"Ntu buzitu, Mpu buzitu"
Les anciens étaient quasiment vénéré dans nos sociétés traditionnelles africaines, parce qu'ils faisaient en quelque sorte la jonction entre les Nkaaka (les ancêtres) et les plus jeunes. Ils étaient la mémoire vivante du clan et de la société. Ils étaient maîtres et initiateurs des cadets qui devaient prendre exemple sur eux. Ils pourvoyaient aux besoins des cadets et de toute la famille, le cas échéant, auprès de leurs pères. Ils savaient prévoir pour le lendemain, car "wa dia pari, mayela nkokela" (il fallait prévoir la veille au soir ce qui devait se mettre sous la dent le lendemain matin). Le monde changeant, nos aînés se sont vu certainement contraint de suivre les mutations qui s'opéraient dans la société, les villages disparaissant avec leur patrimoine immatériel. Devenus tous des citadins par la force des choses, les repères de notre civilisation traditionnelle ont lâchés du lest pour se conformer au dictât de la société de consommation qui impose certains impératifs.
Ballottés entre l’hypothétique tradition et l'imposante modernité, beaucoup de nos aînés plus en vue (les fameuses élites) y ont perdu pied. Vacillant désormais entre les retombées de mai 1968 qui prônait la liberté des mœurs (interdit d’interdire) et l'antique tradition qui fit des interdits (biina) le leitmotiv de son socle (kikulu). Partagés entre deux mondes qui s'opposaient et dont l'affrontement idéologique était prévisible, nos makalaka (intellectuels) sortis du soleil des indépendances ont eu peut-être maille à partir dans ce choc de civilisations qui les opposait désormais entre d'où ils venaient - où ils devaient partir et qui étaient-ils devenu ? Des pionniers d'un ère nouveau qui devaient concilier le monde "ancien" et le nouveau monde qu'ils étaient sensé incarner dans l'épineuse problématique du conflit des générations ! L'équilibre n'était pas facile sans doute, avec le mirage du mode de vie occidental qui offrait plus de facilités et d'aisance. Était-ce pour autant la voie royale de l'épanouissement du muntu ? La vie à l'occidentale a ses postulats qui ne sont pas toujours conciliables et compatibles à notre mode de vie Bantu. Ainsi vint l'enlisement des mœurs, la corruption de nos coutumes et l'importation d'une culture qu'ils n'ont pas toujours su conjuguer aux principes adéquats de la culture autochtone ("kooko maaji, kooko mungua").
Mukulu ntu (l'aîné, l'ancien, la tête bien faite) fut celui qui affronta l’hostilité de la nature en premier, autrement dit: " wo toko diata kinienia". A ce sujet, je vous recommande la lecture des pages 195-210 de KINTUADI-Mayela. Le nkulu ntu, yaaya (l'aîné) est donc expérimenté et fin connaisseur. A ce titre, les cadets lui doivent respect et considération (buzitu na tumamana). Un aîné qui ne se ferait pas respecter par ses cadets perdrait non seulement de sa notoriété, mais il deviendrait aussi l'objet de moqueries de tout le village. Ainsi , un édifiant proverbe nous enseigne à ce sujet: " Ntu buzitu-Mpu buzitu": Ntu et Mpu symbolisent la tête, la couronne, l'excellence, jamais la médiocrité, l'ignorance... l'aîné était quasiment cet "infaillible" de la société traditionnelle, dégourdi, débrouillard, conquérant. La tête ne mériterait respect et honneur que dans la mesure où elle honorerait la couronne qu'elle porte; en d'autre terme: le respect est réciproque !
Avec les déviances constatées dans nos sociétés contemporaines et congolaises en particulier: " Le sel, s'il venait à perdre sa saveur, avec quoi la lui rendra t-on ? (Mt 5, 13). Nos aînés ont droit à la compréhension et à la compassion de leurs cadets, dans la mesure où ceux-ci feraient amende honorable de donner à leurs cadets le gage d'un avenir assuré et apaisé, en leur léguant une société où règne la justice sociale, un Etat de droit qui garantisse des possibilités à chacun selon ses mérites de s'épanouir en humanité, par une vie digne (1 travail, 1 toit; 1 famille). Autrement, ne soyons pas surpris de cette tornade d'irrévérences qui s'abat sur les anciens, des manques de respect et de considération qui pleuvent abondamment sur les réseaux sociaux. Sans vouloir justifier des attitudes, des paroles aussi malveillantes et blessant la décence: le mal étant fait, ce n'est pas à celui qui regarde qu'il faudrait infliger un châtiment, mais à celui qui se dénude à la place publique "Wo tama bandamana yandi ka mone nsoni, ngana wo weti tala ni yandi neti mambu" ?
Cohérence - Justice - Exemplarité !
THAUKO.COM
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire