi-Mutekolo Kuimba.
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Partout où se porte le regard de Theo, il ne voit que morceaux, pièces, lambeaux d'un monde qui se déconstruit. Car en effet, cette pensée unique du monde global qui veut nous faire croire que d'un bout à l'autre de la planète les hommes auraient les mêmes aspirations et les mêmes satisfactions est un leurre...
A travers des textes de réflexion et des pensées constructives, puissions-nous recoller les Nzenga (débris) d'un monde qui ne cesse de s'effriter, par manque de considération et de respect à l'altérité. La dignité humaine est notre passion et le devoir de se souvenir pour transmettre, notre préoccupation: "Nsimu ni mayela", les repères facilitent l'acquisition de la science !
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