SIMON-PIERRE
M’PADI ET LA RESTAURATION DE L’IDENTITE AFRICAINE EN MATIERE RELIGIEUSE ET
SPIRITUELLE
Simon-Pierre
M’PADI est né au Congo-belge vers 1906 et il a, à peine, quinze ans au moment
de l’arrestation du prophète Simon Kimbangu en 1921. Il va apparaître comme le
deuxième prophète de l’Eglise noire congolaise. Et ce, durant une période où le
mouvement créé par Simon Kimbangu connaît une période difficile en raison d’une
persécution trop brutale voire redoutable de ses membres par le colon belge qui
entend faire disparaître les traces de kimbaguisme.
Mais cette
détermination du colon belge consistant à vouloir disparaître le kimbanguisme
subira une dure épreuve avec l’apparition en 1939 d’un nouveau prophète appelé
Simon-Pierre M’PADI. Il déclare être le successeur de Simon Kimbangu se donnant
pour mission le réveil des consciences et de la reconstitution de l’unité
passionnelle des débuts de l’Eglise kimbanguiste.
C’est dans ces
conditions que Simon-Pierre M’PADI va se rapprocher des anciens disciples de
Kimbangu réussissant à obtenir leur soutien actif.
A son propos,
Martial Sinda rapporte que: “ en quelques
jours, le mouvement messianique se reveille ; ses dirigeants, stimulés par
Simon-Pierre M’PADI, redoublent d’efforts ; le succès vient aussitôt, rapide,
total. Les autorités belges, qui pensaient avoir maté le mouvement n’gounziste,
s’étonnent d’un tel résultat et de la rapidité avec laquelle la campagne a été
menée.” [ Martial SINDA in “ Le messianisme Congolais et ses incidences
politiques” Payot 1972 P.115.]
Cependant, tout
en étant fidèle aux principes révolutionnaires définis par Kimbangu,
Simon-Pierre M’PADI prêche avec virulence la séparation complète et définitive
de l’Eglise noire et des Eglises missionnaires européennes. A l’effet de répondre
aux aspirations des anciens et de son aîné le prophète Simon Kimbangu qui
consiste à libérer les Noirs de la liberation étrangère en démontrant qu’ils ne
sont pas inférieurs voués à la servitude économique et culturelle Simon-Pierre
M’PADI va élaborer un programme sévère de l’Eglise noire.
Le désir de
Simon-Pierre M’PADI est, rapporte Martial SINDA, de personnaliser le plus
possible l’Eglise noire, de lui donner un statut suffisamment rigide pour
éviter qu’on revienne à l’organisation multicellulaire du temps de la
clandestinité. Cela l’amène, observe-t-il, à imposer aux fidèles la tenue kaki
; autre avantage de cette decision ; les fidèles pourront se reconnaître entre
eux et s’entr’aider. Le port de cet uniforme devient un honneur ; il donne
conscience au fidèle qui le revêt, d’appartenir à une communauté fraternelle,
d’être le combatant d’une cause sacrée. [ Martial SINDA
in “ Le messinaisme Congolais et ses incidences politiques” Op.cit P.117.]
Simon-Pierre
M’PADI doit son succès, entre autres, aux miracles qu’il opère à l’occasion de
ses prêches, circulant de villages en villages sur l’espace Koôngo des deux
rives à savoir: le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville voire le
Congo-Luanda, c’est-à-dire l’Angola. Ancien lieutenant de l’Armée du Salut, il
va prendre ses distances vis-à-vis de cette Eglise missionnaire européenne sans
la dévaloriser pour s’inscrire dans un élan d’émancipation et de liberation
totale de l’homme noir.
Ainsi, pour
Georges BALANDIER “…l’Armée du Salut,
dont Mpadi a étudié minutieusement l’organisation, fournit le modèle d’une
église à caractère militaire ; modèle qui“séduit”, parce qu’il met en place une hiérarchie stricte et très
apparente, parce qu’il renforce la tendance de l’Eglise congolaise à accaparer
les fonctions sociales de base – religieuses, politiques et, dans ce cas, d’une
manière très embryonnaire, militaire et de police…” [ BALANDIER (G) in
“Sociologie actuelle de l’Afrique noire” PUF 1955 P.450.]
Simon MPADI et
ses disciples vont élaborer une doctrine qui s’apparente à une sorte de
déchristianisation aux termes desquels l’on note, entre autres que :
“ Les images que l’on vous montre et que vous
croyez être des photographies sont des creations du Blanc. Pas plus au temps de
Jésus-Christ qu’à celui d’Adam, la photographie n’existait. Les croix que l’on
a répandues partout au Congo sont des artifices de Satan. La vraie croix était
en judée et Jésus en a été retire, ne vous agenouillez jamais devant une croix.
Les Juifs, ceux de l’Eglise de Moïse, n’ont pas d’images et de croix dans leurs
églises. Nous n’en voulons pas non plus. Dieu nous a d’ailleurs séparés de
Jésus-Christ, nous a donné un sauveur noir que les Blancs ont abattu (ou voulu
abattre) à coups de fusils” [ BALANDIER Op.cit P.451]
L’expansion du m’padisme
ou du kakisme inquiéta très sérieusement les autorités belges qui décidèrent de
l’emprisonner. Il réussit par s’échapper une première fois en gagnant le Congo
portugais, puis le Congo français, où il reprit son oeuvre apostolique auprès
de ses frères Bakoôngo. Mais après de longues années d’apostolat, M’PADI sera
arrêté une nouvelle fois, au cours d’une réunion des fidèles. Inculpé
d’escroquerie par les autorités françaises, il sera condamné le 3 août 1949, à
Brusseaux-Mindouli, et, le 17 mai 1950, remis aux autorités belges.
Cependant,
prisonnier, Simon-Pierre devint pour les Bakongo le martyr-successeur. Son
Eglise réussit à affirmer une pensée originale, proprement africaine : à la
fois politique et religieuse, elle se définit comme toute pensée messianique
congolaise par son nationalisme et son anticolonialisme. [ Martial SINDA in “
Le messinaisme Congolais et ses incidences politiques” Op.cit P.121.]
TAATA NDUENGA
Je dédie ce
texte à ma défunte mère “Maama BENAZO Maama Wa Koôngo” qui
m’a fait connaître ce personnage durant mon enfance et pour lequel, elle avait
un profond respect.
André Grenard MATSOUA est originaire du Congo-Brazzaville et est d'ethnie Lari qui est celle des grands résistants comme BOUETA MBONGO qui, en son temps fut décapité par le colonisateur français pour son combat de liberté et de justice sociale.
MATSOUA est né le 17 janvier 1899 à Mandzakala-Kinkala, dans une contrée proche de la capitale Brazzaville. Brillant élève de l'école de la Mission catholique de Mbamou, il reçoit quatre ans durant, l'enseignement des pères du Saint-Esprit.
André Grenard MATSOUA est réputé pour sa soif de connaissance des principes qui régissent le destin d'un peuple. Pour ce faire, il a donc un projet d'aller plus loin dans les études. Malheureusement, celui-ci sera remis en cause, en raison d'un souci des pères missionnaires, en l'occurrence de l'Eglise catholique de vite former des cadres indigènes.
Ainsi, MATSOUA ne peut, comme le relève à juste titre Martial SINDA, poursuivre plus avant ses études ; nommé catéchiste, il quitte l'école avec, pour tout bagage, la modeste culture d'un homme préparé à la hâte à un emploi religieux. C'est à ce titre qu'il sera nommé catéchiste au village de N'kouka Pierre à Mayama. [ M.SINDA in " Le messianisme congolais et ses incidences politiques précédé par les Christ Noirs de Roger BASTIDE Payot 1972 P.161.]
Eloquent, brillant orateur tout enseignant l'alphabet rudimentaire et les commandements de l'Eglise, André Grenard MATSOUA oriente de la façon la plus convaincante les réunions de catéchumènes où sont discutés, rapporte Martial SINDA, les problèmes du Congo. Ces problèmes, ceux des rapports entre Blancs et Noirs, ceux de l'avenir du Congo.
André Grenard MATSOUA est, en réalité un grand réformateur dont le chemin est, contrairement à Simon Kimbangou, politique. Toutefois, comme ce dernier, il éprouve le besoin de gagner de l'argent et d'accéder à une vie autonome. Pour ce faire, il quitte Mayama pour s'installer à Brazzaville où il entre aux services des douanes en 1919. En s'y installant MATSOUA est vite perçu comme un leader d'opinion, charismatique et un fervent défenseur de ce que l'on qualifie aujourd'hui en termes des droits humains. Il tient des réunions d'instruction civique dans les milieux les plus avancés de la ville, socialement et politiquement. Partout on parle de lui en constatant que naît en la personne de MATSOUA, un véritable leader politique. De plus, la cause du Congo et au-delà de l'Afrique centrale est, peut-on dire, sa raison d'être si bien qu'il n'a jamais pris, comme le relève Martial SINDA, femme sa vie durant. Fils de N'GOMA et de N'Koussou, il est l'aîné d'une soeur, Maleka Ma N'Goma et d(un frère, Malonga Ma N'Goma.
Durant l'année 1921, André Grenard MATSOUA débarque à Anvers puis à Bordeaux et à Marseille. C'est à cette période qu'éclate la guerre du Maroc : MATSOUA s'engage dans un régiment de tirailleurs dits " Sénégalais " et participe aux combats livrés contre les troupes d' Abd-El-Krim. L'ancien catéchiste apporte, d'après Martial SINDA, dans les tâches militaires qui lui sont confiées, le même zèle, le même dévouement que dans son travail aux services des douanes. Il se distingue à plusieurs reprises et obtient le grade de sous-officier.
En 1926, MATSOUA constitue à Paris avec l'appui moral et matériel de personnalités officielles, une association reconnue sous l'appellation de Société amicale des originaires de l'Afrique équatoriale française dont il assure la présidence avec la collaboration de quatre congolais. Au-delà du but portant sur une activité d'entraide, l'institution que crée MATSOUA vise à remédier à " l'état d'infériorité de ses compatriotes vis-à-vis des Blancs "
Le mouvement Amicale que crée MATSOUA connaît un franc succès au Congo-Brazzaville. Dans cette dynamique, MATSOUA, l'apôtre de " MAAMA WA NDOMBI ", cette Vierge Noire à laquelle, il croit beaucoup et autour laquelle s'inscrit tout le sens de son combat qui n'est autre que celui de la libération du peuple africain et d'égalité parmi les hommes, adresse au président du Conseil une lettre dans laquelle, il proteste contre le code de l'indigénat qui symbolise l'infériorité du colonisé, puis une seconde lettre où il critique certaine maison commerciale de Brazzaville, en dénonçant, entre autres, la stagnation économique de l'A.E.F.
Sous l'impulsion de l'Amicale, naîtra ainsi au Congo-Brazzaville un mouvement de contestation contre les injustices de tous genres instaurées par le colonisateur français. Ce mouvement de contestation se traduit non pas par des actes de violence ou de destruction mais plutôt par une campagne de passivité vis-à-vis des autorités administratives. Dès la fin de 1929, celles-ci réagiront en obtenant l'arrestation de MATSOUA qui se trouve encore à Paris. Un procès, fondé sur l'inculpation de trafic d'argent, aura lieu à Brazzaville durant les premiers jours du mois d'avril 1930. Le président de l'Amicale André Grenard MATSOUA est condamné à une peine de prison puis à l'interdiction de séjour.
Dans ce contexte, André MATSWA devient; écrit Georges BALANDIER, alors le symbole de tous les refus, de toutes les protestations exprimées vis-à-vis de la société coloniale . son éloignement au Tchad ne détruit en rien le mouvement qu'il a lancé avec plus de succès qu'il ne pouvait l'espérer. C'est à partir de cette époque que se développe véritablement, selon l'expression officielle, l'affaire Ba-lali : une dégradation des rapports entretenus avec les Européens qui donne lieu, selon les circonstances, à des crises épisodiques d'une certaine gravité- comme cela advint avec la défaite de 1940. André MATSWA est, poursuit Georges Balandier, arrêté une seconde fois en avril 1940, puis dirigé sur Brazzaville et sur la prison de Mayama. Il meurt, conclut-il au cours de sa détention, le 14 janvier 1942, de dysenterie bacillaire selon les indications du procès-verbal. [ G.BALANDIER in " Sociologie actuelle de l'Afrique noire P.U.F. 1971 P.398. ]
Une mort à laquelle les adeptes d'André Grenard MATSOUA n'ont jamais cru durant cette période de l'année 1942 pour n'avoir pu examiner ou voir son corps et surtout pour n'avoir eux-mêmes organisé ou participé à ses obsèques comme cela se pratique chez les BANTOUS. Sa mort étant intervenue beaucoup plus tard, selon ses adeptes loin de sa terre natale. C'est à ce titre André Grenard MATSOUA est associé à l'image de " MAAMA WA NDOMBI " cette VIERGE NOIRE qui est le symbole de la cause du combat pour la liberté, la justice sociale et l'égalité parmi les hommes que les Bakoôngo inscrivent sur le registre du principe " Bôkwa bu ta tâ " qui, en réalité n'est autre qu'une affirmation de la volonté de rester fidèle aux idéaux des anciens qui sont ceux de la justice, la liberté, l'égalité et la famille à savoir la Nation Koôngo.
La capacité de la résistance inspire la résilience. On ne perd plus de son temps ni dans les ragots ni dans des futilités, on met le cap à l'essentiel et on se maintient comme si on "tenait la main" de l'invisible qui revigore sans cesse; alors, on reste déterminé quand bien-même ce à quoi on tient est détruit, usurpé, saccagé... c'était la foi en cette énergie qui faisait chanter les "Ngu-Nza": "Eh bihombele, mbo tua sala kua bia kaka..." et peu importe qu'eux-mêmes ne parviennent peut-être pas à parachever leur ouvrage. Cette, cette énergie (le NDU) en eux finira par accomplir l'ouvrage.
C'est dans cette même logique que les anciens disaient (Ba mbuta bedi ta : "Maba ma ntseke, mana ma fua, mana ma yingana". Ceci dit autrement: la force de la résistance finira toujours par prendre la dessus sur des énergies dégradées. Une cause noble finit toujours par triompher quelque soient les générations qui devraient en payer le tribut, à condition de demeurer ferme dans cette espérance de "Wuna kua wu ta Ta" et ne pas faire de "remix" à la version originale; c'est-à-dire de demeurer fidèle aux "Nkieno", vivre en parfaite harmonie avec soi-même puis avec son environnement (les autres).
Simon Kimbangu est né en 1889 à Nkamba, village situé dans la région du Bas-Congo et meurt en octobre 1951 après trente ans d'emprisonnement ferme. C'est un 18 mars 1921, qu'il reçoit et accepte l'appel de Dieu et celui de ses ancêtres. Après plusieurs hésitations, il s'incline devant la volonté de son Seigneur pour répondre la bonne nouvelle de la libération.
Dans un contexte de crise économique et presque de discrimination raciale par le colonisateur belge, Kimbangu pensera que le moment d'éveil et surtout de libération de la nation Bakongo était arrivé. Pour ce faire, il abandonne son emploi et gagne le village de Nkamba, qu'il baptise " Nouvelle Jérusalem "
A Nkamba, taata Simon Kimbangu accueille ses frères, leur enseigne la parole du Christ de libération et d'éveil des consciences. Il guérit les maladies incurables, les purifie par immersion dans la source bénite, entre en transe et tremble sous le pouvoir du Saint-Esprit.
Pour taata Simon Kimbangu, les mœurs sont en décadence avec l'introduction de la colonisation belge notamment avec ses valeurs de corruption qui tournent autour du tabac, de l'argent, de l'alcool, du luxe né d'une consommation démesurée de ses produits. Il invite ainsi ses frères et sœurs à prendre conscience des dérives socio-humaines qui se traduisent le plus souvent dans un cadre festif. Les danses parfois obscènes, le relâchement des mœurs, somme toute, constituent une des causes du déclin ou d'une absence totale de prise de conscience de libération, du bien-être et de développement national. [ Susan Asch " L'église du Prophète Kimbangu De ses origines à son rôle actuel au Zaïre" Karthala 1983 P.23.
Pour taata Simon Kimbangu, la libération spirituelle et morale précède la libération sociale, économique et culturelle. Tout cela nécessite un mode de vie, à la fois, nouveau et original qui apportera le salut du peuple.
En fait pour taata Simon Kimbangu, la Bible n'est pas un outil d'affaiblissement de l'homme noir. Bien au contraire; il faut la lire et certainement en faire une lecture différente de celle du colonisateur pour confondre "le voleur avec l'objet volé". C'est à ce titre qu'il va prétendre détenir certaines vérités cachées de cet ouvrage que le colonisateur belge use parfois à des fins d'exploitation et d'asservissement des populations congolaises.
Kimbangu prêche, écrit Martial Sinda, sur la place publique de N'kamba. Insensiblement, le visionnaire devient apôtre, il dit que la mission lui a été confiée par Nzambi a Mpoungou de refaire l'unité du pays Bakongo. Son éloquence est celle du cœur, il n'a pas à convaincre mais à réveiller de vieilles passions ; ses paroles ne peuvent surprendre : n'a t-il pas tiré son enseignement de la Bible dont il excelle à manier et à commenter les versets ? Son discours est, conclut-il, affirmation des vieux rêves Bakongo ; … il n'y a nulle place pour l'incrédulité : l'âme d'un peuple s'éveille. [ Sinda (M) " Simon Kimbangu prophète et martyr zaïrois" Grandes Figures Africaines ABC. Paris 1977. P.62.
En somme, comme le relève à juste titre, le père Van Wing " Au début de juin 1921, nous nous trouvions donc en face d'un messianisme organisé, préparé à cristalliser dans son sein la sensibilité religieuse de la population et à déchaîner à son profit toutes les forces explosives du nationalisme." [ Van Wing "Le kimbagisme vu par un témoin" Zaïre Revue congolaise vol. XII - 6 1958 P.575.
La politique et la spiritualité exigent une grandeur d'âme, car il faut savoir s'élever par delà les frustrations et les artefacts et devoir accorder le pardon à la justice envers ceux qui nous offensent, nous trahissent et nous blessent au plus profond de nous. Sachons placer le passé dans l'histoire, réécrire l'avenir faussé et assainir ce Présent qui nous éclaire; afin que nous ne fassions perdurer les mêmes erreurs ni reproduire le mal que les autres nous infligent par ignorance ou par cynisme. Ainsi soit-il ! (Mabele mosalisi-loi de la compensation naturelle: Buzitu bua Nkieno mu LAMA ). THAUKO.COM, Un Monde Juste-Humain !
Si chacun pouvait prendre la mesure de la situation initiale et qui aura fini par avoir des répercussions incontrôlables, aux circonvolutions qui échappent à tout contrôle; on s'abstiendrait d'en rajouter ou de contribuer à étouffer dans l’œuf, l'espérance et les espoirs des générations futures. Après le déclin du soleil des indépendances qui vit s'altérer profondément la liberté des Etats et la déconstruction des Nations, nous autres qui naquîmes dans les méandres des pays laissés orphelins et dont les us et coutumes furent ensevelis par le dictât de l'Etat importé (Bula-matari = asservissement par des travaux forcés), les Etats qui auraient du construire des Nations se sont vite empêtrés dans les convulsions ethniques où des conflits larvés ou ouverts ont vite jeter au bûcher ou réduit au silence celles et ceux qui, visionnaires, entendaient redessiner le visage de la Mère Patrie écorchée, qui devait rassembler ses enfants, autour d'un idéal de communion des ethnies qu'on aurait appelée Nation. Hélas ! Que de la traîtrises et des complots emportèrent les dignes enfants de ces pays orphelins dont celui dans lequel je vis le jour.
Les grandes batailles idéologiques naquirent des clivages du fait de la bipolarisation du macrocosme politique à l'échiquier international, dans les méandres de la guerre froide dont l'Afrique payerait encore un lourd tribu, comme le dit un adage koongo: " Didi ngazi ntsuini, lemina ku baka ba ntietie"; autrement dit, ce sont des innocents qui payent les pots cassés. Les martyrs de l'intolérance politiques commencèrent à tomber, après les victimes de la colonisation. Le socialisme insolant et dissonant affrontait l'arrogance d'un capitalisme tout aussi nuisible que le marxisme et le pays n'allait que de mal en pis. Que des morts, que d'exclus, que des cadres marginalisés... là aussi, que des larmes, que d'exclusion des mains agiles qui auraient pu boucher la jarre fissurée de la case commune. Tous ces tumeurs se nourrissaient du sucre des révolutions et des coups d'Etat qui ne faisaient que dénombrer nos pays et envoyer en exile ses enfants qui auraient pu contribuer à développer la dynamique nationale.
Le mal s'aggravant, chacun a vite fait de se tourner vers son ethnie pour se protéger et pour survivre. Le cancer prit corps dans notre pays, ainsi les autres devinrent des ennemis potentiels à liquider, sans trop savoir pourquoi faire perdurer un tel climat qui ne saurait profiter en aucune manière aux générations futures. Le monde est imprévisible, mais imprévisible est aussi l'avenir en dépit de toutes les précautions que l'on ne cesserait de ménager pour les siens. L'histoire nous prouve à suffisance que le temps demeure Maître de l'Histoire et que toutes nos vanités ne sauront combler en rien nos prévisions égoïstes et hégémoniques. Le pays est une terre en partage que "nous empruntons à nos enfants" ( Antoine de St Saint-Exupéry) pour la leur travailler et la leur laisser en état viable et vivable pour tous , à défaut d'en faire une Nation où toutes les composantes ethniques pourraient jouir de ses fruits et de ses richesses.
L’effondrement des grands empires et le déclin des grands royaumes nous en donnent d'édifiantes leçons. Tout finira à la hauteur de la folie à laquelle chacun se sera livrée. Si nous avions un peu d'estime de nous-mêmes, nous ne nous plairions à l'idée de marginaliser les autres ou de les persécuter, en pensant à l'infortune que nous amasserions sur les têtes de nos descendants. Pourquoi diantre fermerions-nous les portes du pays aux autres ? Leur priverions-nous de jouir de la terre de leurs ancêtres ? "Vanité des vanités" se serait clamé Quoelet, car il viendra bien un jour où la médaille s'inversera et malheureusement cela risque de tomber sur ceux qui nous ont emprunter leur Terre, ces générations futures qui s'y attendront le moins avec toutes les réparations auxquelles elles devrait faire face.
Ravisons-nous, tandis que nous en avions l'Heure. Comble d’ironie, plus le temps avance et davantage de bévues nous sommes entrain de commettre. Alors que le temps serait à dépassionner les radicalismes comme La Corée du nord et la Corée du Sud nous en ont montré l'exemple. L'Amérique intransigeante de Trump a bien fini par enterrer la hache de guerre avec la Corée du nord belliqueuse. Lorsque nous observons attentivement ce qui aggrave notre situation globale au pays, ce n'est ni plus ni moins que la radicalisation et la cupidité de quelques irréductibles fanatiques qui n'en ont cure de leur progéniture. Nul ne saurait maîtriser les temps à venir. La vie a ses impondérables incontournables. Plus de gens se sentent marginalisé, plus de désespérance cela nourrit et plus chaotique seront les lendemains pour une pauvre génération qui devra payer de l'insouciance et de la témérité de leurs parents ou aînés qui n'auraient jamais voulu faire des concessions pour l'intérêt général.
La sous-traitance des guerres des autres ne nous aura coûté qu'inimitié, recrudescence" ethnicidaire", avec des génocides qui laisseront planer à jamais des monstres des violences aveugles et une radicalisation incurable (si nous n'y prenions garde).
Cette contribution à la conciliation se voudrait avoir une saveur de ressaisissement de chacun et du dessaisissement des personnes responsables d'entretenir le statu quo qui provoque la mort de la Nation. Ceux qui ont armé des enfants aux guerres de 1993, 1997, 1999, 2014 ne se doutent guère que ce sont ces jeunes dont ils ont détruit l'enfance et abîmer des vies qui orchestrent aujourd'hui la pagaille tout azimut et surtout au sein de la diaspora, car n'ayant connu que la violence, ayant tué, versé le sang innocent... autant vous portez la responsabilité des crimes odieux qu'ils ont commis sous vos ordres, autant cette responsabilité accablera un jour ou l'autre votre mémoire et honnira votre progéniture pour des siècle, car la Nature est régie par des lois cosmiques inaltérables et incorruptibles; à moins de la rédemption et que les concernés s’exercent à la repentance...
Le pays péri par l'impunité qui fait des criminels des hommes forts et des puissants éphémères. Ils se croient si forts et si invulnérables que tout leur semble permis au point de toujours brandir des menaces à quiconque oserait les contredire.
Ils font de ma génération des laudateurs invétérés qui plus jamais ne connaîtront la raison et la justice, des femmes et des hommes poussière qui s'évaporent sans léguer de la profondeur aux générations montantes.
Non, on ne bâtit pas un pays dans les violences. Si nous savions que c'est ici bas que nous battissions notre enfer futur ou notre félicitée éternelle, nous perdrions moins le temps à empêcher les autres de se réaliser, chacun selon ses aptitudes. Hélas ! L'ignorance nous égare. Oui, "nul n'est méchant volontairement, on ne fait le mal que par ignorance", comme le dit Planton. Et si nous y réfléchissions pour fléchir notre intolérance !
L'Espérance a un corps visible, lorsque l'empathie et la philanthropie se matérialisent, par l'aboutissement des projets qui animent l'espoir et font renaître des vies brisées, reconstruire des liens détruits et cicatriser les blessures intérieures.
THAUKO.COM -Un Monde-Juste Humain
Mbuta ni wo we na mbuntu zi hana mbutu, bungu ti mbuta we na misamu mie na mbu; bu ka mana wa Ta wele nongena, mu bungu ti buyelele bue nandi, mpila mosi ti, bu ka Ta mio mie nandi, mbutu kua mi lenda hana. Mbuta buta ka butaka, bionso biena mu yandi mbutu bi sa, mbutu bi hana. Mbangululu buyelele bua ba kuluntu.
Thauko.Com, kimuntu kua !
En entretenant respectueusement notre environnement, nous entretenos soigneusement notre équilibre de vie, car vivre c'est d'abord Etre avant d'Avoir. Ainsi l'Avoir ne saurait supplanter l'Etre qui anime la quintessence de la Vie. On a parce qu'on est !
THAUKO.COM Un Monde-Juste-Humain !
DE QUELQUES
PRINCIPES DE GOUVERNANCE D’APRES LE MUNTUÏSME
Dans de nombreuses publications,
le Muntuïsme a été défini comme un ensemble de principes de vie qui concourent
au respect et à l’intégrité de l’être ou du Muuntu
dans tous les aspects de son existence. C’est aussi un courant de pensée qui
est dominant auprès des populations de l’aire Bantoue.
A dire vrai, le Muntuïsme est la
manifestation de Ntu chez l’être,
c’est-à-dire de l’intelligible qui, au final, doit contribuer au bonheur ou du
moins à une vie raisonnablement paisible et heureuse du Muuntu.
Le Muuntuïsme est, à la fois,
science et religion du Muuntu, au
sens où il lui permet de comprendre et de saisir les lois, de façon
expérimentale du milieu dans lequel, il évolue. Il croit aussi en l’existence
d’un Dieu créateur Nzambi Mpungu, l’être suprême, le Dieu du savoir Zaaba, et de libération (saala, sâ-mbila : sâ-mbila,
saala).
Ainsi, dans cet univers de
principes auxquels s’attache le Muuntu,
le chef dispose d’un certain nombre de prérogatives pour assurer la paix et le
développement de la famille qui passent par une observance des lois et
préceptes des anciens et donc une vigilance sans faille des principes qui
concourent au maintien de l’intégrité socio-humaine.
Les principes auxquels doit
s’attacher un chef tournent autour, peut-on-dire de l’évocation de certains termes
qui ont une même racine qui se traduit par la lettre K et le vocable de Nda lequel mot, en langue Koôngo,
exprime toute notion de mouvement, d’action ou de force agissante.
Il s’agit de :
1.Kaânda :
c’est le cercle parental et familial de l’être ou du Muuntu au sein duquel, il naît, grandi, évolue et, apprend, entre
autres, les liens qui le rattachent tant au monde des vivants que celui des
morts.
2.Kînda: dont l’extension donne le mot kîndisa qui exprime toute notion de
courage, de vaillance, de force ou de vigueur.
3.Kênda :
lequel tend à exprimer toute notion de marche ou d’impulsion pour montrer la
voie, le chemin qu’il convient d’emprunter pour aller à tel endroit ou tel
autre…
4.Kônda: qui exprime toute notion de
défense ou d’interdiction dans le respect des lois qui régissent le Nzâ ou l’univers.
5.Kûnda :
lequel verbe tend à exprimer toute notion d’adoration et de méditation qui, par
voie de conséquence, place le Muuntu
dans une attitude d’examen et d’analyse des principes qui le gouvernent et du
milieu dans lequel, il évolue. Il accède ainsi dans l’univers du kû-ndu, la science du savoir et du
bien-être.
Partant de la définition de ces mots, le chef ou M’pfumu voire le M’pfumu Mpu, le chef à couvre tête, le représentant de l’autorité
au sein de la communauté ou Kaânda
est celui qui doit remplir les conditions que voici :
a.Il doit être sociable. De par cette qualité, on lui
reconnaît le sens de la famille qu’il porte en lui et la force dont il dispose
pour veiller à sa cohésion, son harmonie et son épanouissement. Il est, somme
toute, solidaire de sa communauté.
b.Il doit, comme le relève le
vénéré pasteur Emile cardinal Biayenda, avoir des aptitudes et la poigne d’un chef,
plein d’équité, impartial, ayant le sens de la justice, ferme dans ses
décisions, apprécié et jugé comme tel par le clan, les alliés et tous les
voisins.
c.Il doit être un visionnaire. C’est à ce titre qu’un M’pfumu dispose, comme le relève à juste
titre taata Biayenda, du pouvoir de déplacer par exemple un village, lorsque
des circonstances difficiles le recommandent, comme les épidémies de toutes
sortes s’abattant sur tout le village. C’est aussi, en cette qualité qu’il est
non seulement un conciliateur avéré au sein de sa communauté mais également un
fin juge dans le règlement de conflits ou différends qui sont susceptibles
d’entraver l’unité de son groupe. Il est le justicier suprême de sa communauté.
d.Il doit être un défenseur du clan en veillant sur les principes et
lois dont la violation est de nature à entraîner de pires calamités pour son
groupe.
e.Il doit être un habile
représentant de
l’autorité qui, à ce titre a la lourde charge d’assurer la prospérité de sa
communauté, d’en assurer pleinement la cohésion.
En somme, l’exercice de l’autorité, chez les Bantous, en
l’occurrence chez les Koôngo, n’est point une question de volonté mais plutôt
et surtout l’expression d’un ensemble d’aptitudes que l’on a pour certaines
d’entre elles et d’autres que l’on acquiert, à la suite d’une initiation
sociale, plus précisément dans le cadre d’un processus dit d’éducation, de
formation et de socialisation de l’être ou du Muuntu.
Il s’agit là, de la philosophie même du Muntuïsme
politique qui intègre, en son sein, une vision « sacro-sainte » du
pouvoir et de l’exercice de l’autorité.
Tsiangu, Ntu
buzitu, Mpu buzitu, c’est ainsi que, le respect et le rayonnement de la couronne dépendent
intimement de la personnalité et de la sagesse de l’être qui en est investi.
C’est dire, comme en Koôngo, Ki-mpfumu kele mambu ya nene ya bantu kele nandwenga, le pouvoir est une grave affaire qui est notamment celle
des gens qui jouissent d’un certain nombre d’aptitudes nées de la sagesse et de
l’intelligence.
Tels sont les aspects de l’autorité et de ses
prérogatives, chez les Bantous, sur lesquels j’invite, entre autres, tous les
Congolais et particulièrement les héritiers de Koôngo-dia-Ntootela du
Congo-Brazzaville, à réfléchir et que son notamment les :
Sundis, Laris, Koôngo, ngângalas, Beembés, Minkenges,
Doondos, Kaambas, Kunyis, Lumbus, Vilis etc, en raison de leur proximité de
l’idéel Koôngo de Kimuntu.
Nzongo…Soul
Mbote, bonjour, Tata Nzongo-Soul !
Le village est triste. Une très chère de nos étincelles s’est
éteinte.
Nzongo-Soul ou la maison de la panthère(1)
.
Lorsqu’au terme de son chemin, on se sera longtemps calé, voire totalement collé à
son totem, au point de s’y identifier, alors bien chez nous, on dit : « Mwana Ngo Putulu,
lugonia = Quel bonheur ! »
Par le biais de notre rituel d’Adieu Kongo du « Kivuandu, dizi », nous sommes, quasi
d’instinct venus ici, (tu sidi nanguka, telama) tel un seul homme, nous asseoir près de toi : te
parler - converser avec toi… t’accompagner, toi qui présentement auras consommé ou vidé
de l’intérieur la dernière goutte de ta vie humaine.
Tu vois : « Tu sidi natuka, Tuizidi !» nous sommes tous venus ! Nous voici à présent
autour de toi ! C’est à jamais le moment, à notre tour, comme jadis ou hier encore (mazono
kwa) tu le fis toi-même(2)
, de te dire Au-revoir, "yenda", Au revoir, "yenda kia mbote" : drôle
de dernier salut imbibé de larmes, l’esprit lourd de tristesse !
Pourtant, à peine hier (zono) – destin à force d’âge encore bien vigoureux "ni
kilikiti", te voilà pris, arraché, branche verte ou promesse coupée nette ; bien à notre regret
« Wele wa n’kundzu » ! A l’appel, volontiers tu es bien parti. Aussi, pour nous, tu es allé
vivant, pas mort mais simplement tu t’es transformé et devenu invisible(3)
telle une
chrysalide (kimpati) en réalité chenille mutant en papillon. Si pour toi qui voyages, ta pirogue
cap sur la mythique rivière-frontière séparant les eaux de la vie de celles de la mort ; tu pars,
fier, le pas pressé (na mawasu), le cœur léger (ntima kani ngongo), vers les "bitsinda", ce
village-lumière des ancêtres (gâta dia ba nkulu, ba nkàaka diena ntsamina ni pululu, ni
fuobombo). Mais pour nous qui restons, face au vide et fort plongés voire enlisés dans la
douleur et la tristesse car la mort, toujours arrachement, coupure, trou, nous parait toujours
désagréable voire scandaleuse. En ton temps, tu fus un curieux gourmand du savoir caché,
intrépide et insatiable fouineur, homme de terrain, des rares lieux, où l’on n’a peu ou jamais
été. Et, à ton retour, les bras chargés de collectes et de résultats, à la manière d’une
panthère-mère revenant de chasse pour les siens, tu te révélais un noble fils addict des liens
humains « wa ba na zola », un infatigable rassembleur « na zola, luwu lwa mvukisa, zonzeka
1
: Panthère : « Ngo », animal totem Kongo. Les chefs Kongo en portent habit, chapeau, peau sur
eux, également arborent à leurs pieds la peau de panthère. Mieux, ils se couvrent de
« mvunga dia Ngo » couverture tachetée de rouge et noir vifs.
2
: cf. sa chanson écrite lors du décès de Papa Wemba.
3
: vie – mort : « Nitu kwa yi fwa, ka lundji’a ko » = « Seul meurt le corps, pas l’esprit », croit le
Mukongo.
2
niakisa bantu » ; bref non seulement un (ré-)enchanteur des mondes anciens, perdus, mais
également un rêveur-debout du monde d’aujourd’hui et de demain (mia lumbu ki, na
mikwiza mbazi).
De tout cela, Nzongo Soul l’aura été !
Je ne doute pas un instant, bien que très ému, ni n’ai de cesse de me surprendre en
train d’évoquer(4)
, faire revivre Nzongo Soul, de puiser dans nos encore chauds souvenirs,
ceux-là mêmes palpitants, croustillants et marquants, vécus de concert avec lui. Comment,
hormis son œuvre de qualité, tirer mon Nzongo Soul, du trou de l’oubli ? Quelques lignes en
guise de traces ici suffisent-elles ? Comment enfin, à travers mes multiples souvenirs de lui,
en faire une figure unie et rassemblée ? Disons autrement les choses. Aujourd’hui, dans ce
pur travail certes de reconstruction, je cherche encore. J’essaie surtout de tenter de saisir et
comprendre, voire dégager ce « kima », ce je-ne-sais-quoi d’attachant, d’individualisant chez
lui, et qui faisait que – congolais parmi les congolais, mukongo parmi les siens, artiste
musicien parmi les artistes ; bref pur africain et simple humain parmi ceux-ci – Nzongo Soul,
d’entre eux tous, fut un Nzongo Soul, c’est-à-dire un être unique, particulier, singulier (« wù,
telamane, batele : ni tata Nzongo Soul ! »)
Lors du récent décès de Papa Wemba, Nzongo Soul lui-même, en guise d’adieu à
son immense et hors-norme aîné (nkulutu, yaya), lui dédia une chanson. Celle-ci encore à
l’état d’ébauche, le prétexte, là, s’y prêta pour m’inviter à sa généreuse table. Après un
copieux repas et conversation tenante, il prît sa guitare, en gratta quelques cordes, l’accorda
et s’exécuta aussitôt. Puis, les yeux humides, il revient vers moi et me demanda, à moi qui
étais non musicien, humblement mon avis. Partager sa musique avec des personnes aimées,
tel reste le rêve de tout musicien !
« Yenda eh … eh ….Yenda eh
Eh Yenda eh… eh yenda eh ! »
(5)
Pour moi, le rayonnant génie de Nzongo Soul éclate puis s’étale explicitement ici. Il
me replonge instantanément et directement dans mon enfance au village ; jaillissement d’un
univers mien onirique, ludo-magique, de surcroît quasi mythique et, ma foi, de toute part
balayé par de l’imaginaire merveilleux voire féérique. Avançons et touchons du doigt les
choses.
Rappelons et dressons la scène.
4
: Evoquer : me remémorer de lui, de son sourire, de son regard, d’un geste, de son intonation de
voix. Ex. son appel (mbila) sur scène des Hommes et Femmes : « Babakal’eh ! Bakento’ eh ! »
5
: « Vas, oui… oui…. Vas-y, oui
Vas-y, oui … oui, vas-y, oui ! »
3
Voici deux enfants fortement liés par une amitié de longue date : « kindiku kia bola.
Ba tomo zolosono, niba sakana kwau ba bole », véritables indécrottables camarades de jeux,
mais qui sont de deux villages différents, malheureusement tantôt séparés de rivière(s),
forêt(s) et tantôt parfois de cimetières(6)
. Ils se donnent alors, fréquemment à tour de rôle,
rendez-vous, dans l’un de ces villages. Ils s’y installent et se mettent enfin à s’amuser
(sakana). Ils se livrent à leurs habituels jeux favoris (mooka, tsaka, bitsamu, bimpa, ngualo,
etc) ; bref ils s’enivrent de longues, succulentes et bien tardives causeries (bimoko), jusqu’à
parfois la nuit tombante, oubliant le temps…
Au lourd et tendu moment de séparation, instant angoissant, pénible et cruel où
l’un viendrait réciproquement à manquer à l’autre, celui qui reste, gardien du village, à
défaut de reconduire son ami (ndiku) à domicile, question de l’accompagner du regard et de
la voix(7)
, dit ou plutôt chante à cet autre qui s’en va, s’éloigne :
« Eh Eh Eh yenda eeeh »
(8)
Et l’interpelé, celui qui, progressivement sur le chemin, s’éloigne, lui renvoie à son
tour le propos suivant :
« Eh Eh Eh sala eeeh »
(9)
Tandis que les deux enfants, devant la coupure, l’inconnu, en train de se dessiner et
l’affrontant, s’intiment mutuellement mouvement et courage, avouons qu’ici s’opère en deçà
de la question de la perte ou l’éloignement de l’autre, un réel travail de détachementattachement.
En tout cas, aussi futiles et anecdotiques que paraissent ces activités ludiques
infantiles, elles révèlent toutes quelque chose de bien plus profond. Pour preuve, Nzongo Soul
y a puisé son inspiration, s’en est nourri ; bref, de là, il s’en est allé plus loin, y ajoutant tout
simplement, à notre avis, une charge symbolique. Il a (re)découvert ainsi sa tradition, et quoi
d’étonnant alors qu’il y a fortement tracé et creusé son sillon.
6
: cimetière : lieu de rencontre entre vivants et morts, suscitant des peurs infantiles.
7
: Apparaissant et disparaissant jusqu’à ce que l’écho de la voix (mulolo), et la silhouette de la
personne (kintsinsia) s’anéantissent d’eux-mêmes (kota.. duka, nkàla mupepe na tee, buwu
zibakana).
8
: « Oui, oui, oui, vas-y, vas-y au loin. Prends bien soin de toi. »
9
: « Oui, oui, oui, reste. Fais bien attention à toi. »
4
Une figure s’efface et – paradoxalement à partir de ce trou, cassure faite de manque
et de trace(10)
; bref de vide dynamique – une autre émerge, étrange image revitalisée. Mieux,
la tradition africaine reconnaît à l’évidence la naissance d’un enfant comme un ancêtre qui
revient.
De ce fait, ma rencontre « bwabanu’ani » avec Nzongo Soul fut à la fois simple et des
plus extraordinaires. Au départ, deux personnes là, et bientôt plusieurs, à chaque fois se
rencontrent, circulent, échangent, fécondent et s’auto-fécondent. Il y a du gain et du lien. L’un
se nourrit de l’autre. Tôt, cette relation devait vite s’avérer – après de multiples et mutuels
défrichages de terrain, semis et germination (autofécondation) – finalement porteuse de
fruits. Pensant rencontrer un frère, je me suis trouvé un ami, un "Faustin ma ndiku". En fait,
bien au-delà également d’un musicien-artiste, d’un « kikolo kia mbazi, kissiki kia ngoma na
tsambi », je suis tombé réellement sur un vrai philosophe MuKongo à l’accoutrement
éclectique, négligemment entretenu, tignasse aux tresses rasta, apparemment rebelle à tout
passage de peigne ; bref, le visage ridé voire raviné sous le poids de ses nombreuses
interrogations ; mais l’esprit toujours vif, avec en main quelques outils et une ferme
détermination de ne jamais lâcher chemin et d’aboutir(11)
. En tout cas, dans notre
« bwabanu », parmi les mille et une merveilles, je ne sais ce qui nous liait tant ainsi ! Cette
chose, propriété-même des Ancêtres, n’était, à la vérité, pas production nous appartenant, ni
à lui, ni à moi, simples passeurs que nous étions. « Kà bia me ko, kà bia nge ko, bia ba nga ! »
aimait-il répéter. Et d’ajouter aussi : « Kia me, kia me, kia nga, kia me ko ! ». Cela en réalité
relève de notre Culte des Ancêtres « Kikulu Kieto ». La transmission, le relai ici d’évidence
s’imposent. On comprend aisément et d’emblée que notre commun terrain d’entente et de
recherche fut notre kikulu à travers la langue ou zu-dinga. Nous tenions là désormais ce lienvoie(x)(12)
, fascinante ficelle (singa) reliant deux bouts : vivant/mort, mortel/immortel,
visible/invisible.
En effet, lorsque les civilisations s’écroulent et disparaissent, ce que les sages (Mbuta
= vieux) emportent de plus précieux avec eux, bien loin du matériel, de l’argent et de tout
autre objet, c’est la langue et précisément ils enfouissent (zika) ce bien dans la profondicité
de celle-ci, mu moyo zu. A nous, êtres vivants parlants, d’aller auprès de l’ancêtre la déterrer
(zula), afin d’en égrener (songona) les mots, la direction, le sens. En effet, seuls les morts,
l’ancêtre détiennent, soutiennent la langue, en ont le secret.
Maintenant, faisons une large place au grand musicien-artiste philosophe, Nzongo
Soul. A l’instar de ses cafés musico-philosophiques qu’il aimait souvent animer, d’autres
chantiers ainsi en activité ou à peine ouverts, sont restés sans lui en état. A nous de les ouvrir
de nouveau, les prolonger ! Lui, en véritable criquet-indicateur ("Mutsongui songela nzila"), a,
10 : Pensons, si ce n’est au souvenir, à cette représentation "creux/présence" ; du moins à la
chaussure de Cendrillon cherchant son pied et finalement son prince. Bizarres épousailles !
11 : S’asseoir et être porté par sa tradition et la transmission.
12 : Zu : la langue, se dit aussi « dinga = cherche-moi », mais tu ne me trouveras pas. Ici, s’ouvre,
même en dépit de sa mise en défi, une voie, un chemin (« nzila »).
5
pour sa part, déjà débroussaillé une partie du terrain. Il a su dégager et distinguer trois sortes
de Paroles :
- La Parole parlée, discutée ou « zonza », celle-là même, sous l’arbre à palabres(13)
de la place du village, qui« zonze ou zonzika » assemble, met en tas ; bref
rassemble ce qui paraît épars, morcelé, parcellaire, émietté.
- La Parole dite chantée ou « tanga », elle, en même temps lecture du monde, en
est également son enchantement, émerveillement sur fond pédagogique. Cette
parole, par le biais des nkunga (chants), prélève et met en exergue les traits et
caractères de l’imaginaire collectif pour en camper ou dresser un portrait. Ainsi,
l’on grossira certains traits des personnages qu’on chantera sur la place
publique14
. Cette parole peut être finalement aussi adresse, appel, prière à
l’ancêtre, au Nzambi’a Mpungu (Dieu).
- La Parole dite dansée ou « kina », elle survient souvent après un lourd conflit et
débat bref à l’issue d’un laborieux commun accord, selon la règle (Làa, nibuna). Il
s’agit ici de toucher, désormais harmonie régnante par la musique, le corps de
l’ancêtre pour lui rendre son culte et l’amuser ; en quelque sorte, lui faire gligli,
ce paisible sentiment d’après démangeaison (miaka).
Pressons le pas, il se fait tard. Avançons avec Nzongo Soul et allons plus loin.
Jetons enfin une dernière fine fleur à Nzongo Soul. De sa forge, est sortie en effet son
plus beau bijou : le Wala(15)
. Ce concept se veut, dans son esprit, un pur concentré de sa
philosophie. Le Wala convoque plusieurs univers. Mais avant, désossons étymologiquement
ce mot. "Wa" signifie Ecoute ; "La" fait appel à la règle, la voie(x). Ce qui revient à dire : Ecoutes
13 : Il s’agit et c’est vital de parler, de se parler. Les gens et même les pays qui ne se parlent pas
entrent en conflit et se font la guerre.
14 : Exemples de chansons :
a - « Ehé Dio, na wa mona mwana mpelo ?
Ehé Dio, mwana mpelo wa na mweni ku Brusseaux… »
Traduction : « D’aucuns défient et cherchent à rencontrer un enfant de prêtre, curé ! – Quant à
moi, j’atteste, je témoigne, je l’ai vu de mes propres yeux à Brusseaux (Ngoma biyelo) »
(Ba Mpelo ba kuela ka ko. Boka ba ma mères ba tsie ?)
b - « Ma Lukula wa labidi nkombo (bis)
Eh nkombo ma Lukul.. (bis) »
Légende et traduction : « Pour accueillir son gendre, Madame Lukula aurait volé un cabri. Et
l’assistance de répondre en cœur, Oui, ce cabri de madame Lukula, stigmatisant ainsi le vol,
l’objet du vol, surtout de la part d’une femme. »
c - « Ehé Dio, meno bene ni bo ni bwana. Yirika ! (bis) »
Traduction : « Moi-même je serai ainsi. Fais-le bien. (S’agissant d’un décès ou d’un sort réservé
à tous, au commun des mortels.) »
15 : Wala mvula (pluie) : Rituel, lors d’une veillée funèbre ou d’un grand évènement, qui empêche,
endigue, chasse la pluie.
Wala Bwa : Rituel qui consiste, le chien s’écartant du flair ou de la piste du gibier, à le faire
revenir sur le droit chemin. On rappelle, fait revenir le chien perdu après un coup de feu, qui
signifie ratage du gibier lors de la chasse en criant : « Massu, massu, massu ! »
6
et Comprends la règle de la voix, de la parole : le "Bukieleka
(16)
", la Vérité qui est Mpemba
(blanc, lumière) et son opposé le "Bungungu(17)
", le Mensonge qui est, lui, Kala (charbon noir,
fausseté = luvunu, mapia, poya, niamba) ; d’où le Ta kala ou Ta Mpemba(18)
. Sache distinguer
en toute circonstance le vrai du faux. Alors chante-le et proclame-le : « E wala eh eh mam’ee »
( cf. sa chanson "Wala").
A l’inverse, avec le "bungungu", c’est plutôt l’interdit (mulongo, kikandu) : « ku
nsàandibo = Ne fais, n’agis pas ainsi ! » (cf. sa chanson "Ku nsàandibo"). En revanche, bien audelà
de l’écoute (WA), et si tu arrives à réaliser, concrétiser (SA) et traduire finalement en acte
(yidika) ton écoute ou ce que tu auras écouté, survient alors le WASA, c’est-à-dire le guérir.
Par ailleurs, Nzongo Soul, ne manquait pas dans sa gibecière, son nkutu, une noix de
kolas (kazu), objet initiateur certes d’échange, mais également censé procurer de l’énergie.
Lorsque manque cette énergie, le Mukongo alors jure et dit : « M’Lembo putu, wa zuka na
zuka ! ». Par son doigt qu’il n’a de cesse d’agiter, le Mukongo se morfond dans ses ratages,
ses insuccès répétés. Il y a comme là combinés, faute de kazu (kani-zu), regrets et nonmaîtrise.
Celui qui ne se voit plus en capacité de l’obtenir, c’est-à-dire le pauvre (putu), punit
paradoxalement son doigt au lieu de s’auto-punir, par ses incessants multiples « si »,
conditionnels de pure intention, parole irréalisable sans acte. Le Kazu, manquant, creuse un
trou. Et comme tout trou, l’important demeure sa bordure (ndeko), ce qui en relève et fait
encore tenir (ni kokoto) les choses : « Lauki ka badamana benga, kola ka simbidi »
(19)
, autre
horizon !
Le lien avec nos Ancêtres, racines plus qu’essentielles et vitales (midza mieto),
s’annonce Exigence et Urgence.
Don d’énergie et manifestation de la parole, lien avec l’Ancêtre, le kazu, objet rituel
tant recherché et si apprécié des vieux (binunu20) et des hommes mûrs, s’invite toujours
également dans tout rituel, cérémonie ou grand évènement d’importance. Son absence, si elle
ne relève d’immaturité, peut signifier dénuement, pauvreté, avec le zuka m’lembo du putu.
En tout cas, avec le yenda et le sala’eh, chacun paradoxalement, tout en se séparant
de l’autre, garde en soi un peu de lui. Le partant pourtant s’en va, disparait. Il voit, sous la
menace de l’éloignement, s’évider, s’anéantir son corps et sa voix dans sa marche progressive
vers l’Ancêtre, le kulu, le kikulu.
16 : loi sacrée Kongo qui ouvre sur le permis (tsamina ni pululu, ni pukudi), la lumière. Il ouvre sur le
"kimuntu", qu’il renforce.
17 : bungungu (mensonge) quant à lui appelle hors humanité, animalité, passage du "kimuntu" au
"kibulu", fausseté (busafu), l’interdit (mulongo) ; bref autant de coupure avec le bukieleka, cette
règle de Droit.
18 : Ta Mpemba, Ta kala : Expression très large qui oblige à (se) dire, (se) donner ou avoir raison ou
tort, à être dans le vrai ou le faux.
19 : Autre horizon : Si un fou accroupi défèque devant un trou, c’est qu’il tient une solide souche.
20 : Binunu : (bi) pluriel de (ki)nunu = vieux. Nuna, v. vieillir, vient de "nuni", être volant ayant maîtrisé
l’espace et l’air, tel le vieux prêt à s’envoler.
7
Désormais, lors de ce retour (Kaala21), arrivé là-bas, il a devoir de manifester et
toucher le vrai Zuka, c’est-à-dire le fondement-même de toute énergie (ningu nza), y compris
celle de la parole, la voix.
C’est vrai, Nzongo Soul est vivant ! Il vient toujours nous parler et nous dire :
« Buyelele (courage) !
Yeela bo yela22 ».
Nous voyons comment du simple jeu d’enfants se révèle une vérité immuable
contenue dans la tradition et que Nzongo Soul a magnifiée en chanson. Cette vérité, à notre
sens, est aussi bien rite d’alliance/séparation que rite funéraire. Depuis toujours (tuka muna
tuka), le yenda et le sala, lient deux parties, qui se donnent mission et obligation. Tant pour
celui qui s’en va que pour celui qui reste, de sa place qu’il occupe désormais, il y a des choses
à faire pour que les choses se remettent à circuler.
Grâce à Nzongo Soul, nous pouvons à présent un peu mieux lire notre tradition.
Dr Denis SAMBA dia Maloumba Mpombo
21 : kaala : suivre le mouvement vers la source de l’énergie, le "ka".
22 : « Courage ! Essaie afin de grandir. ». Propos qui s’adresse à celui qui reste, gardien du village pour
"yela" après moult apprentissages "Mayela". C’est en forgeant qu’on devient forgeron.
SENS ET TRADITION DANS
"LA MEDECINE KOÔNGO" DU PERE ADOLPHE TSIAKAKA
Le
père Adolphe TSIAKAKA est auteur de nombreux ouvrages sur les KOÔNGO qui lui
confèrent incontestablement la qualité d'un éminent Koôngologue.
Durant
l'année 2008, l'abbé TSIAKAKA a eu à publier d'immenses et remarquables travaux
portant sur la " MEDECINE KOÔNGO". Un ouvrage de 312 pages de portée
considérable publié aux Editions Du Signe.
De
par son contenu, l'ouvrage du père TSIAKAKA est sans doute l'un des meilleurs
regardsméticuleusement analytiques
qu'on ait eu à porter sur la médecine traditionnelle KOÔNGO.
Mais
pourquoi un tel ouvrage ?
Le
père TSIAKAKA nous en donne d'emblée les raisons de son édification. Ainsi au
tout début de son propos, il clarifie l'intérêt que suscite l'élaboration d'un
tel ouvrage.
A
ce propos, l'auteur relève avec beaucoup de modestie que si on parle de
médecine chinoise, indienne, tibétaine, etc...pourquoi ne parlerait-on pas de
médecine africaine?La médécine KOÔNGO
est liée à l'ensemble des représentations de l'homme, à son mode de vie, à son
organisation relative à la maladie en même temps qu'à ses causes, etc. Tous ces
éléments entrent, observe-t-il, dans la charpente de cette médecine qui est une
manière de répondre à un problème, celui de la vie d'une communauté. ( Abbé
Adolphe TSIAKAKA in " La Médecine Koôngo" 2008 Editions Du Signe
P.18.)
Ainsi,
les motivations de l'abbé dans l'élaboration de ce travail est de comprendre
l'Homme KOÔNGO dans son environnement le plus ambiant et au-delà l'Homme
Africain dans sa conception originelle de la vie qui, par conséquent a une
incidence sur son mode de fonctionnement social ou communautaire.
C'est
l'aspiration peut-on dire à une vie d'ordre, de tranquillité et de paix que le
Koôngologue abbé TSIAKAKA exprime avec justesse tout au long de son propos.
Avec
cette approche la médécine chez les KOÔNGO, comme chez les autres peuples
d'Afrique repose, note avec perspicacité le père TSIAKAKA, sur une conception
de l'homme, de ses rapports avec les autres, avec l'univers et les ancêtres.
Tout se tient dans cette médecine, le monde humain et le monde des ancêtres, le
profane et le religieux. Pour les KOÔNGO, ces " différentes sphères se
mêlent et s'enchevêtrent, s'enveloppent et se prolongent, comme dans ces forêts
les arbres et les lianes, l'ombre et la lumière, le silence et le bruit. Elle
est, conclut-il, une " partie intégrante de la culture, des
représentations, des systèmes de valeurs qui fondent l'existence et lui donnent
un sens ( Abbé TSIAKAKA in " Médecine Koôngo P.12.).
Sans
pour autant avoir un quelconque mépris sur la médécine moderne ou dite
scientifique, le Koôngoloque abbé TSIAKAKA nous fait plonger dans l'univers de
la TRADITION. Cette TRADITION qui peut être une source d'enrichissement pour le
renouvellement de l'être à propos de son équilibre tant physique que spirituel.
Pour ce faire, l'auteur relève avant tout que:
"
Dans sa portée étymlogique, tradition dérive du latin traditio, acte de
transmettre, et vient du verbe tradere, faire passer à un autre, livrer,
remettre. En léguant ce qu'elle sait, une communauté se "recrée"
elle-même et "fait être de nouveau" ce qu'elle a été comme ce qu'elle
veut être. Elle intervient dans le façonnage du présent, elle contribue à la
réalisation " des nouvelles
combinatoires" et culturelles." (Abbé TSIAKAKA P.20)
Dans
le même ordre d'idées le Koôngologue abbé TSIAKAKA relève que " La
tradition traduit donc une vitalité créatrice. Elle est le lieu où les données
sociales, religieuses, culturelles, politiques et économiques du passé
s'innovent dans le présent, et le présent dans le futur. (Abbé TSIAKAKA
ibidem).
En
nous faisant plonger dans l'univers de la tradition KOÔNGO, l'abbé TSIAKAKA
apportepar ailleurs, une lueur sur ce
qu'il convient d'entendre par le mot NGAANGA. Les détenteurs du savoir
thérapeutique, dans la société Koôngo, sont, écrit-il, désignés par le terme
générique de ngàanga. Ce terme peut être rapproché du verbe gàanga,
ajuster, arranger. De ce verbe ressort l'idée, dans le contexte de la médécine
Koongo, d'une personne qui participe à l'amélioration d'un état.( Abbé TSIAKAKA
P.132).
Mais
à l'effet d'éviter une quelconque confusion sur le terme ngàanga, le
père TSIAKAKA précise toutefois qu'il recouvre une multiplicité de réalités et
désigne plusieurs types de praticiens aux spécialités très diverses, comme on
parlerait, en général, de médecins, alors que chaque médecin, excepté les
généralistes, a un nom particulier liè à sa spécialité.
Dans
la société Koôngo, il y a, ajoute le père TSIAKAKA, une diversité de
thérapeutes. Chacun est désigné par le terme générique, ngàanga, auquel
on juxtapose le nom de la maladie qu'il soigne ou son savoir-faire. Ce
complément au nom du thérapeute marque la spécialité de la personne. Ainsi, les
premiers de tous sont les thérapeutes spécialistes du diagnostic, ngàanga-ngombo
et le ngàanga-mpiatu, puis viennent tous les thérapeutes spécialistes
des diverses maladies Abbé TSIAKAKA P.135).
Ceci dit, la
définition du NGAANGA comme étant un féticheur détenteur à ce titre d'un
pouvoir magique (c'est-à-dire des fétiches)est inexacte par rapport à celle qu'en donne le père TSIAKAKA.
Ainsi en
partant de l'étude remarquable du père TSIAKAKA, le NGAANGA apparaît
justement comme un fin connaisseur des vertus des plantes ou des végétaux voire
de la nature qu'il met à la disposition des hommes pour leur bien être tant
physique que spirituel.
Bel
ouvrage tant dans la documentation que dans la connaissance de cette médecine
KOÔNGO qu'il convient de lire. Il est un rappel de cette médecine qu'on ne
saurait ignorer compte tenu de ses bienfaits dans la lutte de certaines
maladies.
Cependant,
le père TSIAKAKA reste un Koôngologue particulièrement réservé qui n'entend
guère faire de la médecine KOÔNGO une vérité absolue. Bien au contraire, son
proposdemeure raisonnablement
constructif. La médecine KOÔNGO ne saurait, écrit-il, remplacer la médecine
moderne. Sans contester les nombreux avantages de la médecine moderne (examens
de laboratoire, des rayons X, etc.) et des rapports thérapeutiques ayant fait
leurs preuves (antibiotiques, vaccins, chimiothérapies, chirurgie, sulfamides,
antimalariques, etc.) la médecine KOÔNGO, en réponse au problème de l'humanisation
de la médecine moderne, est toutefois d'après l'éminent Koôngologue une
source d'innovation thérapeutique moderne.
"Ne vis pas pour que ta présence se remarque, mais que ton absence se ressente" (dixit BOB Marley). La grande Ecole de la vie est l'humilité (de l'humus, humanis d'où vient l'humain et tous les êtres).Ses classes sont souvent vides, car les mortels préfèrent la visibilité à l'enfouissement. La fécondité exaltante vient de l'effacement, comme dans l'oeuvre de la sève. Le Kueiste préférera l’efficacité dans l'effacement, comme François d'Assise qui clamait: "Faire le bien et disparaître"!
THAUKO.COM Un Monde-Juste Humain
La Force est toujours du côté de la raison et non de la passion morbide. Pour comprendre l'Autre, il faut le connaître et pour le connaître, il faut le comprendre ! (Théorème KUEISTE)
"La beauté est splendeur du vrai", selon Platon, mais "Tout ce brille n'est point or", dixit la sagesse populaire !
Le monde cosmétique qui s'offre à nous serait-il émanation de la beauté qui refléterait le beau ? Hélas, le mérite de cette question nous envoi explorer le mirage que nous fait miroiter la société de consommation et des plaisirs faciles, loin de l'éthique.
L'engouement à l'esthétique, parfois passant par des procédés peu recommandables devient envoûtement, car qui ne souhaiterait être beau, belle ? qui se plairait à être moche et méprisable ? La culture véhiculée par les réseaux sociaux est plutôt tendance exhibitionniste "On est le plus beau, la plus belle, celui qui sait tout, qui connait mieux que les autres, etc." Chacun y va de son direct et de sa verve de "Partagez, partagez la vidéo, partagez..." comme s'il s'agirait de partager à l'humanité de la dernière trouvaille de son ultime salut !
Beaux et rutilants, tout aussi éloquents qu'arrogants, nos illusionnistes excellent dans l'art de la de la fascination et de la séduction qu'aucun gueux ne saurait leur résister. Ils recrutent, ils embauchent, ils embobinent, s'ils n'en faisaient des des adeptes radicaux et extrémistes, pour répandre leur poison enrobé de semi-vérités couvrant en réalité des mensonges entiers. Surtout, n'osez pas les contredire sinon vous aurez droit à un "partagez la vidéo, partagez la vidéo !"
Affligeant spectacle que cette cosmétique déguisée en beauté resplendissante de splendeur du faux vrai. Tout y passe et tous y passent si vous ne partagez leurs opinions; encore pire que si vous osiez vous y opposer ou partager des vidéos contraire à leur vision des choses. Triste monde de la résurgence des intolérances de tout acabit. La beauté de ce qui parait n'est plus splendeur du vrai mais révélation de laideur insoupçonnée.
Que de surprises n'a t-on pas eu de suivre du vent qui s'est présenté en apparence d'amis, de leader ou de compagnon de la cause commune qui, avec l'usure du temps a fini par nous désabuser ? L'autre a dit "C'est par l'amour que vous les reconnaîtrez vrais et non par leurs discours". Leur beauté se mue en masque de laideur et d'horreur. Nous aurions mieux fait de nous laisser fasciner et conquérir par leur bonté plutôt que par leur beauté cosmétique ; car le vrai "Vrai" est "invisible pour les yeux" (expression de Antoine de St Exupery).
"La beauté splendeur du vrai" serait sûrement dans l'innocence ou dans l'enfouissement plutôt que dans l'exaltation glorieuse de se laisser désirer !
Qui nous donnera les yeux du cœur et la capacité de la raison pour blâmer nos instincts et nous apprendre à dissocier "la beauté splendeur du vrai" (authentique) de la beauté cosmétique (superficielle) esthétique éphémère d'amer regrets !
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« Wa buaka makolo ni nguadi » ( Ladi / Sundi facile)
Kiena kingana kia ba mbuta. Mu ntangu yi ndjedi mu nzo
mikanda ya ntete kuna KINKALA, taata Bouende wedi tu longesa ka. Lumbu kimosi,
ni bu ka tu telele kimpa eki :
« Kuna sangi
dia muntota kuedi ba nuni na bibulu bia mpila na mpila. Lumbu kimosi, ya
Nguadi, ntsatu ya mu zangatasa, ni ka yenda muna ndeko sese mu kue dinga bia kuba ha
fuundu(bia dia). Bu ka pulumukini,
mueni bah diedi na kiazi kia ngazi za buaka, za toma fuomba.
Bu ka yeela mu
tuula kuna ntsongi bah, kedia lenda ko. Pulumuka ha zulu pulumuka, na kani
leenda. Ni mu bungu dio ka yele teela Ma Nkusu, ngatu bo, yandi zebi tomo
pulumuka – kuendaka mala, ka tudi hana he kiazi kia ngazi za buaka. Ma Nkusu ni
bu ka sa bonga nkutu mu lubanzi, ba boole ni bu ba pulumukini na puku-puku teee
kuna kisanga.
Ya Nguadi bu ka
songele bah, ni bu ka potalala kuandi hana taku dia bah, mu keela ti ma Nkusu
ka mu tubila mbutu za mbuaki (Ngazi). Ma Nkusu bu ka mueni bo, « didi nzulu
bo siidi » !, ni bu ka fuantamana kiazi, ni bu ka dia, ni bu ka dia,
ni bu ka dia. Ya Nguadi ka keela, ka keela, ka keela eh ! Na kani kima. Bu
ka pulumukini, mweni ti Ma Nkusu (kiaku) na ngazi zandi kedi ku ki dita (kedi
dia). Ya Nguadi bunsana bu mu bakidi ni bu ka teele ti : « Ha
mpuanani, mbanzulu za ndjambu za ku mpfinkidi ku bula buaku, ngatu bo tua
kabana bio bi bahuka, ka nge bu mweni bia dia, kindiku ka kisidi a kwoko ?
Ambe kia baka muntu kia vukila muuntu mpuanani ! nge bionso bieka ni
kifuundu kiaku kua weka banzila ? Ku ntubila ngazi, bu kooka , mbo tua
yidika bi kunku, mbo ta kabana !
Ma Nkusu buuna bu
ka fuantamane kiazi kia ngazi, ni bu ka didi kimpfiku ; ni bu kadia, ni bu
ka dia , ni bu ka dia. Bumbabu bua Nkusu ni bu bua fuemese ya Nguadi. Ya Nguadi
nika vutululu mu zonzela
ti : « Eka nge dio nkia wa ? Mpuanaku ku songele mbuka ya
bakila bi dia weka kihulu kiaku ? Ma Nkusu bu ka widi bo ti maama !
ho nkatika bendo, nkesi mpe zi mu bakidi ni bu ka mu vutudidi ti : « Ku zebi
ako ti kisadi ni kidie ? Ni mikakala mia ngazi ka mu windidi. Ho nkati
bendo, Ya Nguadi, makolo ma mu bueki, mu bungu dia mafuta ma ngazi ma mu
namatana.
Nguadi bu ka mueni
ti mitanga miandi mi sobele langi, tomono vutu fuema. Ni bu ka zunguluka mu
kiyingu-yingu, ni bu ka zunguluka, ni bu ka zunguluka. Kiyi na lumungi bi mu
bakidi ho nkati bendo totele mikakala mia nkandi, ni bu ka zukumuna mio kuna
zulu bah kua menzamane ma Nkusu. Ho nkati bendo, kikoto kia nkusu ni bu kia
fumbama. Ma Nkusu ni ka kulumukini ku na zulu bah. Ba boole ngua-nguaku yi
buidi, zeka ni ntsindu, mpaka zi tulumukini, mpfunda ku muangana, ntsala ku
pulumuka hedi ditukila ntsindu. Ko ntsia mpfunda ko, Dintumbu wedi yooka
kuandi, ni bu ka kangamane mu ku bahambula. Ka, Ma Nkusu timina dia mu yooka
kua, ni bu ka mu windidi kikoto.Ho
nkati bendo, Dintumbu luketo lu mu fiotokene, tabukidi ngambu !Ya Nguadi na Ma Nkusu, mpaka ni bu za
pfuka ; mpasi-mpasi ! Nani ku ba kakula hein !
Ya Ntsongi wedi
yimbilaka mkunga’andi hana zulu lundala, bu ka mueni ntsindu yedi yatuka hana taku dia bah, ni bu ka
kulumukini mu kuizi ku ba kakula ; bungu ti « ha nwana boole, wa
ba tatu ni kikakudi ». Ma Nkusu ni bu ka mu kanikini ti : « Ni
nge kua yeelele mu finka hawuha, mbo tomo zaaba ! Mbo lambalala kiana eti
Dintumbu di fiotokene luketo ». Ya Ntsongi bu ka mueni bo teele ti :
« katuka mbadi, nkia na nimbuka kuani », ni nitu’andi ka bendele,
vutulu pulumuka kuandi hana zulu lundala. Ni bu ka bulana, ni bu ka
kwaya ; Kuaya kua yooka kua, kikoto ni bu kiedi kue lalumuki kua mu bungu
dia lukuayi !
*Ni mu bungu
dio, ya Ntsongi ka lalumuka kikoto
* Ni mu bungu
dio, matumbu me na luketo lua fiotoka
* Ni mu bungu
dio, ma Nkusu ka fumbama kikoto, kiangu mpe ke na ntsimu
* Ni bungu
dio, Ya Nguadi ka buaka makolo.
Bo bu tu ta ti : « Wa buaka makolo ni
nguadi », diena diambu dia di néné !
S'il était facile de définir la vie, c'est depuis l'angle mort de la mort que nous aurions su l'apprécier, car subtile. La vie est ce sur quoi les pères de différentes écoles de pensées ont tant spéculé. Elle aura été toute leur passion, car sans elle, quel concept aurait pu être établi ? Tout part de la vie, tout est dans la vie et tout se reçoit par la vie. Cependant, la vie n'est pas si facile à appréhender, à saisir, à comprendre. C'est pour cette raison que chacun ira de sa définition sur la question.
Avoir compris quelque chose de la vie rend heureux et ce bonheur,"Fin parfaite et souverain Bien", fruit d'illumination ne saurait être ternis par les impondérables existentiels, tant la vie les aura déjà bien assimilé. Ainsi, le philosophe sera toujours serein, joyeux et flegmatique à jamais; puis que le philosophe n'est pas un titre à revendiquer mais un état d'Etre à prouver, par ses œuvres, à travers le témoignage harmonieux et unifié de son Etre: Constance-Cohérence aux principes adoptés.
Ceux qui se sont approché de son acception en déduise qu'elle serait le souverain bien dont il faudrait user avec modération. Elle ne sera jamais absence de troubles ni morales ni physiques car celles-ci la constituent. Ainsi Sextus Empircus s'exclama: "Homo suum, nihil alienum mea puto" (Homme je suis et rien de ce qui est humain ne m'est étranger).
Tout Homme exercé au jugement et au discernement ne peut que rire de le vie, non qu'elle soit drôle, mais parce qu'en ayant saisit le sens, plus rien ne déstabiliserait sa quiétude, sa paix intérieure désormais affranchis des soubresauts extérieurs.
Le ridicule et l'absurde loin d'être méprisés donnent à rire à la sagesse qui sait les composantes de tous les mots. La compréhension de la vie seule permet de rire avec la vie dans sa complexité globale.
Lorsqu'on a compris la vie, on peut en rire vraiment, si on est en situation d'équilibre psychique, puis que la vie révélée aura livré ses mystères ! On ne s'offusque que de ce qui nous embarrasse, de ce qui nous est étranger; voilà pourquoi" Philosophus semper est laetus" (le philosophe est toujours joyeux). Cette joie que Spinoza définit en tant que "passage de l'Homme d'une moindre à une plus grande perfection" (Cf. Ethique, 3e partie, définitions 2. in Œuvres de Spinoza, t.3, p.197, éd. Garnier-Flamarion).
Il n'y a plus qu'à prendre des fermes résolutions pour demeurer joyeux à tout jamais !
Partout où se porte le regard de Theo, il ne voit que morceaux, pièces, lambeaux d'un monde qui se déconstruit. Car en effet, cette pensée unique du monde global qui veut nous faire croire que d'un bout à l'autre de la planète les hommes auraient les mêmes aspirations et les mêmes satisfactions est un leurre...
A travers des textes de réflexion et des pensées constructives, puissions-nous recoller les Nzenga (débris) d'un monde qui ne cesse de s'effriter, par manque de considération et de respect à l'altérité. La dignité humaine est notre passion et le devoir de se souvenir pour transmettre, notre préoccupation: "Nsimu ni mayela", les repères facilitent l'acquisition de la science !